Les Etats-Unis ont appelé le 26 février au vote d’une résolution réclamant notamment la tenue de nouvelles élections au Venezuela. En réponse, la Russie présentera un autre projet de résolution visant à garantir la souveraineté du pays.
La Russie a dénoncé le 26 février au Conseil de Sécurité de l'ONU la menace américaine de recourir à la force contre le Venezuela. «Nous exigeons de cesser de violer les résolutions de l’Assemblée générale des Nations unies et de respecter les frontières, la souveraineté et l’unité nationale du peuple vénézuélien conformément à la charte des Nations Unies», a déclaré le représentant permanent russe à l'ONU, Vassili Nebenzia.
Deux projets de résolutions, deux visions de la souveraineté
Qualifiant d'«hypocrite» l'appel de Washington a faire venir de l'aide humanitaire au Venezuela, Vassili Nebenzia a estimé que la crise actuelle ne pouvait être résolue que par la levée des sanctions économiques américaines. «Il est nécessaire de lever immédiatement l’interdiction des comptes des entreprises vénézuéliennes dans les banques américaines […] pour permettre l’achat de médicaments et d’aliment de première nécessité», a-t-il ajouté.
Le représentant russe a en outre annoncé à cette occasion que son pays préparait un projet de résolution visant à soutenir et garantir la souveraineté et l’intégrité territoriale du Venezuela. Contrairement à Washington, Moscou, en concertation avec le gouvernement vénézuélien avait envoyé, le 21 février, une cargaison de médicaments et d’équipements médicaux par l'intermédiaire de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Le représentant russe régissait à la proposition américaine de voter cette semaine une résolution exigeant la tenue d'élections et à la livraison d'une aide humanitaire au Venezuela. «Les Etats-Unis et la communauté internationale doivent soutenir le peuple vénézuélien dans ses efforts pour reprendre le contrôle de sa démocratie. Nous devons respecter leur constitution et leur souveraineté. C’est pourquoi nous devons soutenir la présidence intérimaire de Juan Guaido [autoproclamé président par intérim du pays]», a déclaré l’émissaire américain pour le Venezuela, Elliott Abrams.
L’attachement apparent de Washington à la souveraineté du Venezuela contraste pourtant avec son engagement sur les affaires intérieures du pays. En témoigne la récente tenue en Colombie, pays frontalier du Venezuela, d'une réunion en présence du président vénézuélien autoproclamé Juan Gaido, du vice-président américain Mike Pence ainsi que de représentants des pays membres du Groupe de Lima, majoritairement hostiles à Nicolas Maduro. A cette occasion, les participants avaient évoqué les voies et moyens pour contraindre le président vénézuélien Nicolas Maduro, réélu pour un second mandat en mai dernier, à quitter ses fonctions. Mike Pence a rappelé que pour Donald Trump, «toutes les options [étaient] sur la table.».
Les autorités américaines ont en outre multiplié les sanctions visant Caracas. Dernier épisode en date : le gel, par le Trésor américain, des avoirs de quatre gouverneurs vénézuéliens.
Pékin et Moscou sur la même longueur d’onde
De leur côté, les ministres chinois et russe des Affaires étrangères ont exprimé ce 27 février leur ferme opposition à toute intervention militaire contre le Venezuela. «Nous travaillons avec tous les pays qui ne sont pas moins que nous inquiets du scénario d'une ingérence militaire [au Venezuela]», a déclaré le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov à Wuzhen (Chine), lors d'une réunion trilatérale avec ses homologues chinois et indien. «Je crois que les Etats-Unis devraient écouter ce que pensent les pays de la région» a-t-il ajouté alors que le groupe de Lima, pourtant soutien de premier plan de Juan Guaido, avait annoncé le 25 février rejeter la solution militaire.
Une position partagée par son homologue chinois, Wang Yi, qui a déclaré : «La question vénézuélienne est par nature un problème interne au Venezuela.»