TransCanada est sur le point de lancer la première campagne de forages pour son futur port pétrolier de Cacouna, et ce, malgré un nouvel avis scientifique qui démontre que ceux-ci risquent d’« accélérer le déclin » des bélugas. Des groupes environnementaux demandent d’ailleurs aux tribunaux de stopper les travaux, les jugeant contraires à la loi.
Selon les informations obtenues par Le Devoir, la pétrolière albertaine entend forer le fond marin du Saint-Laurent d’ici quelques jours. Les barges nécessaires pour les travaux devraient d’ailleurs arriver dès mercredi à Cacouna. TransCanada envisagerait de mener un total de 16 forages sur une période de deux à trois semaines qui se terminerait à la mi-juin. Mais les autorisations obtenues du gouvernement fédéral permettent d’échelonner les travaux jusqu’en novembre.
« La durée des sondages sera propre à chaque site et variera selon les conditions météorologiques, précise l’entreprise. Les sondages seront effectués de jour, sept jours sur sept, et n’affecteront pas les activités commerciales du port. »
TransCanada indique en outre que les travaux comprennent un volet de surveillance des bélugas, qui sont déjà très présents dans ce secteur essentiel de leur habitat. L’entreprise s’engage ainsi à respecter une « zone de protection de 500 mètres pour les mammifères marins en périphérie des équipements utilisés ». Si un béluga s’approche davantage, on affirme que les forages seront stoppés.
Impacts sévères
Ces mesures ne permettent absolument pas d’éviter des impacts sévères sur les bélugas, affirme Robert Michaud, qui étudie cette espèce menacée depuis plus de 30 ans. Il vient d’ailleurs de produire un avis scientifique qui conclut qu’« aucune » mesure ne peut « prévenir le dérangement ou l’exclusion d’un habitat, peu importe le rayon ». Le biologiste souligne aussi qu’il n’a pas pu obtenir le plan formel des travaux prévus, même s’il en a fait la demande à TransCanada.
Selon lui, les travaux prévus compromettent la reproduction des animaux. Ceux-ci risquent en effet « de tenir les femelles à l’écart de certaines ressources alimentaires à un moment critique de leur cycle annuel et, pour les femelles gestantes, à un moment critique de leur gestation ».
Au final, les projets de TransCanada menacent directement « la survie ou le rétablissement » de l’espèce et risquent même d’« accélérer le déclin de la population et [de] lui imposer ainsi un préjudice irréparable ». Déjà, la population a reculé au cours de la dernière décennie et devrait être classée « en voie de disparition » d’ici à l’automne 2014. Selon les esquisses du projet actuellement disponibles, les pétroliers qui exporteraient le pétrole albertain à partir de Cacouna viendraient s’amarrer en plein coeur d’une aire très fréquentée par les mammifères marins.
Robert Michaud juge donc « incompréhensible » que les travaux industriels puissent démarrer avant la moindre évaluation de tout le projet de port pétrolier. Il rappelle aussi que cette région du Saint-Laurent regroupe la plus grande concentration d’initiatives de protection de milieux naturels au Québec.
Quatre groupes environnementaux estiment que le dérangement des bélugas et le fait de mener des activités industrielles dans leur habitat essentiel sont contraires à la Loi sur les espèces en péril. Ils demandent donc à la Cour supérieure du Québec de stopper les travaux. La demande doit être entendue vendredi.
Le projet Énergie Est, qui s’articule autour de la construction de centaines de kilomètres de pipelines en sol québécois, permettra d’exporter une partie de la production des sables bitumineux.
PORT PÉTROLIER DE CACOUNA
TransCanada s’apprête à forer malgré de nouveaux avertissements
Des groupes environnementaux s’adressent aux tribunaux pour faire stopper les travaux
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