Depuis cinq ans, la politique française en Syrie se lisait avec un seul objectif : le départ de Bachar el-Assad, comme condition préalable. Un objectif qui ne se discutait pas, sauf à vite basculer dans la traîtrise nationale. Soutenir qu’un pouvoir d’État a le droit de recourir à l’armée nationale pour défendre son territoire contre des groupes armés, qu’une coalition armée internationale n’a aucun droit pour renverser un pouvoir d’État, qu’il y avait aucune solution de rechange, et que l’arrivée des djihadistes à Damas signifierait l’embrasement de la région : tout ceci était inententable. Fabius avait évoqué l’élimination physique de Bachar el-Assad. En 2012, Poutine avait pourtant donné l’explication à Hollande. Cinq ans plus tard, on fait le bilan, et il est assez simple : Hollande dégage, alors que Bachar el-Assad reste au pouvoir. Mais comme si ça ne suffit pas, la diplomatie française vient en plus de se renier : la priorité n’est plus le départ de Bachar el-Assad, mais la lutte contre les djihadistes. En début de semaine, Trump a confirmé qu’il assumait la rupture commencée par Obama, et consommée par la défaite de Clinton la guerrière : le départ du président syrien n’est plus la priorité, parce qu’il s’agit de trouver un accord politique de sortie de crise. Alors que la Turquie est méchamment renvoyée dans ses frontières, se met en place une restructuration du Moyen Orient à partir d’un grand pôle de stabilité construit à partir de Téhéran et de Moscou, qui inclut l’Irak et la Syrie. - Mais c’est pile l’inverse de ce que voulaient les US ? - Oui, et une fois de plus. Devant la réalité du rapport de forces, Trump doit admettre qu’il a mieux à faire ailleurs, et il va falloir qu’il explique à son allié israélien que, maître au Sud-Liban, le Hezbollah est l’un des garants de la stabilité. En moins de 24 heures, la France s’est alignée sur la position étasunienne, avec cette déclaration de Ayrault : « ‘Est-ce que l'on garde Assad ou est-ce que l'on ne garde pas Assad’, ce n'est pas comme cela que la question se pose. La question est celle de savoir si la communauté internationale respecte ses propres engagements ». De la semoule trop cuite cuisinée par une guimauve… Sauf qu’entre-temps un pays et sa population ont été détruit. - Alors, ceux qui, là-bas, avaient cru aux positions étasunienne et française sont trahis ? - Oui, et abandonnés sur le champ de bataille. - Mais ces djihadistes vont avoir un ressentiment lourd contre la France, c’est chaud. - Oui, ça s’appelle l’importation du terrorisme.
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