Éducation

Tolérance d’engagement, une solution provisoire à la pénurie d’enseignants qualifiés

Tribune libre

Quelque 9200 enseignants non légalement qualifiés oeuvrent actuellement dans les écoles du Québec en vertu d’un contrat obtenu grâce à une «tolérance d’engagement» en octobre 2024, excluant les suppléants et les aspirants profs inscrits aux programmes courts en éducation. Un constat qui suscite certaines réflexions.

Tout d’abord, force est de constater que la pénurie d’enseignants ne fait que s’amplifier avec les années, 7950 enseignants non-qualifiés s’étant déjà vu confier une classe en février 2024. Or au cabinet du ministre Bernard Drainville, on nous assure que la majorité des professeurs non légalement qualifiés actuellement possèdent un diplôme universitaire dans un domaine connexe à la matière enseignée. Soit!

En revanche, qu’en est-il des cours de didactique inclus dans le cursus de cours des étudiants en sciences de l’éducation? Qu’en est-il des stages supervisés par un enseignant qualifié dans le parcours des étudiants se dirigeant vers la carrière d’enseignant? Dans l’hypothèse où les enseignants non légalement qualifiés ont un droit de passage leur donnant accès à une tolérance d’engagement qui peut s’étendre sur plusieurs années, le ministre Drainville se doit de faire preuve de vigilance devant la recrudescence des tolérances d’engagement qui ouvre l’accès à une voie secondaire qui risque de porter ombrage à l’attractivité de la profession d’enseignant déjà assez malmenée par les temps qui courent.

Nonobstant le fait que les enseignants non légalement qualifiés manifestent un intérêt certain pour les élèves qui leur sont confiés, je suis plutôt d’avis que les Centres de service scolaires doivent privilégier les candidats inscrits aux programmes courts en éducation. De plus, il m’apparaît primordial que le ministre de l’Éducation concentre ses efforts sur le dépistage de personnel spécialisé dans le but d’alléger la tâche des enseignants et de facto d’attirer davantage de candidats intéressés par l’enseignement.

L’enseignement demeure et demeurera toujours une profession qui demande temps et énergie à consacrer sans relâche envers les jeunes pour parvenir à leur transmettre des connaissances dans un climat propice à l’apprentissage. Aussi faut-il encourager les aspirants professeurs qui ont choisi la voie du brevet d’enseignement tout en accueillant les candidats non légalement qualifiés qui démontrent l’enthousiasme et l’expertise professionnelle pour suppléer provisoirement à la pénurie de main d’oeuvre chez les enseignants. Il en va de la sauvegtarde des lettres de noblesse de l'éducation de nos jeunes Québécois.


Henri Marineau, Québec


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Henri Marineau2099 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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2 commentaires

  • Henri Marineau Répondre

    2 décembre 2024

    Alors que le nombre d'enseignants non-qualifiés ne cessent d'augmenter, des enseignants sont refusés parce qu'ils sont "sur-qualifiés". Cherchez l'erreur!


    https://www.journaldequebec.com/2024/12/02/surqualifiee-pour-enseigner-au-secondaire-des-profs-qui-ont-leur-brevet-denoncent-la-gestion-deconnectee-des-ressources-humaines


  • François Champoux Répondre

    1 décembre 2024

    Le manque ou tolérance d’enseignants non qualifiés.


    Bonjour M. Marineau,


    Autrefois, on parlait de vocation quand il était question de la profession d’enseignante ou d’enseignant. C’était peut-être exagéré, mais ça laissait sous-entendre un souci, une attention (oserais-je dire, un amour) envers les futurs adultes de demain. Ce souci envers les enfants devait par la suite se transmettre à l’infini, jusque dans toutes les activités humaines : que ce soit celles en médecine (infirmière, infirmier), ou celle d’éboueur en passant par financier, coopérateur, syndicaliste, agricultrice, vendeur, vendeuse, caissière, etc.


    Faudra-t-il ressusciter ce vieux mot de «vocation» ou simplement enseigner l’amour comme un art en tout ce qu’on fait? Je choisis la seconde voie.


    François Champoux, Trois-Rivières