Depuis deux ans, Trump beuglait chaque jour la même rengaine. «No collusion... Witch hunt... Hoax». L’enquête Mueller lui donne raison. En partie. Il n’était pas impliqué dans des tractations secrètes avec les Russes pour influencer l’élection en sa faveur. Pour une fois dans sa vie, il n’a pas menti. Par contre, le procureur spécial Mueller n’a pas voulu l’exonérer de diverses tentatives d’entrave à la justice. En rapport avec l’enquête Mueller, mais aussi avec celle sur son conseiller à la sécurité nationale, le général Michal Flynn. Et aussi celle concernant son achat du silence des deux femmes avec qui il a eu des relations sexuelles.
Pourquoi Mueller n’a-t-il pu se décider d’accuser Trump d’entrave à la justice ? On le saura peut-être si les démocrates réussissent à obtenir la publication intégrale de son rapport.
L’enquête Mueller n’était ni une chasse aux sorcières ni un canular. Des dizaines de Russes ont été formellement accusés d’avoir participé à des cyber-opérations en faveur de Trump durant la campagne présidentielle. Six membres de son entourage ont été accusés et certains ont déjà plaidé coupables de divers crimes devant les tribunaux.
Et Trump continue manifestement de dissimuler des choses sur la nature exacte de ses relations avec Vladimir Poutine et la Russie. Si Trump est vraiment innocent, pourquoi a-t-il depuis deux ans eu recours à tant de manœuvres pour tenter de contrecarrer l’enquête Mueller jusqu’à envisager à plusieurs reprises de la fermer? S’il était totalement innocent pourquoi agissait-il comme un coupable qui craignait de se faire prendre?
Quoi qu’il en soit, le fait qu’il soit exonéré de toute conspiration avec les Russes est pour lui une immense victoire qui va confirmer ses partisans dans leur attachement à leur leader bien-aimé et dans leur haine des démocrates et des médias. Sa popularité dans les sondages et son arrogance vaniteuse vont s’accroitre en conséquence. Surtout, ça va confirmer Trump dans son intime conviction mégalomane qu’en tant que chef suprême, il est le seul capable de ramener l’Amérique vers la grandeur, sa destinée manifeste. Make America Great Again!
Sa quête du pouvoir personnel absolu va s’amplifier excitant les ardeurs et les attentes des quelque 60 millions d’Américains, surtout des blancs sous-éduqués des états du midwest et du sud qui lui vouent une admiration aussi inconditionnelle et inébranlable.
Nous allons vers de nouveaux abus de pouvoir de sa part avec le soutien enthousiaste de ses partisans. Manifestations récentes de ses tendances autoritaires et dictatoriales : Trump décide de dépenser des milliards pour son fameux «mur mexicain» dont le financement a été refusé par le Congrès.
Il a aussi annulé les sanctions que son propre département du commerce venait d’annoncer contre la Corée du Nord et son ami Kim Jong-un.
Le monde a vécu dans les années 30, la montée du genre de populisme qui s’instaure actuellement aux États-Unis, attisé par des individus sans vergogne. Utiliser la démocratie pour instaurer la dictature, c’est ce qu’ont fait Hitler et Mussolini. Comme eux, Trump est passé maître dans l’utilisation de l’intimidation, de l'agressivité, des rassemblements de masse, de la répétition à l’infini de slogans accrocheurs et creux, pour manipuler les masses populaires.
Une période très dangereuse de l’histoire des États-Unis s’ouvre. Les conséquences politiques du rapport Mueller sont encore difficiles à apprécier, mais elles risquent d’être extrêmement négatives pour la démocratie américaine. La polarisation politique du pays est telle qu’il y a de quoi être inquiet.
Les recherches de Gérald Bull
Dans le dernier épisode la deuxième saison du balado Normand Lester raconte, nous suivons Gérald Bull dans ses recherches sur l’histoire de l’artillerie et celle des supercanons qui l’ont amené à développer le sien, ici, à Highwater en Estrie. De la fameuse mal nommée « Grosse Bertha » qui a servi au Kaiser Guillaume II pour bombarder Paris en 1918 d’une distance de plus de 120km au V-3 avec lequel Hitler voulait pilonner Londres à partir de la forteresse de Mimoyecques près Calais.
Le génie de la balistique au XXe siècle a consacré sa vie à prouver que le canon géant n'était pas désuet. En lançant l'artillerie dans une nouvelle direction avec son « Canon de l'Apocalypse », Gerald Bull a donné à l'art du canonnier sa forme ultime. Et aujourd'hui, à l’ère des missiles et des autres armes de haute technologie, le Pentagone relance ses études sur les canons géants.
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