Torture par la CIA: Obama poussé à agir contre Bush

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«L'oeil était dans la tombe et regardait Caïn»





Il est plus que temps pour le président américain Barack Obama d’enclencher des poursuites judiciaires à l’encontre de son prédécesseur George Bush et de ses collaborateurs qui ont supervisé le recours à la torture par la CIA dans les années 2000, affirme mardi Human Rights Watch (HRW).


«La ministre de la Justice (Loretta Lynch) dispose désormais de suffisamment de preuves pour ordonner des enquêtes visant de hauts responsables américains impliqués dans le programme post-11-Septembre d’utilisation de la torture», insiste l’organisation de défense des droits de l’Homme.


Ces investigations doivent notamment cibler l’ancien directeur de la Central Intelligence Agency (CIA) George Tenet, l’ex-secrétaire d’État Condoleezza Rice, l’ex-ministre de la Justice John Ashcroft et l’ancien vice-président Dick Cheney, précise HRW.


«De façon inévitable, un futur président sera tenté d’agir comme l’a fait l’administration Bush, c’est-à-dire de recourir à la torture», pourtant formellement prohibée par les lois américaines comme universelles, met en garde Kenneth Roth, directeur général d’Human Rights Watch.


Or, M. Obama «risque de devenir le président qui aura laissé en héritage la torture comme option possible», a ajouté M. Roth dans une conférence de presse à Washington.


Comptant 153 pages et intitulé Fini les excuses: la voie de la justice après les tortures de la CIA, le rapport d’HRW détaille les fondements légaux et les actions à mener pour solder le lourd passif de ce chapitre noir de l’histoire américaine.


En décembre 2014, le Sénat américain avait rendu public un compte-rendu d’enquête détaillé sur le programme secret de la CIA pour capturer et interroger, hors cadre judiciaire, des hommes soupçonnés de liens avec Al-Qaïda.


On y décrivait comment des détenus avaient été attachés pendant des jours dans le noir, projetés contre les murs, plongés dans des bains glacés, privés de sommeil pendant une semaine, frappés ou harcelés psychologiquement.


D’autres suspects avaient été enchaînés au plafond par leurs bras menottés dans le dos, avaient subi des «réhydratations rectales» forcées ou des séances de «waterboarding» (simulation de noyade) dans des prisons secrètes.


Ces «techniques d’interrogatoires poussés» avaient été approuvées au plus haut niveau. Le document accablant du Sénat avait suscité une onde de choc et des condamnations à travers le monde entier, ainsi que des demandes de poursuites judiciaires.


Or, un an plus tard, «les affirmations de l’administration Obama selon lesquelles des obstacles juridiques empêchent des investigations pénales sur l’utilisation de la torture par la CIA ne sont pas convaincantes», juge HRW.


Pire, si M. Obama, dans la dernière année de son second mandat, délivrait un message d’impunité, cela «aura des effets dans le monde entier», prévient M. Roth.


«Comment donc les États-Unis pourraient-ils de façon crédible dire à des responsables de se soumettre aux règles de l’État de droit s’ils n’appliquent pas ces mêmes règles chez eux?», s’interroge-t-il.


Barack Obama avait mis un terme en 2009 au programme d’interrogatoires secrets de la CIA. Et, lors de la publication du rapport du Sénat, le président américain avait utilisé le mot torture pour décrire ces pratiques de l’agence américaine de renseignement.


Il avait également estimé publiquement que la réputation de l’Amérique était ternie.


Les conclusions du rapport du Sénat ont été contestées par la CIA et une partie des républicains, tandis qu’environ la moitié de la population américaine considère comme justifié d’utiliser la torture pour interroger des suspects.


Ailleurs, d’autres pays comme le Canada, le Royaume-Uni, l’Australie, la Suède ou la Pologne ont d’ores et déjà dédommagé des détenus victimes d’abus de la CIA, souligne Laura Pitter, une experte de Human Rights Watch. À l’opposé, «les États-Unis n’ont rien fait», constate-t-elle.


«Notre appel à agir s’adresse avant tout à l’administration Obama, mais s’ils n’y répondent pas nous exhortons d’autres États attachés à l’État de droit et à la lutte contre la torture à s’impliquer», conclut Kenneth Roth.




 




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