Une brochette de fédéralistes québécois de premier plan a lancé, la semaine dernière, un livre invitant leurs compatriotes à participer fièrement à la [« reconquête du Canada ».->rub633] Il est navrant de constater que des personnes au Québec pensent encore qu’il est possible d’orienter les politiques canadiennes.
Inutile de nommer ces fédéralistes qui ont rédigé l’ouvrage. La plupart sont des orthodoxes dont la cécité historique constitue l’assise intellectuelle sur laquelle repose leur argumentaire. Pour ces gens, les « progrès » que le Québec a enregistrés au fil du temps, dans la fédération canadienne, sont des preuves que ce cadre constitutionnel fonctionne. Pas un mot, ou si peu, sur les luttes acharnées qui ont permis d’arracher quelques gains. À leurs yeux, ces combats féroces représentent des défis excitants qu’il aurait fallu inventer, s’ils n’avaient pas été…
Le développement économique que le Québec a connu serait également imputable aux largesses du fédéralisme canadien. Comme si l’environnement américain n’avait rien à voir avec cette situation! L’enrichissement collectif de la société civile québécoise -- que l’on voudra toujours meilleur -- est naturellement le fruit du processus d’industrialisation des partenaires économiques du continent. Certes, des décisions politiques ont influencé l’implantation de certaines activités économiques à des endroits bien précis du territoire canadien. Pensons à l’industrie de l’automobile qu’Ottawa a décidé d’installer dans le sud de l’Ontario, province, faut-il le rappeler, qui a longtemps dirigé les politiques du gouvernement fédéral. C’est « l’industrie de la péréquation » qui fut réservé au Québec.
Les fédéralistes répondront que l’industrie aérospatiale a été « donnée » aux Québécois. Reste qu’avec le déclin que connaît le secteur de l’automobile, il ne sera pas surprenant de voir l’Ontario tenter de convaincre à nouveau Bombardier d’installer chez-elle certaines de ses activités.
Au-delà des querelles au sujet des décisions de l’État fédéral quant aux « spécialités économiques » qu’il a attribuées « aux régions » (sic) canadiennes, le déclin démographique donc politique que subit le Québec ces dernières années ne peut favoriser un accroissement de son influence à Ottawa. Prétendre le contraire est aller à l’encontre des principes démocratiques. Comment croire alors à une quelconque reconquête du Canada? À moins que le butin visé ne soit que des miettes… Ce qui serait suffisant pour le peuple québécois que la majorité anglophone considère comme une minorité.
Les auteurs du livre « Reconquérir le Canada » incitent les Québécois à afficher leur fierté canadienne! Il est fini le temps où être fédéraliste constituait une maladie honteuse! Pourquoi être complexé d’avoir été trompé par le gouvernement canadien en 1980, avec cette fausse promesse de bonifier les compétences de l’Assemblée nationale? Pourquoi cette gêne de fermer les yeux sur le coup de force de 1982 et le refus de 1990, lors de l’épisode du Lac Meech? Ces quelques humiliations ne représentent que la pointe de l’iceberg. Mais qu’importe : il faut en redemander, même si cela doit entraîner le sacrifice d’autres générations qui y gaspilleront toutes leurs énergies. « Félicitation pour vot’ beau programme! »
Chaque fois que les Québécois ont participé honnêtement au système fédéral canadien en envoyant des leurs au cabinet des ministres, le Québec a été la cible de coups de force qui l’ont affaibli. Curieusement, les fédéralistes ne le mentionnent jamais. Ils reprochent au contraire à leurs compatriotes d’appuyer le Bloc québécois depuis que ce parti existe. Cette formation souverainiste les empêcherait d’avoir accès au pouvoir! Mais lequel ? Celui de nuire au Québec? L’avènement d’un gouvernement minoritaire aux Communes démontre que les troupes bloquistes ont leur place plus que jamais à Ottawa. Ils y détiennent une certaine forme de pouvoir qui permet de mieux alerter les Québécois des coups fumants qui pourraient les frapper. La réforme du Sénat qui se prépare en est un exemple. Même si cette institution est obsolète, sa « modernisation » pourrait se faire au détriment des compétences québécoises.
Avec 75 députés sur un total qui excède 300, le Québec perd son temps à Ottawa. Il est à la remorque des décisions qui s’y prennent. Le développement fulgurant qu’enregistre l’Alberta grâce à ses nocifs sables bitumineux, n’augure rien de bon pour le peuple québécois. Le déplacement du centre décisionnel de Toronto vers Calgary montre que l’Ouest canadien aura sous peu un nombre accru de représentants à la Chambre des communes. Les sensibilités de ces gens ne concordent pas avec les préoccupations québécoises. La reconquête souhaitée risque de se terminer plutôt par une baisse du nombre de sièges accordés au Québec, lui qui peinera à conserver son poids démographique, donc sa différence au Canada.
La reconquête du Canada à laquelle nous convient ces « Don Quichotte » fédéralistes laisse pantois. On accuse souvent les souverainistes de caresser un projet irréaliste. Avouons qu’il a pourtant le mérite de donner comme résultat la mainmise sur l’ensemble des pouvoirs politiques ainsi que le contrôle total des recettes fiscales. Mais surtout, l’option souverainiste va guérir les Québécois d’un mal sournois qui tue lentement : celui d’être minoritaire au sein d’un ensemble politique qui lui est nocif.
Manifestement, la reconquête qui est à faire n’est pas fédéraliste.
Patrice Boileau
Reconquérir quoi ?...
Manifestement, la reconquête qui est à faire n’est pas fédéraliste.
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8 commentaires
Archives de Vigile Répondre
14 novembre 2007Polisss écrit : «Le projet de presse libre, en coopérative, suggéré récemment, ne semble pas avoir trouvé l’émulation requise pour permettre l’élocution de journalistes qui puissent sans menottes surveiller les fédérastes.»
La presse a besoin, en général, d'annonceurs pour prospérer. Les annonceurs sont des entreprises ou des individus à leur compte qui ont besoin de publicité. La grosse majorité, dans ces 2 catégories, est fédéraliste. C'est la raison de la disparition du quotidien, le journal LE JOUR de regrettée mémoire.
Si les annonceurs étaient souverainistes, les journaux pencheraient sur ce côté là, c'est aussi simple que ça. Comme il y a environ 40 % de souverainistes au Québec, les journaux francophones laissent une place à cette option constitutionnelle pour ne pas trop faire choquer et pour mieux abonner cet important segment de la population.
Même la grosse Presse a, au moins, un journaliste souverainiste. Il y en a un ou deux au Journal de Montréal et 2 à 4 au Devoir, j'espère.
Les journaux publient quand même les sorties des députés du PQ et du Bloc. Même chose pour la télé et la radio quand ils disent des choses nouvelles et intéressantes. Exemple : M. Lisée qui vient de sortir un nouveau livre "qui fait l'éloge de la souveraineté du Québec". Il a eu beaucoup de publicité dans tous nos médias où il me semble jouir d'une très bonne couverture, malgré son option constitutionnelle très souverainiste pour le Québec.
Archives de Vigile Répondre
14 novembre 2007Si le projet souverainiste comportait un minimum d'espoir de renouveau économique et démographique, il serait plus intéressant. On nous propose au lieu une espèce de réduit chrétien à la libanaise à l'intérieur duquel nous contrôlerions à 100 % notre déclin. Non merci.
Ce ne sont pas les fédéralistes québécois qui ont accéleré notre afffaiblissement mais plutôt les deux référendums perdus qui nous ont mis en position de faiblesse. Un peu de réalisme s.v.p. dans vos analyses. Un gouvernement canadien, quel qu'il soit, ne pourra jamais négocier de bonne foi avec un parti souverainiste incapable d'obtenir un mandat de son propre électorat.
Le Bloc est un bon exemple de politiciens inutiles. 14 ans à Ottawa en force et quel est leur plus grande réalisation: contribuer à créer la commission Gomery, wow!
Archives de Vigile Répondre
14 novembre 2007La population réunie de l'Alberta et de la Colombie-Britannique dépasse celle du Québec, actuellement ces deux provinces comptent 64 députés vs 75 au Québec, ce qui est une injustice. Le nouveau total sera de 76 députés, ce qui rétablit le ratio.
Crier à l'injustice comme M. Pérez le fait est manquer d'intelligence mathématique. Imaginez comment les chemises se déchireraient au Québec si le contraire se produisait.
Archives de Vigile Répondre
14 novembre 2007Une autre mesure du pouvoir fédéral pour anéantir l'entité politique de la nation québécoise dans ce fédéralisme de décitions perverses et monopolistes contre les intérêts du Québec :
«À partir de 2011, l'Ontario obtiendrait 10 sièges de plus, la Colombie-Britannique sept et l'Alberta cinq, portant le nombre total de députés aux Communes de 308 à 330».
Pour plus de détail : http://www.cyberpresse.ca/article/20071114/CPACTUALITES/71114224/6488/CPACTUALITES
-- Pour une information exhaustive sur le «Plan Harper» :
http://www.vigile.net/Le-plan-Harper-un-piege-pour
http://www.vigile.net/Quebec-du-piege-constitutionnel-au
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«Il est préférable d'être des amis séparés que des conjoints ennemis. Car le fond du problème canado-québécois, c'est bien ça. Et ce sera toujours ça. La cohabitation forcée, ce n'est pas la solution, c'est le problème.» Doris Lusier
Jean Pierre Bouchard Répondre
14 novembre 2007Les conservateurs ont mis dans le placard un projet de redécoupage de circonscriptions augmentant de plusieurs sièges la représentation de l'Ontario et de l'Ouest sans rien accorder au Québec. Un placard dont la porte s'ouvrira après les prochaines élections fédérales. L'équipe Harper va réduire la représentation politique du Québec aux communes en passant sans doute aussi par le sénat. Le Bloc fait ce qu'il peut mais là il aura un rôle décisif à jouer.
Ceux qui ne comprennent pas que le Canada est une imposture et une entreprise de génocide tranquille sont aveugles et sourds.
Justin Trudeau n'est qu'un nom surfait.
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
14 novembre 2007Monsieur Bousquet|
Faire surveiller nos intérêts à Ottawa par les JOURNALISTES!
Avez-vous eu une absence? Vous savez qui paie les journalistes qui écrivent dans quels journaux publiés dans quels intérêts au Québec!
Vous savez bien pourquoi nous sommes tous ici à bavarder sur ce site clandestin d'internet, consulté par 2000 personnes!
Aucun journal d'envergure n'accepte de publier des commentaires séparatisss...
Le projet de presse libre, en coopérative, suggéré récemment, ne semble pas avoir trouvé l'émulation requise pour permettre l'élocution de journalistes qui puissent sans menottes surveiller les fédérastes.
Archives de Vigile Répondre
14 novembre 2007La dualité exercée afin de monopoliser le pouvoir centraliste dans un régime fédédal divergent pour une des parties, telle le Québec, composantes de cet État, provoquera toujours la diversité des conceptions afin que la lutte pour l'exercice de ce pouvoir demeure, avant tout, la capacité que possède un groupe d'intérêts politiques d'en obliger un autre à accomplir ou ne pas accomplir un acte déterminé, sous peine de sanction. La contrainte physique est le recours ultime du pouvoir mais l'obligation (qui définit le pouvoir) est le plus souvent fondée sur une «légitimité», comme la tradition ou la loi. Si la politique est la lutte pour l'exercice du pouvoir et si le pouvoir est la capacité de contrainte, alors il y a de la politique partout. C'est-à-dire, dans ce régime fédéral de contraintes et de mainmises, le Québec ne doit pas continuer à servir de lien politicoéconomique qui maintient la sauvegarde des intérêts de ceux qui monopolisent ce pouvoir fédéral centralisateur.
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Aux amis du pouvoir, les faveurs et les privilèges; aux ennemis de ce pouvoir, la loi.
Archives de Vigile Répondre
14 novembre 2007Vous écrivez : «Les troupes bloquistes ont leur place plus que jamais à Ottawa ce qui permet de mieux alerter les Québécois des coups fumants qui pourraient les frapper.»
Les Québécois pourraient aussi être avertis facilement par les journalistes québécois qui surveillent Ottawa de près.
Je crois, au contraire, que le Bloc permet aux Québécois de se sentir plus chez-eux à Ottawa et tous les bons coups réussis par le Bloc "ce qui améliore la fédération d'autant", éloigne de la souveraineté du Québec.
C'est encore la bonne vieille théorie que le divorce n'est pas facilité quand le couple s'améliore, contrairement aux dires de M. Gilles Duceppe qui croit dur comme fer que, plus que les choses s'améliorent pour le Québec dans la fédération, plus ils seront tentés de s'en séparer. Ou que, la politique du pire est la pire des politiques, en parlant de leur contribution à la vie canadienne. Ayoye le raisonnement !
On est, quand même, et malgré ça, assez content d'élire des députés du Bloc à Ottawa sans l'avoir trop raisonné, juste pour le plaisir de voir un nationaliste québécois là à la place d'un fédéraliste plus ou moins centralisateur, conservateur ou libéral.
Un récent sondage pour le Globe & Mail et pour le réseau CTV démontre que les Canadiens croient que Stéphane Dion devrait quitter la direction du Parti libéral et être remplacé, dans l'ordre par : Justin Trudeau, Michael Ignatieff, Bob Rae et Gerard Kennedy.
Les Canadiens aiment tellement ça un Québécois hautain pour les siens et qui nie la nation québécoise comme Pierre "l'aéroport" Trudeau, qu'ils sont prêts à faire confiance à son fils, un jeune sans expérience, comme Justin "multi-culturel" Trudeau, en espérant qu'il continuera, comme premier-ministre du Canada, la politique de son père : Just watch me with les séparatissssss.