La Ville de Montréal est à un moment critique de son histoire. Se profilent en même temps des défis énormes et complexes. Mentionnons-en quelques-uns.
- Faire face aux conséquences économiques de la crise qui vont miner durant plusieurs années encore la marge de manoeuvre financière de la Ville. Cela implique la mise en place de moyens efficaces de lutter contre l'exode des jeunes familles vers la banlieue.
- Développer une offre de logements écologiques, conçus pour les jeunes familles à revenu modeste dans des quartiers organisés pour faciliter la vie familiale et la participation communautaire.
- Libérer le centre-ville de l'automobile toute-puissante et omniprésente. Repenser et améliorer l'offre de transport en commun en le mettant au coeur d'une stratégie de ville verte et d'une humanisation du paysage urbain. Accroître l'accès au fleuve et l'utilisation publique des berges, richesse largement inexploitée jusqu'ici. Trouver les moyens de mieux réguler et d'encadrer la circulation des véhicules qui viennent de l'extérieur de l'île ou qui ne font que transiter par la ville.
- Identifier les pôles de développement et planifier leur croissance, consolider l'offre culturelle et assurer une meilleure décentralisation.
Voilà quelques-uns des enjeux principaux, et on aurait pu s'attendre à ce qu'ils soient discutés de long en large durant la campagne électorale qui se termine aujourd'hui. Mais dans les premiers jours, tous ces enjeux ont été éclipsés par les critiques de Louise Harel concernant la gouvernance de la Ville ainsi que les structures, le rôle et les pouvoirs des arrondissements. Rien, avouons-le, pour provoquer un délire d'intérêt et de participation. Puis de gros nuages noirs se sont accumulés au-dessus de l'hôtel de ville et de l'administration Tremblay. Compteurs d'eau, relations louches, rôle déterminant de quelques entrepreneurs et d'un club privé de bureaux d'ingénieurs-conseils. Des nuages qui se sont transformés en tornade et qui ont fait disparaître dans l'esprit des électeurs tous les autres enjeux.
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Le sondage publié hier par La Presse le démontre magistralement, les électeurs n'ont qu'un mot en tête et c'est celui de «corruption». Celui qui en fait les frais, c'est évidemment le maire sortant, même si l'ancien bras droit de Mme Harel n'est pas, semble-t-il, plus blanc et plus pur que les acolytes déjà remerciés de Gérald Tremblay. On peut reprocher mille choses à Gérald Tremblay -- une certaine lenteur, sa modération qui ressemble parfois à de l'indécision -- mais personne ne peut mettre en doute son intégrité personnelle, tout comme celle de Mme Harel. On peut mettre en doute leur manque de perspicacité à tous les deux, une certaine forme de naïveté ou de confiance aveugle dans leur entourage, mais certainement pas leur honnêteté.
Les électeurs qui se présenteront demain voudront en majorité faire le ménage à l'hôtel de ville; ce sera leur principale préoccupation et nombreux seront ceux qui penseront que la rigueur et la poigne de Mme Harel pourront réussir le grand nettoyage. Rien n'est aussi certain.
Disons en premier lieu que, tant qu'une enquête publique n'aura pas analysé et documenté l'ensemble du système de corruption et de collusion dans l'octroi des contrats et dans le fonctionnement des partis politiques, le grand ménage dont nous rêvons ne se fera qu'à la pièce, par petites étapes. Cette décision relève d'une seule personne, Jean Charest, et son parti ne souhaite pas, pour des raisons que je vous laisse imaginer, tenir une telle enquête qui pourrait embarrasser bien plus de gens qu'on ne le croit.
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Je l'ai déjà mentionné dans d'autres chroniques, c'est la composition même des partis municipaux comme ceux de M. Tremblay et de Mme Harel qui constitue le coeur du problème et qui encourage et systématise les pratiques douteuses de financement. Ce sont des regroupements d'organisateurs professionnels qui, dans les deux cas, entretiennent des liens intimes avec les grands promoteurs, les entreprises de construction majeures et les bureaux d'ingénieurs spécialisés dans l'équipement urbain. La faiblesse de leur effectif populaire empêche ces partis de fonctionner efficacement en dehors des périodes de campagne électorale. La nature même de ces organisations exige un financement qui ne vient pas de la population mais du groupe d'amis qui, en échange d'enveloppes brunes bien épaisses, attendent logiquement un retour d'ascenseur conséquent. C'est le système lui-même qui a besoin de la corruption pour continuer à vivre. Et continuer à faire la politique municipale comme elle se fait dans ces partis qui sont plus des PME que de véritables partis, c'est assurer que le magouillage et le copinage incestueux se poursuivra sous une forme ou sous une autre. En fait, en changeant d'équipe sans s'attaquer aux racines du mal, on ne fera que changer la couleur des enveloppes et les tactiques de ceux qui veulent profiter de la manne municipale.
Je l'ai déjà mentionné dans d'autres chroniques, c'est la composition même des partis municipaux comme ceux de M. Tremblay et de Mme Harel qui constitue le coeur du problème et qui encourage et systématise les pratiques douteuses de financement. Ce sont des regroupements d'organisateurs professionnels qui, dans les deux cas, entretiennent des liens intimes avec les grands promoteurs, les entreprises de construction majeures et les bureaux d'ingénieurs spécialisés dans l'équipement urbain. La faiblesse de leur effectif populaire empêche ces partis de fonctionner efficacement en dehors des périodes de campagne électorale. La nature même de ces organisations exige un financement qui ne vient pas de la population mais du groupe d'amis qui, en échange d'enveloppes brunes bien épaisses, attendent logiquement un retour d'ascenseur conséquent. C'est le système lui-même qui a besoin de la corruption pour continuer à vivre. Et continuer à faire la politique municipale comme elle se fait dans ces partis qui sont plus des PME que de véritables partis, c'est assurer que le magouillage et le copinage incestueux se poursuivra sous une forme ou sous une autre. En fait, en changeant d'équipe sans s'attaquer aux racines du mal, on ne fera que changer la couleur des enveloppes et les tactiques de ceux qui veulent profiter de la manne municipale.
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C'est le système lui-même qui a besoin de la corruption pour continuer à vivre.
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