Certains de mes fans aimeraient que je leur parle de Lisée qui se lance dans la course aujourd’hui.
Peut-être demain. Car en ce lundi, il importe de discuter d’un événement à ce point rarissime qu’on ne peut le passer sous silence.
Il s’agit des libéraux de Philippe Couillard qui ont connu en fin de semaine un conseil général pénible. C’est plus surprenant qu’un jour clément en mai 2016.
De mémoire, la dernière fois qu’une instance libérale avait produit un message aussi exsangue, c’était lorsque Jean Charest était chef de l’opposition. En tenant un conseil général portant sur l’identité et le nationalisme, on voulait rapprocher le PLQ des Québécois francophones. Les influents militants anglophones avaient rappelé au parti à qui il devait son succès électoral.
Cause toujours
Mon collègue Jonathan Trudeau le soulignait hier, le temps fort d’un conseil général du PLQ, c’est le discours de clôture du chef, contrairement au PQ où les propositions débattues sur le plancher fournissent le plus gros du spectacle.
C’est ce qui s’est passé à Drummondville en fin de semaine. Les militants ont servi une rebuffade au ministre Jacques Daoust en s’inscrivant en faux avec le projet de loi 100.
« La dictature, c’est “Ferme ta gueule”, la démocratie c’est “Cause toujours” », disait Coluche. Le ministre et le premier ministre ont été fermes : pas question de bouger sur UBER.
Tout au plus, on prend la vague promesse de tenir un forum sur l’économie du partage, ce qui a suffi à calmer la grogne à la Commission jeunesse du PLQ. Il reviendra à son président, Jonathan Marleau, d’expliquer à ses membres en quoi le tiers de vote que les jeunes libéraux se targuent de détenir dans les instances n’a pas été ignoré, en fin de semaine.
Le sursaut est quand même révélateur quant aux priorités des tenants des valeurs libérales. En deux ans, personne n’a froncé un sourcil devant les coupes dans les écoles et les CPE, mais quand vient le temps de protéger une multinationale qui place son argent dans les paradis fiscaux, par exemple...
Motivations profondes
On suivait également avec attention le sort réservé à deux autres résolutions. L’une réclamant une hausse du plafond de contribution politique, actuellement fixé à 100 $, et l’autre visant à permettre aux militants de 115 circonscriptions de choisir eux-mêmes leur candidat.
Les motivations profondes des militants libéraux sont encore apparues, à travers cette discussion. Dans un débat surréaliste, on a déploré de ne plus pouvoir récolter les dons de personnes désirant rester anonymes. Il semble que financer un parti ne soit pas un geste qui se pose à visage découvert, au PLQ...
Il demeure quand même savoureux d’entendre un militant admettre la chose suivante avec candeur : « C’est difficile, on n’a pas beaucoup de crédibilité quand on parle de financement. » On prend bonne note et on garde l’article dans ses signets.
La proposition réclamant une hausse du plafond de dons a été adoptée, mais elle a également été balayée du revers de la main par Rita de Santis, s’en remettant au consensus existant sur la question à l’Assemblée nationale. La ministre, selon qui 150 000 $ représentent « des peanuts », a dû se marcher sur le cœur.
Finalement, la résolution sur la tenue d’investiture dans les circonscriptions a quant à elle été battue à plate couture sur le plancher du conseil.
On en apprend donc plus sur la manière dont les valeurs libérales sont reflétées dans la culture interne du parti. Choisir son candidat, c’est non. Ramasser plus d’argent, c’est oui.
L’un dans l’autre, c’est un conseil général à oublier pour un parti libéral qui semble désespérément incapable de stabiliser l’assiette de son CS300 depuis janvier. Au final, le moment le plus rafraichissant aura été l’admission par le premier ministre que son gouvernement avait mal travaillé en éducation, dans son discours de clôture.
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