PERSPECTIVES

Surplus politicien

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Un surplus honteux dans la conjoncture actuelle

Les statistiques se succèdent confirmant que le gouvernement Couillard a agi trop rapidement et a poussé trop fort la note dans son obsession du déficit zéro. Les données préliminaires font ressortir que la cible du retour à l’équilibre prendra plutôt la forme d’un important surplus budgétaire en 2015-2016. Cette réjouissance pour les uns s’arrête aux livres comptables. Car sur le terrain…
L’histoire budgétaire du Québec en est une de déficits structurels, nous rappelait une étude de la Chaire en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke, publiée le mois dernier. D’ailleurs, la nécessité du rééquilibrage des finances publiques faisait consensus. Les critiques sont plutôt venues de cet empressement à emprunter la voie de la rigueur austère ou de l’austérité rigoureuse, c’est selon. Sur le terrain, les statistiques confirment, l’une après l’autre, que la démarche budgétaire de Québec se voulait politicienne, suivant une logique de gouvernement majoritaire empruntant à une lecture économique passéiste.

Le PIB québécois ne fonctionne plus que sur l’un de ses quatre principaux moteurs. Et il carbure à l’endettement record des ménages. Quant au vieux réflexe de miser sur la faiblesse du dollar canadien face à sa contrepartie américaine, il connaît des ratés. Les exportations québécoises ne répondent tout simplement pas à l’appel, comme en témoignent les données de mai de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), publiées mercredi. « Le résultat est qu’après cinq mois en 2016, le volume mensuel moyen des exportations n’a pas progressé par rapport aux cinq premiers mois de 2015 et est largement inférieur à celui de la deuxième moitié de 2015 », ont mis en exergue les analystes de la Banque Nationale.

Mardi, l’ISQ annonçait que le PIB québécois a fait du surplace en avril après deux baisses mensuelles consécutives. L’éventualité que le deuxième trimestre puisse se solder par un déclin de l’économie avait alors été évoquée, tellement les données publiées depuis démontrent une stagnation faisant suite à un premier trimestre marqué par un manque d’investissements privés. D’autant que, si la croissance de l’économie du Québec s’alimente essentiellement des dépenses de consommation, les statistiques récentes ont fait ressortir que le nombre d’emplois a diminué de 11 200 au Québec en juin, sous le poids d’une disparition de 27 400 emplois à temps plein. Comparativement à 12 mois plus tôt, l’emploi au Québec n’a progressé que de 33 000 (+0,8 %).

Au final, à un deuxième trimestre potentiellement négatif pourrait se greffer une révision à la baisse de la cible de croissance pour l’ensemble de 2016, prévient l’économiste de la Nationale, qui ne table déjà que sur une faible progression de 1,3 %.

Défis structurels


Pourtant, à déficits structurels correspondent défis structurels confrontant l’économie québécoise. Certes, il y a cette conjoncture de faible demande mondiale plutôt défavorable au secteur des matières premières, qui perpétue une longue période de déprime des cours des ressources naturelles. Mais au-delà, la démarche budgétaire du gouvernement Couillard a fait fi du choc démographique auquel le Québec fait face et dont les effets sur l’économie vont en s’amplifiant. Elle a également minimisé cet environnement de faible productivité de l’économie québécoise, dont le potentiel, jadis à 3 %, est tombé à 2 % et se dirige rapidement vers les 1,5 %, voire 1 %.
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