Pauline Marois en compagnie de Jacques Parizeau lors de la campagne électorale de 2008. Photo François Roy, archives La Presse
***
Lia Lévesque et Rémi Nadeau - La chef péquiste Pauline Marois se défend d'avoir placé l'option souverainiste sur la glace, même si elle refuse toujours de fixer un échéancier pour la tenue d'un référendum.
Interpellée indirectement par Jacques Parizeau dans un livre sur la souveraineté, Mme Marois soutient que les propos de l'ex-premier ministre sont conformes à la démarche déjà mise en branle par le Parti québécois.
Dans son essai «La souveraineté du Québec, hier, aujourd'hui et demain», M. Parizeau interpelle le mouvement souverainiste, l'enjoignant d'élaborer les programmes de gouvernement d'un Québec indépendant avant même de prendre le pouvoir.
En entrevue à La Presse Canadienne lundi, Mme Marois a soutenu que c'est exactement ce à quoi s'affaire actuellement son parti.
«Nous avons adopté un plan de match sur la souveraineté le printemps dernier, dans lequel nous avons mis de côté la date d'un référendum, et nous nous sommes concentrés sur le projet de pays lui-même», a dit celle qui soutient avoir provoqué «une rupture avec l'attentisme».
Elle rappelle que le PQ tiendra d'ici un an quatre forums pour élaborer des mesures de gouvernance souverainiste, dont le premier se déroulera ce week-end à Montréal, sous les thèmes de la culture, la langue et l'immigration.
Les prochains porteront sur l'économie, les politiques sociales et l'indépendance énergétique.
«Quand M. Parizeau dit qu'il faut renouveler les idées, parler du pays, c'est ce que nous faisons, avec l'aboutissement de cette démarche au congrès de juin 2011, qui nous permettra de parler de souveraineté à la prochaine élection», a-t-elle continué.
Tout comme M. Parizeau, elle affirme qu'un troisième référendum sur la souveraineté est nécessaire, mais répète qu'il n'est pas question pour le parti de s'engager à tenir cette consultation dans un délai précis.
«Je ne me piégerai pas dans une stratégie qui ferait ensuite qu'on soit tenu de le faire et que ce ne soit pas le moment pertinent. Mais les gens sauront qu'en nous élisant, oui, il est possible qu'il y ait un référendum.»
De son côté, l'ancien premier ministre péquiste Bernard Landry partage l'avis de Jacques Parizeau: un troisième référendum sera nécessaire et oui, le discours souverainiste doit être modernisé pour s'adapter au contexte de la mondialisation.
«La conjoncture et l'évolution planétaire nous forcent à le renouveler. C'est une de mes thèses d'ailleurs depuis longtemps: la mondialisation rend plus importante et nécessaire l'indépendance des nations. Et ce n'est pas pour rien qu'il y a 30 nouvelles nations indépendantes depuis 30 ans ou à peu près.»
M. Landry a été interrogé au sujet de l'ouvrage de M. Parizeau qui sera officiellement lancé lundi soir, mais qui a déjà donné lieu à quelques articles et entrevues.
Pour l'essentiel, M. Landry partage les vues de M. Parizeau et croit qu'il a raison de remettre maintenant le débat sur la souveraineté dans l'actualité.
«Il y a des décisions qui ne peuvent plus être prises au plan national parce qu'elles touchent l'ensemble de l'humanité, alors elles seront prises par des institutions internationales. Et, dans international, il y a nation», a-t-il affirmé, citant le cas de l'environnement et des grands accords internationaux dans ce domaine.
Le premier ministre libéral Jean Charest, quant à lui, a admis qu'il n'avait pas lu le livre mais qu'il pouvait déjà en dire, après avoir lu les reportages à ce sujet: «ce que je constate, c'est qu'on revient toujours sur la même question». «Ils vont encore se dévorer à nouveau sur cette question-là de la souveraineté».
Selon le premier ministre, le phénomène de la mondialisation rend au contraire le système fédéral «encore plus pertinent».
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé