Le régime libéral s'apprête à octroyer 50 licences de super-cliniques privées. Or, le processus d'octroi de ces machines à imprimer de l'argent est loin d'être transparent et rappelle l'octroi des permis de garderies aux amis du Parti libéral dans les années 2000.
Pour la énième fois depuis 40 ans, le gouvernement cherche à imposer une solution au problème des urgences et des médecins de famille. Dans cette réforme-ci, on forcera les généralistes à quitter les hôpitaux pour retourner en cabinet, à accueillir 1 500 patients et à respecter un taux d'assiduité de 85%. Puisqu'il y aura un «refoulement» majeur dans les cliniques et que celles-ci ne sont plus assez nombreuses pour réaccueillir tous ces généralistes, le ministre a aussi «décrété» la création de 50 super-cliniques privées. Ne vous trompez pas sur leur importance : avec le paiement par épisode de soins, on peut facilement imaginer qu'elles pourront dans peu de temps concurrencer les hôpitaux publics pour la fourniture de soins payés par l'État.
De la concurrence au système public, c'est une bonne nouvelle! Mais ces permis vaudront une petite fortune, tout comme les permis de garderies ou les permis de taxi. Les pharmaciens et les radiologistes salivent à l'idée d'en être propriétaires car ces cliniques seront des sources lucratives de clients pour ces deux types de services. Ces permis feront-ils l'objet d'appels d'offres transparents et ouverts? Y aura-t-il des enchères ouvertes et limpides, comme le fait le fédéral pour l'allocation de fréquences de téléphonie mobile? Permettra-t-on à des entreprises étrangères qui exploitent déjà les meilleurs hôpitaux privés à travers le monde d'enchérir pour acquérir ces permis ou les restreindra-t-on au petit Québec inc.? Les permis seront-ils accordés selon l'épaisseur des enveloppes qui pourraient circuler dans les officines du Parti libéral? Y a-t-il un «deal» avec les syndicats pour les syndiquer, comme on l'a fait pour les CPE? Seront-elles données en prix de consolation aux pharmaciens à qui on a coupé la rémunération? Où ferons-nous face au même corporatisme démesuré qui a scellé le sort de la propriété des cliniques de radiologie (c'est le Dr Gaétan Barrette, lui-même radiologiste et propriétaire de deux cliniques de radiologie, qui avait fait pression en 2008 sur le ministre de la Santé Philippe Couillard pour que soit adoptée une loi limitant la propriété des cliniques de radiologies à des radiologistes)?
Le vérificateur général du Québec avait vertement critiqué la gestion de l'octroi, en 2008, de 18 000 places en garderie par la ministre de la Famille libérale à l'époque, Michelle Courchesne. Près du quart des projets avaient été retenus alors que leur qualité était jugée insatisfaisante, tandis que la ministre avait usé de son pouvoir discrétionnaire pour approuver des projets qui avaient été rejetés par ses fonctionnaires, soit une place sur cinq... Ces révélations avaient même enclenché une enquête de l'UPAC.
Le gouvernement s'apprête à rendre des gens très riches en leur octroyant un des plus gros nananes en santé de la décennie. Philippe Couillard doit nous garantir que ces permis seront émis selon un mécanisme indépendant du politique et à l'abri du copinage et du corporatisme auxquels nous a habitués son parti.
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