INDÉPENDANCE DU QUÉBEC 337

Trouver LA solution

Ne perdez pas votre temps à parler de séparation, vivez une nouvelle annexion !

Chronique de Bruno Deshaies


 « J’ai dit que l’avenir du Québec ne se jouait pas
au cours d’une élection fédérale. Les Québécois n’ont pas voté
pour la souveraineté, mais ils ont voté pour leur parti souverainiste… »
« Le Québec nous a donné une sixième majorité consécutive !
C’est cinq fois plus de circonscriptions que M. Harper
et c’est le deux tiers des députés du Québec. Mission accomplie ! »

(14 octobre 2008. Allocution de Gilles Duceppe le soir de l’élection.)
***
Quand on est dans le régime et qu’en plus on en vit, cette déclaration est tout à fait de mise. Rien à redire. On peut même crier victoire : « Nous avons atteint notre objectif ce soir. Sans le Bloc québécois, Stephen Harper formerait un gouvernement majoritaire. » (Duceppe dixit.) Réclamer après cela la collaboration non partisane des autres partis, c’est probablement se mettre le doigt dans l’œil. La boucle est bouclée ! Or qu’est-ce que le Québec peut attendre par la suite du Canada-Anglais sinon le coup de pied de l’âne !
Que monsieur Gilles Duceppe le veuille ou non, il doit se rendre à l’évidence que la lutte nationale qui porte sur l’indépendance du Québec ne peut être occultée parce qu’il s’agissait d’une élection fédérale. Dans son optique fédéraliste, le Canada-Anglais veut à n’importe quel prix conserver son rôle de pouvoir fédérant. La question est de savoir comment le pouvoir fédéré parviendra à transformer substantiellement cet état de fait. Nous ne le savons pas.
À défaut de savoir ce que les partis souverainistes ont en tête véritablement, nous croyons qu’on pourrait discuter du point de vue d’un citoyen au Québec qui croit avoir trouvé la solution. Ce qui nous ramène à notre chronique de la semaine dernière.

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Bruno Deshaies209 articles

  • 300 945

BRUNO DESHAIES est né à Montréal. Il est marié et père de trois enfants. Il a demeuré à Québec de nombreuses années, puis il est revenu à Montréal en 2002. Il continue à publier sa chronique sur le site Internet Vigile.net. Il est un spécialiste de la pensée de Maurice Séguin. Vous trouverez son cours sur Les Normes (1961-1962) à l’adresse Internet qui suit : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-1-20 (N. B. Exceptionnellement, la numéro 5 est à l’adresse suivante : http://www.vigile.net/Les-Normes-en-histoire, la16 à l’adresse qui suit : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-15-20,18580 ) et les quatre chroniques supplémentaires : 21 : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique 22 : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique,19364 23 : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique,19509 24 et fin http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-Chronique,19636 ainsi que son Histoire des deux Canadas (1961-62) : Le PREMIER CANADA http://www.vigile.net/Le-premier-Canada-1-5 et le DEUXIÈME CANADA : http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-1-29 et un supplément http://www.vigile.net/Le-Canada-actuel-30

REM. : Pour toutes les chroniques numérotées mentionnées supra ainsi : 1-20, 1-5 et 1-29, il suffit de modifier le chiffre 1 par un autre chiffre, par ex. 2, 3, 4, pour qu’elles deviennent 2-20 ou 3-5 ou 4-29, etc. selon le nombre de chroniques jusqu’à la limite de chaque série. Il est obligatoire d’effectuer le changement directement sur l’adresse qui se trouve dans la fenêtre où l’hyperlien apparaît dans l’Internet. Par exemple : http://www.vigile.net/Les-normes-en-histoire-1-20 Vous devez vous rendre d’abord à la première adresse dans l’Internet (1-20). Ensuite, dans la fenêtre d’adresse Internet, vous modifier directement le chiffre pour accéder à une autre chronique, ainsi http://www.vigile.net/Le-deuxieme-Canada-10-29 La chronique devient (10-29).

Vous pouvez aussi consulter une série de chroniques consacrée à l’enseignement de l’histoire au Québec. Il suffit de se rendre à l’INDEX 1999 à 2004 : http://www.archives.vigile.net/ds-deshaies/index2.html Voir dans liste les chroniques numérotées 90, 128, 130, 155, 158, 160, 176 à 188, 191, 192 et « Le passé devient notre présent » sur la page d’appel de l’INDEX des chroniques de Bruno Deshaies (col. de gauche).

Finalement, il y a une série intitulée « POSITION ». Voir les chroniques numérotées 101, 104, 108 À 111, 119, 132 à 135, 152, 154, 159, 161, 163, 166 et 167.





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10 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    18 octobre 2008

    @ M. Bousquet
    Oui... un jour, quand, à force d'écrire, à force donc de pratiquer l'art d'écrire, à force de cent fois, mil fois, remettre sur le métier mon ouvrage, je parviendrai à être bref, concis, percutant. Pour le moment je ne sais que d'abord, tenter de déposer quelque part, dans l'écrit, ce que je parviens à saisir de ce que je pense. J'y travaille donc. Je ne cherche pas à être accessible. Que je sois compris de quelques personne me suffit. Un jour... peut-être parviendrai-je à faire mieux.
    Vous dites :
    « Ce n’est pas une confédération qui s’en transformée en fédération. Ça n’a jamais été une confédération parce que les provinces "territoires conquis" n’ont jamais été souveraines depuis 1867. Elles étaient soumises au pouvoir central qui peut encore invalider ses lois. »
    Vous avez parfaitement raison, j'aurais dû écrire, la « dite » confédération.
    Vous dites après m'avoir cité :
    « Contrairement à ceux qui pensent qu’il suffit de produire ce qui pourrait les convaincre. Je prétends qu’ils sont déjà convaincus ».
    Vous répondez :
    « Il y a entre 50 et 60 % de Québécois qui veulent encore que le Québec demeure une Province dans le Canada avec quelques aménagements...plus ou moins. Ce groupe là va être très difficile à convaincre d’en sortir. »
    Je persiste et signe... Je pense au contraire, que 55 à 70% des Québécois, veulent un État émanant du peuple souverain du Québec, veulent l'État souverain du peuple souverain du Québec. Ils le veulent, mais ne peuvent pas le créer. Parce que le Canada se braque et s'oppose, pour le moment. Ce qui n'empêche pas ce peuple souverain de se sentir apte et capable de fonder l'État souverain qu'il désire. Les menaces de représailles, les chantages font qu'il s'empêche de le créer. Il redoute la confrontation avec un adversaire supérieur en nombre. Avec raison. Sans les menaces de représailles, il y a longtemps que l'État souverain du Québec aurait été créer, parce c'est ce que désire ce peuple qui se sent exister en tant que peuple distinct, démocratique et souverain.
    Nous sommes dans la position intenable d'une personne victime d'un abuseur qui est en situation d'autorité par rapport à sa victime et qui ne recule devant aucune contrainte, aucun chantage, aucune menace de représailles pour contraindre à la soumission sa victime. Difficile pour elle de s'en sortir. Ça commence d'abord par rétablir son estime de soi. Nous y travaillons depuis la Révolution tranquille. Nous avons intégré entre autres cette idée qui nous ferait être « maître chez soi ». Nous reste à trouver le moyen de sortir des griffes de l'abuseur, car toutes les étapes ont été franchies, nous sommes rétablis dans notre dignité d'être, nous ne sommes plus sujet à subir la mésestime de l'autre, l'abuseur ne parvient plus comme avant à nous faire nous sentir indigne de respect. Bref... ne reste qu'à trouver un refuge, une sécurité, une zone de confort nous permettant de nous révéler, d'abord à nous-mêmes, comme ce que nous sommes vraiment. Tout le reste nous l'avons, nous sommes un peuple, nous le savons, nous voulons les pouvoirs afférents propres à ce statut. Nous voulons très majoritairement l'État souverain. Ne reste qu'à trouver le moyen de le créer sans provoquer la colère de l'abuseur. Pour ce faire, le nommer comme tel. Lui ne sait pas qu'il l'est. Il proteste. Le jour où nous refuserons les menaces de représailles, elles tomberont d'elles mêmes.
    Au plaisir et merci pour votre généreuse attention. Luc A.

  • Archives de Vigile Répondre

    17 octobre 2008

    M. Luc Archambault,
    Je suis impressionné par votre réflexion. Votre texte gagnerait à être plus court pour être plus accessible à ceux que vous voulez gagner à LA cause, "le synthétiser".
    Vous écrivez : «L’Histoire ne se répétant jamais, jamais nous ne pourrons faire ce qui a déjà été tenté. La confédération est partie de l’Histoire, ça s’est transformé en État centralisateur qui a fermé toutes les portes.»
    Je ne suis pas d'accord. Ce n'est pas une confédération qui s'en transformée en fédération. Ça n'a jamais été une confédération parce que les provinces "territoires conquis" n'ont jamais été souveraines depuis 1867. Elles étaient soumises au pouvoir central qui peut encore invalider ses lois.
    Vous ajoutez à peu près ceci, au sujet des Québécois et de leur désir de sortir de la fédération actuelle : «Contrairement à ceux qui pensent qu'il suffit de produire ce qui pourrait les convaincre. Je prétends qu’ils sont déjà convaincus».
    Il y a entre 50 et 60 % de Québécois qui veulent encore que le Québec demeure une Province dans le Canada avec quelques aménagements...plus ou moins. Ce groupe là va être très difficile à convaincre d'en sortir.

  • Archives de Vigile Répondre

    17 octobre 2008

    17 octobre 2008 Bruno Deshaies
    J'aimerais apporter la modification suivante à mon commentaire précédent. BD
    Si l’on veut obtenir des appuis, il importe de s’affirmer collectivement comme DES indépendantistes et comme des Québécois-Français pour UN Québec-Français.

  • Archives de Vigile Répondre

    16 octobre 2008

    G.V. écrit : «Le sort et l’évolution naturelle d’une nation annexée c’est de reculer sur tous les plans. À cela, le Québec ne fait pas exception. Le recul peut être cyclique, son rythme peut varier mais la direction historique ne s’est jamais démentie en 250 ans.»
    Les francophones, malgré un haut taux de natalité depuis la confédération jusque dans les années 1 950, ont été mis, de plus en plus en minorité au Canada, avec l'immigration contrôlée par Ottawa jusqu'à ce que le PQ obtienne y un droit de regard mais il était un peu tard parce que ce taux élevé de natalité des francophones a chuté en bas de la moyenne dans les 50 dernières années. Ce bout là n'est pas la faute des anglais. C'est la pilule, le matérialisme et la télé.
    La natalité chez une nation annexée, pour se protéger, est souvent élevée comme chez les Palestiniens mais les Québécois ne se sentent pas assez menacés pour forcer de ce côté là.
    Faut ajouter que nous avions déjà perdu beaucoup de francophones qui ont émigré en Nouvelle-Angleterre. Sans ça, notre haut taux de natalité depuis 1867 aurait mieux contre-balancé l'immigration anglaise.
    Nos ordres professionnels devraient commencer par mieux accepter les immigrants francophones pour nous aider dans nos efforts à endiguer le recul du français au Québec. Il semble que c’est en train de se corriger. Il était temps !
    Je vous souligne que nous ne reculons plus au point de vue économique depuis la prise de pouvoir du PQ en 1976. Les choses se sont améliorées pour les francophones du Québec grâce à Messieurs Lévesque et Parizeau, principalement. Merci au PQ qui nous a fait faire un grand pas en avant de côté.

  • Archives de Vigile Répondre

    16 octobre 2008

    16 octobre 2008 Bruno Deshaies
    Il est intéressant de noter comment un quotidien de l'Algérie a présenté l'élection du Bloc. D'une certaine manière nous pouvons constater ce que d'autres à l'extérieur du Canada et de l'Amérique pensent de nous. On paraît exprimer l'idée que les Québécois piétinent sur la voie de l'indépendance. Comme on sait, un Québec indépendant sans appui à l'étranger, ce sera une lutte difficile à gagner. Si l'on veut obtenir des appuis, il importe de s'affirmer collectivement comme indépendantistes et comme Québécois-Français pour une Québec-Français. Peut-on être crédible autrement ? Pendant que nous tergiversons, le Canada-Anglais agit.
    Canada, élections législatives
    Les Québécois privent Harper d’un gouvernement majoritaire
    La Tribune
    Alger (Algérie)
    Quotidien national d'information
    Jeudi 16 octobre 2008 N° 4049 Prix 10 DA. France 0,80 C
    Synthèse de la Rédaction internationale
    Les indépendantistes du Bloc québécois ont réussi leur pari de priver les conservateurs du Premier ministre Stephen Harper d’une majorité à l’issue des élections législatives canadiennes de mardi dernier. Les conservateurs avaient 127 députés à la dissolution de la Chambre, début septembre, et tablaient sur d’importants gains au Québec pour atteindre le seuil de la majorité qui se situe à 155 députés sur les 308 que compte la Chambre des communes. Les troupes de Stephen Harper avaient réussi une percée inespérée dans la «Belle Province» en 2006, faisant élire une dizaine de députés, et souhaitaient récolter cette fois les fruits de leur reconnaissance de «la nation québécoise au sein d’un Canada uni». Stephen Harper a d’ailleurs commencé sa campagne électorale au Québec, où il pensait profiter du peu d’appui qu’a actuellement le projet d’indépendance. Mais le Bloc québécois, représentant des indépendantistes au Parlement fédéral, a lui-même relégué au deuxième plan son projet sécessionniste et a fait campagne sur les dangers d’élire un gouvernement majoritaire conservateur sur l’ensemble du Canada. «Nous avons atteint notre objectif. Sans le Bloc québécois, Stephen Harper formerait un gouvernement majoritaire», s’est félicité le chef bloquiste, Gilles Duceppe, devant des supporters en liesse à Montréal. Les conservateurs ont augmenté leurs appuis partout au Canada et remporté 143 sièges, selon les résultats quasi définitifs, mais leurs appuis ont légèrement baissé au Québec. « C’est en réalité le Québec qui a empêché les conservateurs d’obtenir leur majorité », a déclaré à l’AFP Pierre-François Gingras, professeur de sciences politiques à l’université d’Ottawa. Le Bloc québécois a capitalisé sur l’abolition de programmes culturels par les conservateurs peu avant les élections, la promesse conservatrice de renforcer les peines de prison pour les criminels âgés de 14 ans et les coupures dans des programmes de développement économique régionaux. Stratégie payante puisqu’il a remporté 50 des 75 sièges que le Québec occupe au Parlement d’Ottawa, obtenant 38,2% des votes québécois contre 21,7% pour les conservateurs, dont les appuis dépassent pourtant 37% à l’échelle nationale. « La nation québécoise s’est exprimée, et il est maintenant très clair qu’elle ne saurait se contenter d’une reconnaissance symbolique », a déclaré M. Duceppe. Le Bloc a obtenu le soutien de personnalités au Canada anglophone, dont la romancière Margaret Atwood, qui voyaient dans les troupes de Gilles Duceppe le seul rempart contre les conservateurs, étant donné la faiblesse des libéraux qui ont d’ailleurs enregistré l’un des pires scores de leur histoire. Mais Gilles Duceppe n’a pas interprété sa victoire dans la province comme un appui croissant au projet d’indépendance du Québec.
    «Les Québécois n’ont pas voté pour la souveraineté mais ils ont voté pour un parti souverainiste», a-t-il nuancé.
    La tâche d’organiser un référendum sur la sécession de la province francophone ne revient pas au Bloc québécois mais à sa formation sœur, le Parti québécois, représentant du mouvement indépendantiste au Parlement provincial. Ce parti est actuellement dans l’opposition et ne promet plus de référendum s’il revient au pouvoir.
    Source : http://www.latribune-online.com/monde/6341.html

  • Archives de Vigile Répondre

    16 octobre 2008

    La légende du Grand Inquisiteur
    Je ne sais plus si c’est dans Dostoïevski, ou dans Kafka, c’était dans le cours de littérature internationale avec madame Segal... La légende à mon souvenir racontait l’histoire d’une forteresse à la porte de laquelle se présente un homme décidé. Un gardien imposant l’en empêche. À chaque jour il revient à la charge pour demander s’il peut entrer. Non que lui répond invariablement le gardien du seuil. À chaque jour il s’obstine et obtient la même réponse. Il espère toujours et campe là tout près. Il passe ses journées à réfléchir comment convaincre le gardien de le laisser rentrer, et le lendemain passe des heures à tenter de le convaincre, ou de le soudoyer, ou de faire pitié, ou de le battre. Si bien que le temps passe jusqu’à son plus grand âge. À la veille de mourir au bout de ses forces, il voit entrer quelque quidam qui salue bien bas le gardien. Il est trop vieux pour se lever et fait signe au gardien d’approcher, plus proche, il peine à sortir un son. Il réussit à demander au gardien pourquoi il a laissé passer le quidam et pas lui. Le gardien lui répond, vous n’aviez qu’à entrer... Moi, mon travail c’est de vous dire de ne pas entrer. Morale... je suis dévasté... Il ne s’agirait donc que de faire ce que doit... Il ne s’agirait dans la vie que de ne pas s’en laisser imposer. De ne pas entrer dans le discours de l’autre, mais de rester dans ce que l’on est soi.
    Je ne sais pas si j’erre. Mais j’ai le sentiment que nous pouvons aller là où nous voulons. Et, nous le voulons, ne reste qu’à faire ce que dois. « Fais ce que dois, advienne que pourra ». J’ai le sentiment que la discorde entre MM Deshaies et Bousquet pourrait s’absoudre dans une concorde fondée sur l’essentiel, la souveraineté démocratique du peuple, seul valide fondateur de l’État. Nous pouvons obtenir un large consensus autant sur le rejet du Canada actuel que sur la souveraineté de l’État. Aucune haie aucun bosquet ne peut entraver notre marche hors les ornières des canadianisateurs qui ont par trop labouré notre champ, chemin que nous empruntons toujours malgré qu’on veuille inviter notre peuple à prendre le champ. Si le peuple ne suit pas, c’est que nous nous trompons de chemin, tous autant que nous sommes.
    Luc A.

  • Archives de Vigile Répondre

    16 octobre 2008

    @ MM. Deshaies et Bousquet
    Je ne suis que récemment partie de Vigile. Je crois assister à différents affrontements en différentes approches dont je ne parviens pas à saisir tous les tenants et aboutissants. La masse d'information est gigantesque, parfois difficile à joindre.
    Dans ce que je crois comprendre de cet affrontement entre vos deux approches, celle de M. Deshaies consiste à tancer les dirigeants souverainistes historiques, et propose de refonder en quelque sorte le discours, la stratégie de ce souverainisme historique pour se lancer corps et bien dans la seule défense et illustration de la souveraineté de l'État.
    M. Bousquet quant à lui, considère que la question est déjà close puisqu'à moins d'une maladresse des canadianisateurs, nous ne pourrons jamais emporter l'adhésion du peuple souverain du Québec à une approche « pure et dure » de l'accession à la souveraineté de l'État d'un Québec séparé du Canada, ce, pour une foule de raison, dont l'attachement identitaire, etc.
    Concrètement et actualisé aux récents développements, M. Deshaies a milité contre l'appui au Bloc québécois et persiste et signe ici en disant que la victoire du Bloc nous enferme dans la même impasse canadienne, alors qu'il suffirait de quitter Ottawa, de se rassembler, pour créer ici au Québec une masse critique suffisamment pesante, de manière à faire avancer victorieusement la cause de la sécession du Québec du Canada.
    Je me suis opposé à telle politique de la chaise vide. Par contre, je ne partage ni la « démission » de M. Bousquet à l'égard de l'impossible sécession du Québec, sans prévoir une association, ni « l'angélisme » de M. Dehaies qui prête à l'évangélisation des pouvoirs qui me semblent surfaits, en soi, bien qu'il faille bien sûr continuer à faire la démonstration de l'à propos de l'accession à la souveraineté de l'État.
    LA solution
    Il me semble que et M. Deshaies et M. Bousquet ont chacun une partie de LA solution. En somme, LA solution réside dans l'union de nos forces. Point à la ligne. Pour ce faire, il faut abandonner l'idée d'avoir chacun et séparément LA solution. Difficile cependant. Car, plus on avance, plus se cristallisent en nous, certaines convictions profondes sur lesquelles se fondent ensuite nos respectives adhésions circonstancielles ou à long terme.
    Ces convictions profondes j’aimerais les questionner à la lumière des miennes. Prenons cette conviction de M. Bousquet qui le fait croire impossible l’adhésion de ce peuple souverain du Québec à la sécession de l’État du Québec souverain. Prenons réciproquement cette conviction de M. Deshaies qui le fait dénigrer le peu d’empressement des dirigeants actuels à défendre et illustrer l’à propos de la souveraineté de l’État. Il pense, avec raison du reste, qu’un projet ne peut se défendre tout seul et qu’il faut donc conséquemment... le défendre et illustrer. Il ne voit pas cette défense se faire dans le cours des affaires électorales du Bloc et du PQ. Il a raison, mais le contraire et ce qu’il propose, le font avoir tort.
    Je m’explique. Il ne sert à rien de faire la défense des bienfaits de l’accession de l’État du Québec à la souveraineté de l’État. En cela M. Bousquet aurait raison. Mais il a tort de penser que jamais les Québécois, à moins d’un miracle y adhérerait. Pourquoi ? Et, c’est ma conviction profonde, parce que ce débat a déjà été tenu, et qu’il a été gagné par les souverainistes. Pour en convenir, en effet cela ne semble pas une évidence, il faut faire l’hypothèse suivante : sans les chantages, les menaces de représailles canadianisatrice, les manipulations immigratoires, les trafics commanditaires, que choisirait le peuple souverain du Québec ? L’évidence est qu’ils voteraient en masse en faveur du fait d’être « maître chez soi ». Sans le chantage de la manifestation de « l’Amour infini » supposé du Canada, sans la division de nos élites qui nous invitent à rester dans le Canada pour ne pas subir sa colère, il y a longtemps que nous aurions pris fait et cause pour la sécession. Ce qui change tout. Bien sûr, on nous fait croire qu’il n’en est rien. Du reste, cet empressement à nous le faire croire devrait nous alerter et nous prévenir du fait qu’il est suspect. Nous serions « attaché » au Canada, ne serait-ce que parce qu’il fait partie de notre sentiment identitaire, parce que nous sommes les vrais et seuls « Canadiens », les autres ne sont que « Canadians » canadianisateurs. Nous serions des peureux, des pleutres, que toute petite menace fait d’emblée soumis à son abuseur. Nous serions des pragmatiques qui ne se soucient pas du nationalisme d’arrière garde et qui ne feraient que compter leurs sous : le Canada est payant, Vive le Canada ! Nous serions des « citoyens du monde », donc pour le Canada, dernier rempart contre les États-Unis. En somme, n’importe quoi et son contraire pour nous faire croire que nous ne croyons pas en la souveraineté de l’État du Québec, que nous ne la voulons pas. Ce qui est faux. Nous la voulons, très majoritairement. Et de un !
    De deux, partant de ce principe, qu’est-ce donc qui nous empêche de voter en cette faveur ? La timidité des dirigeants souverainistes ? Le manque de proposition pragmatique qui nous permette de négocier un statut d’État souverain dans un Canada confédéré ? Ni l’un ni l’autre me semble-t-il. Seulement la réalité de la menace de représailles du Canada. Seulement cela. Pourquoi telles menaces ont tant d’importance ? Parce que nous sommes pragmatiques et parce que nous savons comment nous y prendre avec les colonisateurs supérieurs en nombre, l’an prochain, nous compterons 250 ans d’expérience en la matière.
    Cette expérience est unique au monde. Aucun peuple partie d’un Empire conquérant, n’a été l’objet de Cession. Pour une bonne et simple raison, un peuple ne peut être objet de Cession, comme l’a professé dernièrement John Saul, le chantre canadianisateur du rêve canadien de la nation canadienne, l’une de ses deux « Saul-itude » qui forment le Canada. L’une se prétend héritière d’un legs. Le Canada n’est pas l’avatar d’un Empire conquérant par la guerre, le sang versé et la bombarde, mais bien le propriétaire d’un peuple qu’il a « obtenu » de son ex-propriétaire. D’autant qu’il s’est bien occupé de son peuple objet, peuple objet de Cession. L’esclavagiste se dédouane lui-même sous prétexte qu’il n’a que très rarement fouetté son esclave, il lui a même enlevé ses chaînes, voire le dit libre de « choisir son destin », oubliant qu’il se dit ouvertement partant pour punir son bien, si l’envie lui prenait de prendre le champ.
    Nous sommes un peuple né de la Conquête, dès lors distinct du peuple de France auquel il « appartenait ». Il est devenu peuple distinct parce que son Souverain a abdiqué à son devoir premier de protéger son peuple de l’envahisseur. Abdiquant, il s’est trouvé orphelin, sans Souverain. Il est donc devenu le jour de la défaite de Montcalm le 17 septembre 1759, peuple souverain... colonisé par un peuple Conquérant concurrent du peuple de Conquérant auquel il appartenait. Aucun peuple n’a jamais subi tel sort. À nous d’inventer comment exister dans le monde en cette histoire qui est la nôtre. Ce ne sera pas comme l’ont fait les peuples colonisés d’Afrique ou d’Asie, comme l’Algérie ou le Vietnam après des guerres de libération. Pourquoi ? Parce qu’aucun de ces peuples ne vivait voisin de leurs colonisateurs supérieurs en nombre. Notre situation historique et géopolitique est unique.
    Ce ne sera pas par la sécession, ce ne sera pas par la négociation d’un statut de confédération. Tout ça est déjà partie de l’histoire ancienne. L’Histoire ne se répétant jamais, jamais nous ne pourrons faire ce qui a déjà été tenté. La confédération est partie de l’Histoire, ça s’est transformé en État centralisateur qui a fermé toutes les portes. La sécession aussi fait partie de l’Histoire, elle aurait pu se faire dans l’après-Meech et Charlottetown, par Robert Bourassa. Cela n’a pas fonctionné. M. Bousquet à raison, on ne pourra pas reproduire les conditions de rejet qui ont un temps fait croire que la souveraineté était imminente. Peu importe comment cela se fera ou pas, ce sera différent de tout ce que l’on a connu avant. C’est la beauté de la vie, elle est imprévisible. Il en va de la vie des personnes comme de la vie des peuples.
    Qui aurait cru que les Allemands de l’Est scandant dans les rues « Nous sommes le peuple », Gorbatchev ne peut pas lancer contre nous ses chars. Qui aurait cru que de l’autre côté du mur, les Allemands de l’Ouest scandant « Nous somme un peuple », slogan bientôt chanté des deux côtés du mur, « Nous sommes un peuple », ( et non deux peuples ), qui aurait cru que cela a pu faire tomber le mur, en quelques semaines ? Personne, pas même les Allemands !
    Ainsi, on aura beau faire tout les plans, prévoir tel État, telle mécanique d’État, tel processus d’accession à l’État, soupeser nos chances de pouvoir négocier ceci ou cela. Tout cela ne se produira pas comme on l’aura pensé.
    Une chose cependant. Pour être des agents de changement, pour être des guides, des penseurs qui endossent le fait de concevoir des plans, pour être de bons militants, pour être celles et ceux qui pensent contribuer au sortir de l’enfermement canadianisateurs, il faut d’abord soi-même en être sorti. Ce qui ne me semble pas être le cas à bien des égards. Pour ce faire, il ne faut pas croire d’emblée ce qui nous est présenté comme des faits avérés, qu’ils soient le fait des canadianisateurs, ou qu’ils soient le fait de nos dirigeants. En cela M. Deshaies a raison. Il questionne les a priori de nos dirigeants souverainistes. Par contre, il me semble par ailleurs penser comme les canadianisateurs, que les Québécois ne manquent qu’un peu de conviction. Ne suffit que de produire ce qui pourrait les convaincre. Je prétends qu’ils sont déjà convaincus, le problème est ailleurs. ( Même si du reste, il ne faut pas s’empêcher de le faire, ne serait-ce que pour actualiser, compléter l’argumentaire déjà développé par le souverainisme historique )
    De son côté, M. Bousquet croit lui aussi les canadianisateurs et en déduit que forcément, il faudra d’une façon ou d’une autre trouver un accommodement. Il n’a pas tort, mais là non plus n’est pas la question. Bien sûr, la mécanique est importante, mais le problème n’est pas là. On n’a pas à trouver d’accommodement pour convaincre le peuple souverain du Québec de se donner un État qui émane de lui et non subir le fait de se faire imposer un État venu d’en haut et d’autorité, ce peuple en est déjà convaincu.
    Commencer par le début et non, faire des plans pour trouver la fin
    Qu’est-ce donc qui nous ferait être hors le discours de l’abuseur canadianisateur ? Que nous a-t-il jamais dit qui serait ce qu’il faut dire ? Ce qu’il ne nous a jamais dit, c’est que nous sommes et que nous formons un peuple démocratique et... donc... souverain. Ce qu’il ne nous a jamais dit, c’est qu’il ne nous a jamais demandé notre avis pour se valider. Il ne nous l’a pas demandé à la Conquête, il ne nous l’a pas demandé à chaque fois que l’Empire imposait ici sa loi, ses États, ses gouvernements responsables, ni lors de la fondation de la Confédération. Il nous a permis d’élire un jour nos gouvernements nous faisant croire que nous approuvions par là l’État qu’il imposait d’autorité. Nous l’avons cru. Le souverainisme étatique historique n’a jamais dénoncé ce fait. Pourquoi ? Parce qu’il a toujours cru imminent l’avènement de l’État souverain. Il nous a sans cesse fait croire à cette imminence. Or, nous sommes en train de prendre la mesure du fait qu’elle n’a plus cours. C’est une excellente raison pour commencer à reprendre le tout, à partir du début. Là où le discours canadianisateur commence. Il commence à partir du moment où il s’impose par la force militaire et ensuite par la force d’inertie qui s’en suit. Il commence là où notre État pourrait lui, commencer. Il commence par exiger la réciprocité. Si l’État souverain du Québec ne peut se fonder que par le fait d’être nommément validé par le peuple démocratique et souverain, forcément, l’État du Canada ne peut se valider que pareillement. Ce qui n’est pas le cas. Ce qui change la donne radicalement, ce qui constitue un renversement des paradigmes qui l’ont jusqu’à maintenant validé, à savoir, le fait de s’imposer d’autorité, sans nommément et démocratiquement consulter le peuple souverain.
    Ce qui opère un changement paradigmatique radical. Le fardeau de la preuve ne repose plus sur les seuls souverainistes. Ça tombe bien, ce peuple n’a jamais été consulté et n’a donc jamais approuvé l’État qui le gouverne, ou du moins qui prétend le faire à bon droit. Heureusement du reste. S’il avait fallu qu’il le soit, s’il avait fallu que cet État soit approuvé par le peuple, nous aurions de la difficulté à le déclarer invalide. Du reste, cela ne serait possible que si une nouvelle consultation l’invalidait. Pourquoi ce peuple n’a-t-il jamais été consulté s’il est tant en faveur de cet État du Canada auquel il serait tant attaché ? Poser la question c’est y répondre. Parce que ce peuple n’a jamais approuvé cet État, il ne l’aurait jamais approuvé majoritairement, à aucune étape de la Constitution des États dont le Canada est l’avatar. Il ne l’aurait pas été à la Conquête, ni après la Rébellion des patriotes, ni lors de la fondation de la Confédération, ni lors du rapatriement de 1982. René Lévesque aurait dû le faire, mais à cette époque il n’avait plus l’énergie, la force de le faire. Nous aurions pu gagner. Mais on ne refait pas l’histoire. Par contre, on peut la faire...
    Renverser l’ordre autocratique canadien
    Renverser l’ordre autocratique canadien en imposant l’ordre démocratique du peuple souverain. Sans autre mécanique que celle qui renverse les rôles. Il ne s’agit plus de négocier quoi que ce soit. Il ne s’agit pas non plus de créer un État concurrent. Il s’agit de fonder l’État du peuple souverain, quelqu’il soit. À commencer par l’État actuel qui prétend nous gouverner à bon droit. Ce qui n’est le cas que dans son ordre à lui. Ce qui n’est pas le cas dans l’ordre démocratique que peut unilatéralement imposer le peuple souverain. Il a ce pouvoir. Et, en l’occurrence, il n’a jamais été appelé à l’exercer. Qu’il n’ait pas été appelé à le faire par l’abuseur canadianisateur peut se comprendre, mais qu’il ne l’ait jamais été par le souverainisme historique ne peut s’expliquer que par sa crispation à l’avènement de l’État souverain comme étant l’acte fondateur par excellence de la libération du peuple. Or, dans cette absence, ne s’en remettre encore qu’à l’avènement de l’État souverain nous prive de le fonder sur des bases solides, à savoir, la réalité de la souveraineté du peuple démocratique, seul valide fondateur de l’État souverain.
    C’est comme si, en confondant souveraineté de l’État et souveraineté du peuple, cette dernière ne pouvait s’exercer que par et dans la souveraineté de l’État. Ce qui est faux. C’est comme si l’État fondait le peuple, alors que c’est exactement le contraire, c’est le peuple souverain qui fonde l’État. Je veux bien croire que dans l’imminence de l’avènement de l’État souverain, on puisse passer outre et admettre la confusion en s’abstenant de voir dans le principe de la souveraineté du peuple un ressort utile. Mais dans l’état actuel du report de cette imminence, dans le contexte de grandes manœuvres constitutionnelles qui s’en viennent, on ne peut plus écarter encore le principe fondateur de l’État souverain, en l’appliquant réciproquement à l’État actuel qui prétend nous gouverner avec notre plein et entier assentiment, alors que cela n’a jamais été le cas.
    Pourquoi soumettre l’actuel État du Canada à l’approbation du peuple souverain du Québec ? Pour institutionnaliser sans négocier quoique ce soit, deux choses qui dans l’État actuel sont évacuées de la question politique du Québec. De une, pour que s’incarne dans l’État, dans une institution de l’État, ce qui n’est pour le moment qu’une prétention que l’on chante, que l’on proclame dans la solitude de nos maisons, dans la solitude du groupe réuni à une fête nationale, toujours hors l’État, toujours en toute délinquance. Et l’on se surprend de la déliquescence de notre force nationale. De deux, par principe. Parce que ce principe fonde une nation hors la négociation, hors l’État, hors les élites qui s’affrontent pour décider de quel État il s’agira. Un principe unificateur qui peut fonder et un État du Canada validé par le peuple souverain du Québec ( éventuelle confédération avec un État du Québec doté de pouvoir conséquents sur sa « souveraineté culturelle » + ce qu’on voudra ), et un État du Québec souverain, partie d’un supra état panaméricain, donc associé au Canada, mais pas seulement au Canada... Ce qui nous fait dans tous les cas sortir de l’enfermement canadianisateur.
    J’ai ailleurs dans Vigile évoqué ces réflexions dans des textes que j’ai présentés :
    2008 09 15 - Il faut se préparer pour faire face à ce à quoi se prépare le Canada

    2008 09 19 - PRISE 5 - Les grandes manœuvres constitutionnelles. C’est reparti ! ?
    Ou dans des contributions à d’autres titres dont :
    2008 09 11 - L’inquiétude nationaliste québécoise
    Un jour me faudra les rassembler pour en faire un étalage complet. Peut-être le jour où je sentirai qu’on désire en discuter. Je ne sais pas si j’erre, mais il me semble qu’il y a là de quoi réfléchir. Je ne sais pas si j’erre, mais je crois voir dans ce recentrage, matière à rassemblement, matière à concilier ce qui nous apparaît inconciliable. Le principe de la souveraineté et la difficulté de l’incarner dans la situation politique qui est la nôtre. J’y vois non pas pour le moment un programme politique, mais des bases solides pour le concevoir, ralliant toute démarche fondée sur l’affranchissement de ce peuple souverain qui est le mien, encarcané dans les ornières que l’abuseur canadianisateur a creusées pour nous nous y enferrerions. ( Tomber sur l’arme de son adversaire, celles qu’ils laissent traîner partout sur notre chemin ).
    Suite au prochain message.

  • Archives de Vigile Répondre

    16 octobre 2008

    L'évolution naturelle d'une nation annexée depuis 250 ans c'est sa folklorisation, son assimilation, sa désintégration. Le mouvement en ce sens s'opère sous nos yeux et rien dans le discours politique des souverainistes québécois n'est de nature à inverser cette tendance lourde. Toutes les statistiques pertinentes le confirment, poids démographique et poids politique en tête.
    La dernière campagne électorale ne vient rien changer à la donne. Elle ne fait que confirmer et continuer la tendance. Tout le discours du Bloc québécois est en effet un discours admissible, conforme, acceptable et en phase avec le fédéralisme. Les divergences exprimées par M. Duceppe ne portent que sur les politiques particulières, parfaitement gérables dans le cadre canadien.
    On ne peut certes pas bouder notre plaisir de voir cinquante députés du Bloc élus encore une fois. La victoire sans grand éclat du Bloc est certes d'un certain réconfort. Il ne faut toutefois pas en exagérer la portée, ce que beaucoup semblent faire sans trop de retenue. Aux yeux de certains, on y verrait presque le début d'un momentum, le début d'une offensive, le début de... quelque chose. Sans jouer les rabat-joie, il faudrait toutefois pour m'en convaincre me montrer là où point la nouveauté. Pour l'instant, je ne vois rien venir.
    Le rôle du Bloc sera, au mieux, de ralentir la vitesse avec laquelle nous reculons. C'est tout ce qu'il a pu faire jusqu'à présent et il ne fera pas davantage cette fois-ci. Oubliez l'expression par trop optimiste de «police d'assurance»: en démocratie, c'est la majorité qui décide, soit la nation majoritaire.
    Le sort et l'évolution naturelle d'une nation annexée c'est de reculer sur tous les plans. À cela, le Québec ne fait pas exception. Le recul peut être cyclique, son rythme peut varier mais la direction historique ne s'est jamais démentie en 250 ans.
    Pour que la direction historique change il faudrait un effort considérable, soutenu par des idées politiques libératrices. Le discours libérateur est malheureusement absent, le Québec agace ou fruste bien sûr le Canada mais il ne se donne pas les moyens d'aller au-delà. La nation annexée s'agite mais elle demeure semble-t-il incapable de penser et d'exprimer sa libération. Dans ce contexte, ce que M. Bousquet nous propose est une utopie. Une utopie qui paraît raisonnable parce que largement partagée. L'utopie argumentée de ceux qui se refusent à la fois de penser notre libération ou notre extinction. Comme la masse de nos compatriotes, la dureté du choix, la rareté des options le repousse et il ne peut se résoudre ni à l'un ni à l'autre. Il ne faut pas trop blâmer M. Bousquet; tant qu'un discours indépendantiste articulé ne viendra pas clarifier les enjeux (si jamais!), la masse de la population ne voudra jamais prendre position ni pour l'un ni pour l'autre.
    GV

  • Archives de Vigile Répondre

    16 octobre 2008

    Complément de réponse à M. Deshaies,
    C'est la langue française et sa protection, principalement, qui fait de nous des indépendantistes/souverainistes à 40 % actuellement. Pour la culture, personne ne nous empêche de "swigner la baquèse dans l'fond d'la boîte à bois" ou de gosser une branche...genre.
    En attendant de savoir si nous allons y arriver ou non, à un Québec-pays, nous pourrions commencer tout de suite à pousser pour mieux protéger la langue française au Québec. Le Québec est responsable de l'enseignement...pas le ROC. Est-ce que le Québec pourrait agir pendant qu'il est encore dans le Canada ?
    C'est vrai que la loi 101 a été écorchée par la cour suprême mais le Québec pourrait faire bien mieux : CEGEPs francophones, langue d'usage dans les petites entreprises etc...Pas mal moins difficile à gagner les Québécois sur ça que sur l'indépendance pure..me semble.

  • Archives de Vigile Répondre

    16 octobre 2008

    M. Deshaies,
    Je suis très impressionné par tous les efforts que vous placez à promouvoir l'idée que la solution constitutionnelle pour le Québec est l'indépendance : Le Québec séparé du ROC.
    Très bien, pas de problème pour moi avec ça mais...60 % de Québécois viennent juste de voter pour des partis fédéralistes quand ils pouvaient voter pour un parti indépendantiste "souverainiste", ce qui semble refléter les sondages qui indiquent le même pourcentage de fédéralistes au Québec. "Avec 40 % d'indépendantistes, on peut pas se séparer".
    Vous avez confiance qu'avec beaucoup d'efforts, les Québécois vont finir par être majoritairement indépendantiste et vouloir ainsi se séparer du ROC sans autre forme d'entente, ce qui n'est pas mon cas.
    Je crois que, à moins d'un évènement ou injustice très grave qui serait initié par le ROC envers les francophones du Québec, il n'y aura pas de majorité solide pour dire OUI à la souveraineté du Québec : Un génocide, la langue française défendue dans les endroits publics, les français exclus de la fonction publique fédérale etc...genre.
    La jeunesse québécoise semble plus intéressée à se trouver un bon emploi et un bon boss et nos immigrés semblent plus intéressés à la langue anglaise qu'a la française et à voter Libéral, ce qui n'améliorera pas les chances des indépendantistes.
    S'il devait arriver que nous, Québécois francophones, refusions majoritairement avec les autres Québécois de nous séparer du ROC, je n'ai pas l'intention de me suicider ni d'émigrer en France ni de ronger des barreaux de chaises, je vais tenter d'être heureux quand même dans le Canada fédéré actuel. C'est la grâce que je vous souhaite, amen.