Fâcheuse tactique de Martine Ouellet que de piéger son adversaire principal, de but en blanc, avec des questions dichotomiques, comme en chambre criminelle ou devant le Tribunal du Saint-Office de l'Inquisition.
- « Toi, Pierre-Karl, es-tu OUI ou NON pour la rénovation de la loi anti-scab? »
- « Pierre-Karl, tu n’as pas répondu à la question. Réponds Pierre-Karl : est-ce OUI ou est-ce Non ?»
Pierre-Karl Péladeau aurait très bien pu répondre «Écoute, Martine, la FTQ s’est déjà prononcée contre la rénovation de la loi anti-scab, alors pourquoi voudrais-tu que je sois pour? ».
Mais ce faisant, PKP aurait enfoncé le pied dans le bourbier du complexe débat juridique touchant la structure du Code du travail. C’est d'ailleurs pour cette raison que la FTQ était contre cette « rénovation » car dans sa sagesse, cette centrale syndicale savait bien que dans un système de balancier, si l'on ajoute ou retranche d’un coté, il faut nécessairement ajouter ou retrancher de l’autre, si on veut maintenir l’équilibre et assurer la paix sociale.
Ainsi donc, le "OUI ou NON" de Martine Ouellet est un « catch 22 » dans lequel PKP a bien fait de ne pas s’engouffrer, en plein débat à la chefferie, alors même qu’il reste trois ans à courir avant la prochaine élection et que les alliances du PQ restent d’ici-là à conclure.
Notions générales
Employés et patrons, travail et capital, auront toujours des intérêts opposés. Ainsi que me l’avait jadis appris un conseiller syndical de la CSN : « Patrons et syndicats ... nous sommes condamnés à vivre ensemble ».
Le présent système de relations du travail (Code du travail) a justement pour finalité d’assurer une « paix sociale » relative, entre le capital et le travail, selon un cycle répétitif : reconnaissance syndicale (accréditation / formule Rand), obligation de négocier de bonne foi, utilisation possible et légale des contraintes que sont grève ou du lock-out, conclusion d’une convention collective à durée déterminée, gestion de celle-ci incluant le dépôt de griefs et leur audition en arbitrage devant un arbitre. L’échéance de la convention collective marquant le début du cycle suivant.
En vertu du Code, dans le secteur privé, au temps fort d’une négociation collective de travail, chaque partie dispose de sa propre arme légale de « destruction massive » pour contraindre l’adversaire : le syndicat dispose du droit légal de déclarer la grève et l’employeur, celui de recourir tout autant légalement au « lock-out » (i.e. la fermeture temporaire de son entreprise).
Telles sont les règles légales de l’affrontement ; chaque partie a le droit d’utiliser la sienne et de fourbir ses armes légales selon ses conclusions de l’analyse stratégique qu’il fait de la situation. Un employeur qui exerce légalement son droit au « lock-out » n’est donc pas plus intrinsèquement crapuleux qu’un syndicat qui fait légalement la grève. Advienne une dérogation à la Loi, patron ou syndicat sera alors sanctionné par la Commission des relations du travail.
« Antisyndical » est l’anathème préféré de Pierre Dubuc et de son amie Martine. Ce terme réchauffe sans doute une ligne de piquetage, enflamme certainement une assemblée syndicale ou émeut probablement l’analphabète de sa « famille politique ». Mais il fait sourire les praticiens et spécialistes des relations du travail tellement cette connotation est aberrante et hypocrite en regard de la réalité juridique.
Tout d’abord, avez-vous déjà entendu un syndicat s’identifier comme pro-patronal ou encore un patron se vanter d’être « pro-syndical » ? J’en doute fortement... sauf peut-être à l’époque chez Tricofil. Le couple employés et patrons, travail et capital, aura toujours des intérêts opposés. Les deux peuvent filer quelques bons moments, mais lorsque les contradictions s’aiguisent, les gros mots et les anathèmes fusent. Même dans les grosses organisations syndicales où le personnel est lui-même syndiqué, les élus syndicaux aiment bien jouer aux « patrons » et jouent dur lorsqu'il le faut : ils utilisent la contrainte, la menace de sanction disciplinaire et même le congédiement. Les syndicalistes élus "patrons" de leurs syndicats seraient-ils alors eux-mêmes anti-syndicaux?
En vertu de la convention collective du Syndicat des travailleurs de l’information du Journal de Montréal (2011-2016), pour prendre cet exemple célèbre et sans entrer dans le fin détail, le Syndicat dispose d’un tableau d’affichage dans chacun des lieux de travail (1.11), d’un local syndical fourni et entretenu aux frais de l’employeur, le paiement par l’Employeur du coût du système téléphonique, incluant les appels interurbains faits par le Syndicat (1.12), consultations possibles du représentant syndical durant les heures de travail sans perte de salaire. Et, notez-le, l’article 1.07 de cette convention collective stipule : « Tout salarié couvert par le certificat d’accréditation doit, comme condition de maintien de son emploi adhérer et maintenir son adhésion au syndicat. »
Cette clause syndicale prévoit donc de manière explicite que le Syndicat peut requérir et obtenir le congédiement d’un employé qui, tout en étant obligatoirement soumis à la cotisation syndicale en vertu de la « formule Rand », refuserait de signer la carte de membre du syndicat, alors que ce refus est pourtant permis par le Code du Travail. Pas mal merci comme enfer anti-syndical ... non?
*
Regardons les choses en face
Regardons tout de même les choses en face et répondons en toute honnêteté : PKP a-t-il déjà fait bloquer les entrées d’une centrale syndicale par des fiers-à-bras; fait briser le mobilier de secrétariats syndicaux ou pis encore, fait éclater les fenêtres de leurs bureaux à la mitraillette??
PKP a-t-il déjà intimidé (au vrai sens du mot, Monsieur Céré et Madame Ouellet) la famille de conseillers ou de représentants syndicaux devant leurs domiciles; fait crever les pneus de leurs véhicules; fracassé leurs pare-brises? PKP a-t-il déjà eu à sa solde des larbins patronaux qui fabriquaient des bombes ou détenaient de la dynamite à des fins patronales criminelles ? Pierre Dubuc et Martine Ouellet, connaitraient-ils des organisations de « leur famille politique » qui auraient déjà pu se comporter ou se comporteraient toujours de la sorte ? Nous connaissons tous et toutes la réponse à ces questions.
Alors je vous prie, Madame Ouellet, « give us a break » avec votre tactique d'interrogation totale du « oui ou non » et de votre démagogie du Bonhomme Sept Heures anti-syndical.
Vous avez été ministre des ressources naturelles sous le gouvernement Marois et vous êtes particulièrement bien informée des questions environnementales. Mais, de toute évidence, le domaine du droit du travail n'est pas votre tasse de thé. Vous devriez éviter de jouer à l'engin téléguidé de Pierre Dubuc, tout spécialement en vous dévêtant devant la presse fédéraliste.
Enfin, vous qui reprochez à PKP de ne pas répondre à vos questions, avez vous-même refusé de répondre à la question d'un journaliste qui demandait si vous vous rallieriez à Monsieur Péladeau ou quitteriez le Parti Québécois dans l'hypothèse où il deviendrait le prochain chef.
Les militants n'ont-ils pas droit de connaître votre réponse d'ici le 13 mai prochain?
Jean-Pierre Bélisle
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5 commentaires
Serge Jean Répondre
12 mai 2015Un peuple qui se possède, n'a pas besoin de se syndiquer pour se combattre lui-même, c'est pas ça l'indépendance.
Serge Jean
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
10 mai 2015CORRECTION: on écrit bullying au lieu de bulleying. J'y reviens, pour l'orthographe de ce mot anglais, mais surtout pour le sens, qui s'approche plus du comportement du ministre de la santé que de celui du prochain chef du Parti Québécois pendant la course. Celle-ci fut rude en coulisse dit-on, mais pour de la politique partisane, ce fut somme toute acceptable. D'autant plus que du caractère, dans la retenue, il en faudra pour répondre à ceux qui se considèrent en guerre contre Nous, i.e. tous les coups sont permis.
On entendait sur RDI ce matin Brian Myles du Devoir insister sur la réelle valeur des aspirants dans la course. S'ils furent assez combatifs pour faire valoir le tempérament du meneur, ils mériteront, dit-il, des postes clés dans le cabinet fantôme d'un P.Q. "de la dernière chance" (jusqu'à la prochaine fois). S'ils parurent teigneux dans leurs exigences de réponses pointues, ils ont permis de démontrer que l'homme fonctionne selon un plan: faire valoir l'arrogance des pétrolières, donc l'urgence de sortir de ce pays qui a tous les droits sur notre territoire.
Les discussions ont aussi mis en valeur qu'au long de la course, PKP a su s'adapter, en s'entourant de conseillers efficaces dans la façon de passer le message.
M. Carmichael dit, sous Paul Piché, ce matin: "L’opposition à Cacouna n’a pas attendu après PKP pour s’organiser. Ils ont fait un excellent travail. Mais pour gagner quoi ? En bout de ligne, TransCanada leur a simplement répondu : "D’accord, on ne construira pas notre port à Cacouna. On va simplement passer tout droit, et aller le construire au Nouveau-Brunswick."
C'est quand même ça de gagné, mais ça met en évidence cette nouvelle façon de convaincre les indécis: Ces gens-là n'ont plus besoin de notre opinion pour parachever leur Canada sans nous!
Stéphane Sauvé Répondre
7 mai 2015Il y a ici en Outaouais, des manifestations éhontées de la mafia syndicale au sein de l’Université du Québec en Outaouais. Malgré les nombreuses tentatives de citoyens, étudiants, professeurs et chargés de cour pour changer la situation, rien n’y fit, les roitelets ont gardé leur emprise sur le système (en complicité avec la Direction de l’UQO).
Le monde syndical est malade. Les fruits du syndicalisme ont été certes nombreux et d'une grande valeur pour l'évolution du Québec. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. La concentration du pouvoir et la corruption au sein du milieu syndical sont palpables. On n'a qu'à s'entretenir avec les dirigeants des centrales pour s'en rendre compte. Malgré leur discour, on sent que la forte majorité d'entres-eux sont déconnectés des travailleurs. Au final, ce sont les travailleurs y perdent au change. http://blog.wikimemoires.com/2012/08/les-effets-pervers-du-syndicat-institution/
Il est donc devenu nécessaire que quelqu’un quelque part apporte des changements structurels au monde syndical pour que les intérêts de l'ensemble des travailleurs soient mieux représentés qu’actuellement.http://www.lopinion.fr/4-novembre-2014/dominique-andolfatto-syndicalisme-professionnels-d-aujourd-hui-s-est-eloigne
Quant à Ouellette, ( ministre des Ressources naturelles du 19 septembre 2012 au 23 avril 2014) il m’a été rapporté par des employés de son ministère qu’elle n’était pas percue comme la plus compétente (et patiente) des ministres. Ses attaques (et celle de ses collègues) me prouvent une fois de plus que le PQ est le principal obstacle à notre indépendance. Des opportunistes y ont fait leur nid. Comme au sein du syndicat, il est absolument nécessaire de les déloger de là.
Lise Reid Répondre
7 mai 2015Jean-Marc Fournier nous dit- les membres du PQ- d'écouter P.Céré et M.Ouellette
et nous allons-nous écouter Jean-M. Fournier...poser la question c'est y répondre.
Décidément les fédés aiment beaucoup les Ouellette, Cloutier et Céré .
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
6 mai 2015"Alors je vous prie, Madame Ouellet, « give us a break » avec votre tactique d’interrogation totale du « oui ou non » et de votre démagogie du Bonhomme Sept Heures anti-syndical."...
Que ne voilà-t-il pas un bel exemple de "bulleying"!
Maintenant que PKP commence à s'impatienter du système parlementaire aux questions serrées, et à sortir
" les gros mots et les anathèmes" on viendrait lui en suggérer des meilleurs:
« Écoute, Martine, la FTQ s’est déjà prononcée contre la rénovation de la loi anti-scab, alors pourquoi voudrais-tu que je sois pour ? ».
On encourage le meneur à éliminer la concurrence depuis le début en restant muet sur les questions qu'il devra affronter "anyway" face aux Liberals qui l'attendent avec ces mêmes briques. Choisira-t-il alors d'abandonner sa "nouvelle" famille? Il est de bon ton de le formuler ainsi après des insinuations comme " Pierre Dubuc et Martine Ouellet, connaîtraient-ils des organisations de
« leur famille politique » On parle ici d'une ex-ministre (testée) et d'un ex candidat à la chefferie de même parti, toujours en panne de votes.
Remarquons que c'est Martine Ouellet qui fait actuellement le plein de votes chez les autres partis à tendance indépendantiste. Ses anciens collègues sous Marois la trouvent peut-être pas assez macho pour l'appuyer mais ils ont oublié que le recrutement, on ne le fait pas avec un chef autoritaire. On n'entend pas souvent le mot République, qui donnerait le pouvoir à ce peuple déjà trop cynique.
On croirait entendre Jean Chrétien: Give us a Break! Démagogie! Faire du Québec un pays de langue française! De collégialité! Un parti qui ne se cherchera pas un chef à tous les 5 ans!