L'absence dans la stratégie touristique canadienne d'un volet spécifique sur la francophonie est « très préoccupante », selon l'opposition à Ottawa, qui joint sa voix à celle d'un organisme de développement économique des communautés acadiennes et francophones hors Québec.
Le Réseau de développement économique et d’employabilité du Canada (RDEE), un organisme sans but lucratif présent partout au pays sauf au Québec, publiera mercredi une déclaration pour enjoindre au gouvernement Trudeau de « corriger » la situation.
« Nous avons de la difficulté à comprendre que la ministre [du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie] Mélanie Joly n’accorde pas une place dans sa stratégie au tourisme francophone », affirme le PDG du RDEE, Jean-Guy D. Bigeau.
Il s’agit soit d’un oubli majeur, soit d’une décision en connaissance de cause. Dans les deux cas, c’est préoccupant pour les francophones à travers le Canada.
La semaine dernière, la ministre Joly annonçait sa stratégie fédérale pour le tourisme qui s’accompagne d’un investissement de 58,5 millions de dollars sur deux ans.
Cette stratégie comportait cinq axes : le tourisme hivernal et des saisons intermédiaires, le tourisme autochtone, le tourisme rural et éloigné, le tourisme culinaire et le tourisme inclusif (LGBTQ2+).
« Si le tir n’est pas corrigé, le tourisme francophone sera délaissé pour cinq ans dans un secteur qui évolue rapidement, soutient M. Bigeau du RDEE. On ne peut pas se permettre de marcher, alors que tout le monde court. »
Le RDEE demandait 1,8 million de dollars par année pour la formation, l’expansion, l’innovation, le marketing et la recherche.
L’organisme n’est pas le seul à vouloir mettre de la pression sur Ottawa. Mardi, le député néo-démocrate François Choquette a envoyé une lettre à la ministre pour lui demander « de rectifier le tir et d’inclure un volet francophone ».
C’est insultant pour tous les francophones. Il faut toujours se battre pour défendre la langue française si on veut continuer d’exister comme francophones.
« J’ai trouvé ça anormal », renchérit le conservateur Alupa Clark. « C’est la deuxième fois qu’elle [la ministre Joly] commet cette erreur-là », ajoute-t-il.
Il compare cette annonce à l’entente de 500 millions de dollars avec Netflix qui ne prévoyait pas de clauses pour les productions francophones et « particulièrement québécoises, à la base même de la production francophone au Canada ».
Déjà du financement
Au bureau de la ministre Joly, on assure que le gouvernement a « toujours fait la promotion des deux langues officielles et [il continuera] de le faire. »
« La ministre Joly a d’ailleurs annoncé un investissement de 2,4 millions de dollars pour le projet de corridor patrimonial, culturel et touristique francophone, dont la mise en œuvre a été confiée au RDRE Canada », indique Jérémie Ghio, l’attaché de presse de la ministre.
Il rappelle que la stratégie sur le tourisme mentionne ce projet à la page 10.