Réactions à la contestation judiciaire de la Loi 99

Stéphane Dion, le grand pourfendeur de « séparatistes » devant l'éternel...

Devient carpette quand cette menace vient de l'Ouest

Chronique de Jean-Claude Pomerleau



La contestation de la Loi 99 par le fédéral fait réagir le grand pourfendeur de « séparatistes » devant l'éternel qu'est Stéphane Dion. Du moins quand il s'agit du Québec.
Quand cette menace est venue de l'Alberta et de la Saskatchewan à l'occasion de l'élection fédérale de 2008, il s'est transformé (tout comme Justin Trudeau) en carpette sur laquelle les cowboys de l'Ouest ont prestement essuyé leurs bottes sales, pleines de sable bitumineux.
Démonstration :
***
(Extrait de mon texte : L’implosion du Canada ?) :
(...)
Lors de l’élection fédérale de 2008, Stéphane Dion, alors chef du parti libéral, faisait campagne avec son fameux programme axé sur l’environnement : le « Tournant Vert », vite devenu dans les médias « le tourment vert » suite à la réaction des provinces pétrolières qui y voyaient l’équivalent du « Plan National de l’Énergie » que P.-E. Trudeau leur avait imposé en 1980 (un désastre devenu pour elles un traumatisme historique).
Dans une déclaration commune, les premiers ministres de l’Alberta et de la Saskatchewan y sont allées d’une mise en garde sans équivoque. Si Ottawa (lire les Libéraux) voulait imposer une politique qui nuirait à leurs intérêts énergétiques, il mettrait l’unité du pays en jeu :
« Alberta Premier Ed Stelmach even warned that national unity could become an issue if any federal political parties try to make electoral gains at the “expense” of certain regions. (…) Both Mr. Stelmach and Saskatchewan Premier Brad Wall are worried that the Liberals’ proposed environmental policies, including a carbon tax, would kill off foreign investment in the energy sector and raise production costs. »
Cette déclaration pourtant très lourde de conséquences n’a jamais été rapportée par les médias francophones du Québec. Et pour une raison bien simple, elle ne cadre pas avec la narration de « L’Idée fédérale » !
Et comment a réagi Stéphane Dion, le grand pourfendeur de séparatistes devant l’Éternel quand il s’agit du Québec ? Il est demeuré muet comme une carpe (ou carpette) face à ces cowboys séparatistes.
En 2012, il nous a expliqué qu’à l’époque (2008), il a eu un débat avec ses stratèges à ce sujet, mais qu’il a préféré ne pas répliquer pour ne pas nuire à la « cohésion sociale », un euphémisme pour ne pas nommer la bête de son vrai nom, le séparatisme qui menace l’unité du pays :
« Former Liberal leader Stephane Dion got into the fray Monday, revealing that he turned down a proposal from party strategists before the 2008 election to try to exploit Canadian misgivings over environmental damage caused by oilsands operations.
Dion said Mulcair’s statements were damaging to “national cohesion.” »
Michael Ignatieff allait ensuite remplacer Dion à la direction du PLC. Dans un discours prononcé dans l’Ouest, il démontre bien qu’il a pris acte que l’unité du pays était liée au pétrole de l’Alberta. La menace séparatiste avait porté :
« Over the past several months, Michael Ignatieff has been surprisingly positive toward the Alberta oil sands. In a Vancouver pub this past January, the Liberal leader had this to say : “It [the oil sands] changes everything about our economic future. It changes everything about Canada’s importance in the world.” This is new talk for the Liberal party, and it parallels Prime Minister Harper’s stance on the issue - that energy is a key geopolitical tool for Canada. But Ignatieff has gone even further, framing the oil sands as fundamental to the future of Canadian federalism. “Energy policy in our country is a national unity issue” the leader was quoted as saying at the same Vancouver meeting. Ignatieff’s explicit openness toward the oil sands stems from his desire to rebuild the Liberal Party in Western Canada and to escape the sour political legacy of Pierre Trudeau’s 1980 National Energy Program. »
Michael Ignatieff quitte le PLC et Justin Trudeau arrive dans la course à la direction du parti.
J’ai eu l’occasion de le croiser lors de la campagne électorale de 2008. Voici la question que je lui ai posée au sujet du rapport de force que le gouvernement central devait assumer avec l’Alberta pour imposer son Tournant Vert (j’avais le texte de monsieur Sauvé en tête) :
« Monsieur Trudeau, êtes-vous prêt à assumer le rapport de force avec l’Alberta pour imposer le Plan Vert de votre parti, comme votre père l’avait fait pour imposer son Plan National de l’Énergie ? ». Il a hésité, j’ai insisté. « Monsieur Trudeau êtes-vous prêt à assumer l’héritage de votre père ? », il a bombé le torse et a répondu : « Monsieur, je suis un Trudeau ».... À cet égard, j’aurai aimé l’entendre dire un, « Just watch me ! », encore plus convaincant. Car enfin, en assumant l’héritage de son père face à l’Alberta, il deviendrait un allié objectif de la souveraineté du Québec.
En 2012, j’ai eu ma réponse :
(Cyberpresse, 3 septembre, 2012)
« Le Programme énergétique national était une mauvaise politique pour l’unité nationale, a reconnu Justin Trudeau à Calgary ... C’était la mauvaise manière de gouverner dans le passé. C’est mauvais aujourd’hui. Et ce sera mauvais dans l’avenir »
L’acte de reddition de Justin Trudeau face à l’Alberta, qui va jusqu’à renier l’héritage de son père, marque la fin de la doctrine politique d’un gouvernement central fort qui dicte aux provinces ses volontés (du moins les provinces pétrolières). L’Alberta a renversé le rapport de force. La Doctrine qui a prévalu, de J A McDonald à Jean Chrétien, s’éteint ainsi dans le plus grand silence. Quelle est maintenant la nouvelle doctrine politique de la fédération ?
Suite à la dernière élection fédérale de 2011, l’Alberta a pris le contrôle complet du gouvernement central pour le mettre au service de ses intérêts énergétiques.
(...)
http://www.vigile.net/L-implosion-du-Canada,53555
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Conclusion : les trois carpettes libérales seraient bien plus crédibles si elles avaient eu le courage de réagir devant la menace des cowboys de l'Ouest à l'unité de leur beau grand pays. S'ils se sont couchés, c'est qu'il savaient que toute résistances ne pouvaient que jeter du pétrole (bitumineux) sur le feu.
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Loi 99 : le Québec se reconnait comme un État de jure
Déclaration minitérielle :
http://www.saic.gouv.qc.ca/centre_d..
la raison de son adoption :
La nécessaire doctrine d’État
http://www.vigile.net/La-necessaire-doctrine-d-Etat


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