De façon périodique, des analyses politiques qui soulignent l’éclatement des troupes souverainistes refont surfaces dans les médias. Des réflexions arguent que ces différends découlent de l’absence de clarté au chapitre du discours indépendantiste. D’autres concluent que l’absence d’unanimité autour du mode d’accession à la souveraineté a mené à l’éparpillement des militants.
Deux textes parus la semaine dernière se sont ajoutés aux nombreux autres qui traitent de ces sujets. Ainsi, celui rédigé par monsieur [Nestor Turcotte paru dans le quotidien Le Soleil->10318], tente de démontrer que des souverainistes n’étaient en fait que des adeptes d’un fédéralisme renouvelé menant à la formation d’une véritable confédération. René Lévesque aurait été l’un d’eux. L’auteur ajoute avec regret que les indépendantistes seraient finalement ceux que l’on surnomme à tort les « purs et durs. » Concilier ces deux groupes serait ainsi une tâche impossible.
Et les « autonomistes » là-dedans? L’auteur de Matane pense qu’ils sont surtout composés de gens qui soutiennent une certaine forme de souveraineté-association « à la sauce Allaire. » Mais comme leur chef adéquiste ordonne de ne pas recourir à des termes clairs, il faut endurer ce mot vaseux. Lassés du monopole que les péquistes exercent sur l’enjeu de la question nationale, bon nombre de souverainistes « plus ou moins mous » ont finalement décidé momentanément d’aller du côté de l’ADQ. Il n’est pas assuré qu’ils tourneront le dos à jamais au Parti québécois, encore moins à son article 1. C’est probablement l’avènement d’un événement politique catalyseur qui les fera bouger.
Un autre texte déplore également la mainmise du PQ sur le projet de pays. Une appropriation si absolue qu’elle a fini par imposer la démarche référendaire. Elle seule serait dorénavant valable pour légalement permettre au Québec d’acquérir un statut national. Ce que condamne énergiquement monsieur [Richard Gervais. Dans un texte qu’il a fait paraître sur Vigile le 17 novembre dernier->10362], l’auteur impute à l’obsession référendaire des péquistes le départ de nombreux souverainistes vers d’autres formations politiques. Lui-même milite présentement dans le tout nouveau Parti indépendantiste qui favorise la voie élective comme processus démocratique pour sortir le Québec du Canada.
La nécessité d’obtenir au préalable 50% + 1 vote afin de pouvoir déclarer l’indépendance ne serait pas non plus une obligation, selon monsieur Gervais. L’auteur dénonce ce préalable démocratique auquel plusieurs groupes indépendantistes adhèrent. Ceux-ci pensent que le projet indépendantiste doit d’abord obtenir l’aval d’une majorité absolue de la population afin de recevoir par la suite l’approbation de la communauté internationale. En ce début de XXIe siècle, passer outre cette règle internationale semble plutôt hasardeux. Malgré tout, le militant du PI croit que c’est la déclaration d’indépendance promulguée par les élus d’un État en devenir qui entraîne la reconnaissance des autres pays. Pas le contraire.
Le Parti indépendantiste serait donc autorisé à appliquer son programme sécessionniste s’il faisait élire une majorité de députés lors d’une élection générale. Sous prétexte que les partis fédéralistes le font depuis des lustres, le PI aurait toute la légitimité d’agir comme eux et adopter les mesures indépendantistes présentées aux Québécois durant le scrutin. En tout respect, défaire un cadre politique établi depuis 140 ans commande plus qu’une majorité simple. Bon nombre d’indépendantistes le croient également.
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Voilà qui explique également l’absence de cohésion chez les troupes indépendantistes. Les règles démocratiques qui doivent baliser la démarche politique du Québec vers sa liberté ne font pas l’unanimité chez ceux qui appuient cet objectif. Faute de médias qui veulent accorder un espace honnête pour traiter de cette question, les adeptes d’un mode d’accession autre que l’étapisme référendaire sont regrettablement qualifiés de radicaux. Ce qui condamne automatiquement leur parti ou mouvement à la marginalité.
Voilà qui est triste car l’on évacue alors machinalement la voie élective du débat public qui pourtant mérite d’être entendue. Certaines versions de ce mécanisme démocratique pourraient susciter l’enthousiasme des Québécois qui ne veulent plus risquer d’affronter l’État fédéral dans une joute référendaire ultime. L’immobilisme politique qui empoisonne le Québec depuis 1995 affaiblit tout le monde. Il faut en sortir!
L’option indépendantiste souffre d’asphyxie idéologique. J’en veux pour preuve l’appui qu’il reçoit présentement : soit environ 39%. Seuls des injustices en provenance d’Ottawa gonflent temporairement ce pourcentage. Le plus récent exemple fut le scandale des commandites. Le prochain irritant sera-t-il l’augmentation du nombre de sièges des provinces de l’Ouest à Ottawa? Le projet de remplacement du Sénat par une autre institution fédérale où les compétences du Québec seraient amoindries ravivera-t-il la ferveur indépendantiste?
N’est-il pas pourtant éminemment préférable pour les souverainistes de nourrir l’actualité ponctuellement en décrivant aux Québécois ce que serait leur quotidien dans un Québec libre? Le rétablissement de la loi 101 à son état initial faciliterait grandement l’intégration des nouveaux arrivants. En redonnant une vitrine française aux commerces des villes dont Montréal, l’érosion linguistique dont est victime le Québec serait freinée. Il faut marteler cette réalité qui donnerait simultanément un coup de pouce au projet péquiste sur l’établissement d’une citoyenneté québécoise. Un Québec souverain contrôlera également la circulation maritime sur le fleuve Saint-Laurent. Ce qui n’est pas rien. La préservation des réserves d’eau douce de l’État francophone serait guidée par des législations purement québécoises. Sa représentation internationale politique, culturelle et sportive dans le cadre des jeux Olympiques, ne peut que faire vibrer la fibre nationaliste.
Ces sujets peuvent ranimer l’intérêt général à condition que l’échéancier indépendantiste soit visible sur l’écran radar. Les Québécois doivent donc jouir de la liberté d’appuyer en toute quiétude un projet de pays par le biais d’un processus électoral qui revient aux quatre ans. Cette sérénité ne pourra pas cependant exister sans établir au départ des règles du jeu qui font consensus au sein des principaux acteurs souverainistes. Ce qui n’est pas le cas présentement.
Patrice Boileau
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
21 novembre 2007Bonjour,
Nous sommes tous les deux en communion d'idée.
Michel Gendron
Archives de Vigile Répondre
21 novembre 2007M. Boileau écrit : «Sa représentation internationale politique, culturelle et sportive dans le cadre des jeux Olympiques, ne peut que faire vibrer la fibre nationaliste.
Bonne analyse et très bien pour la vibration ailleurs quand dans le Centre Bell mais...ça va être difficile de convaincre les Québécois que ça va prende la souveraineté totale du Québec pour améliorer la langue française au Québec et la navigation sur le St-Laurent.
Le Québec pourrait aller beaucoup plus loin, dans la situation constitutionnelle actuelle, dans l'enseignement et la protection du français comme l'obligation des CEGEP d'être français etc...même si le Canada protesterait un peu.
Les Québécois n'aiment pas l'idée de se "séparer" du Canada parce que trop se sentent encore canadiens et croient qu'un pays plus grand est préférable, économiquement.
Fait que : Faut changer les termes des discours souverainistes/indépendantistes pour y placer une vraie CONFÉDÉRATION à la place d'une fausse qui nous avait été vendue qui n'était qu'une vulgaire fédération centralisés.
À mon PETIT LAROUSSE GRAND FORMAT, il est écrit au mot CONFÉDÉRATION, mot qui fait si peur à M. Nestor Turcotte de Matane, ce qui suit : "S.v.p. lire lentement"
CONFÉDÉRATION : Association d’États souverains qui ont délégué certaines compétences à des organes communs et SOUVERAINETÉ : Autorité suprême, pouvoir suprême reconnu à l’État qui implique l’exclusivité de sa compétence sur le territoire national et SON INDÉPENDANCE INTERNATIONALE où il n’est limité que par ses propres engagements.
Ça ressemble beaucoup à la Souveraineté-Association du PQ et à l'autonomie de l'ADQ qui devraient collaborer, vu qu'ils sont majoritaires ensemble à notre assemblée nationale, pour travailler à ce but qui devrait avoir plus que 60 % de OUI si la monnaie canadienne et choisie avec la double citoyenneté canadienne/québécoise ave le français comme langue officielle du Québec.
Il n'y a que les purs et durs fédéralistes et indépendantistes radicaux qui seraient contre ça, temporairement. Ils sont moins que 40 % et ils verraient, assez rapidement, que tout est là pour réduire leurs peurs actuelles.