Le socle sur lequel repose la lutte au réchauffement climatique s’érode sous l’absence d’un leadership politique catalyseur. Plongé dans ses contradictions fossiles et condamné à cohabiter avec un puissant partenaire dans le déni de l’anthropocène, Justin Trudeau est vite ramené à la réalité. L’appui à sa politique phare de réduction des GES s’effrite.
L’ appui à la taxe carbone nationale est devenu minoritaire au Canada. Partant d’un sommet de 56 % en avril 2015, il est passé à 52 % en novembre 2015 pour tomber à 44 % en juin dernier, révèle un sondage Angus Reid. Même en Colombie-Britannique, qui a adopté la tarification carbone en 2008, la population est aujourd’hui divisée, 50-50.
Seul le Québec fait exception, avec 55 % des répondants soutenant cette approche. Le Québec, avec sa bourse du carbone, est la seule province majoritaire sur cette question mais là aussi l’appui s’étiole, avec une perte de 13 points par rapport à 2015, nous dit la firme de sondage.
Il appert que plus on passe de l’hypothétique à la concrétisation… Un chercheur d’Angus Reid voit dans cet affaiblissement un choc de la réalité au fur et à mesure que l’impact de ces systèmes sur le portefeuille des particuliers devient chiffrable. Une taxe à 10 $ la tonne en 2018, grimpant à 50 $ en 2022, ajoutera, par exemple, 2,3 ¢ au litre d’essence en 2018 et 50 $ par année, en moyenne, sur la facture de chauffage au gaz naturel, a déjà calculé le ministère des Ressources naturelles. Dans cinq ans, ce sera 11,6 ¢ le litre d’essence et 265 $ pour la facture annuelle de ceux se chauffant au gaz naturel.
Autre crainte évoquée dans ce sondage mené quelques jours après la décision de Donald Trump de sortir les États-Unis de l’accord de Paris : la perte de compétitivité transfrontalière. Ils sont 55 % à dire anticiper un déplacement des entreprises là où la réglementation sera moins contraignante et la fiscalité, plus accommodante.
Asymétrie
C’est justement cette asymétrie que l’accord de Paris voulait éviter. COP21 visait une mobilisation de tous autour d’un consensus, même si les cibles retenues ne sont pas crédibles et les efforts pour les atteindre, trop timorés. Or, sans l’engagement du deuxième pollueur de la planète, avec quelque 18 % des émissions mondiales de GES, le leadership politique n’est plus.
Un engagement que l’on savait de toute façon symbolique. Pensons au double discours de la Chine, premier pollueur fossile de la planète se posant en relève aux États-Unis. Un texte de l’Agence France-Presse reprend les données d’une ONG allemande colligées à même les informations diffusées par les entreprises et celles de l’institut américain spécialisé CoalSwarm. Pendant que la Chine se positionne au premier rang des investisseurs en énergies renouvelables et que le rythme de développement des centrales au charbon est en baisse sur son territoire, près de 250 entreprises chinoises, dont les géants étatiques, se retrouvent derrière la moitié des 1600 projets de centrales au charbon lancés ou devant l’être à l’échelle mondiale.
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