Trudeau qui braille

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La politique lacrymale manque de dignité

On le sait, Justin Trudeau aime pleurer en public. Ou plus exactement, il aime se mettre en scène en train de brailler, comme s’il ouvrait ainsi le fond de son âme à la planète entière qui a pour lui un regard enamouré.


Ce professeur d’art dramatique au nom de famille célèbre devenu premier ministre à cause d’un concours de circonstances confond souvent la vie publique avec une pièce de théâtre.


Larmes


C’est peut-être pour ça aussi qu’il aime tant se déguiser dès qu’on lui en donne l’occasion. Il parade, il étale ses émotions, il n’en finit plus d’être ému. Un peu plus et il finira par se noyer dans ses larmes.



C’est la stratégie du marketing lacrymal. On veut nous faire croire qu’elle annonce le triomphe de l’authenticité et des sentiments vrais, alors qu’elle favorise seulement un exhibitionnisme moral infantilisant.



C’est à une telle séance que Justin Trudeau nous a conviés cette semaine en adressant ses excuses historiques aux homosexuels victimes de mauvais traitements de la part du gouvernement fédéral. Il ne s’agit pas de remettre en question le bien-fondé de ces excuses.


S’il ne faut pas diaboliser le passé, il ne faut pas le sacraliser non plus. De temps en temps, une société peut avoir à faire la paix avec son passé. On s’inquiétera toutefois de la généralisation de ces excuses, comme si chaque groupe en vient à réclamer les siennes.


Excuses


« On s’excuse à moi, donc je suis » : telle est l’étrange devise de notre temps.


Peu de chance, cela dit, qu’on s’excuse aux Québécois pour l’assimilation des francophones hors Québec, pour l’occupation militaire lors de la crise d’Octobre ou pour le coup de force constitutionnel de 1982.


Une chose est certaine, toutefois : pour que ces excuses ne deviennent pas carnavalesques, elles devraient s’accompagner de la plus grande sobriété. C’est justement ce dont n’est pas capable Justin-la-larme.