Si vous avez eu la chance de jeter un coup d'oeil sur Le Journal en fin de semaine, vous n’avez pas pu manquer le dossier très intéressant qu’on nous y présente sur l’éducation en Ontario. Visiblement, nos voisins réussissent mieux que nous dans plusieurs sphères. On se demande aussi comment appliquer certaines recettes chez nous, au Québec.
Le premier ingrédient est difficile à trouver. Comme lorsque vous achetez un livre de cuisine et qu’on y écrit que les graines de nigelle sont essentielles à l’élaboration d’un plat. Souvent, vous tournez la page et choisissez une autre recette parce que cet ingrédient ne se trouve que dans une boutique du marché Jean-Talon. Vous vous contentez de la recette qui demande du gingembre, plus facile à réaliser.
Au Québec, l'ingrédient magique que nous recherchons tant ne se trouve pas au rayon du ministère de l’Éducation ni dans les officines des commissions scolaires : il se nomme la priorité.
Mettre l’éducation au centre de nos priorités ? Trop compliqué ! Trop cher ! On se rabattra sur la page suivante : rapiécer, «botcher», se contenter du « mieux que rien », faire des miracles avec des trente cennes.
En effet, quiconque affirmerait qu’au Québec, l’éducation est au centre de nos priorités serait totalement aveuglé par le déni, ou n’aurait pas mis les pieds dans une école depuis belle lurette. Comme dans tout examen à question à choix multiples, vous pourriez aussi choisir C : toutes ces réponses.
Il suffit de jeter un oeil sur l’état de nos écoles pour s’en convaincre : l’éducation a la mine grise des jours de pluie de novembre. Aussi grise qu’une pointe de crayon HB ou que la couleur d’une gomme à effacer, à la fin d’une année scolaire.
On parle d’ailleurs, dans le dossier, de formation continue. Demandez aux enseignants autour de vous, tous vous diront la même chose : même s’ils voulaient se former davantage, ils se buteraient au manque de financement. Il y a pourtant des budgets de formation continue dans les écoles. C’est un comité composé d’enseignants et de membre de la direction, appelé Comité local de perfectionnement (CLP) qui gère les demandes de formation continue des enseignants. Par contre, la formation coûte cher : combien coûtent les frais d’inscriptions à un congrès professionnel ?
Cher. Et non, on n’y teste pas de chaises électroniques assorties d’écouteurs à bruits de vagues.
La facture grimpe vite : frais d’hôtel si c’est à l’extérieur de votre région, transport, repas, sans oublier les coûts de suppléance, car quelqu’un devra s’occuper de vos élèves durant votre absence. Certains congrès se mettent toutefois à la page. Je pense d’ailleurs au congrès de l'Association québécoise des professeurs de français (AQPF) (transparence : j’en suis présidente !) qui offre présentement un forfait de congrès par vidéoconférence : exit les frais d’hôtels et de transport ! Bonjour aux enseignants des régions éloignées !
La réalité, c’est que les enseignants se butent à toutes ces restrictions qui limitent leur accès à une formation supplémentaire qui leur permettrait de mieux guider leurs élèves, d’innover. Souvent, on limite l’accès à un congrès à quelques enseignants seulement. On tente d’accorder à chaque enseignant un budget équivalent, ce qui fait en sorte qu’on se retrouve souvent dans une petite formation dans les bureaux de nos commissions scolaires plutôt qu’entourés d’experts dans un congrès professionnel.
Idem pour un enseignant qui veut se perfectionner au niveau académique, la tâche est aussi laborieuse : les commissions scolaires n’accommodent pas les horaires de ceux qui voudraient faire partie de la relève de direction d’établissement ou de spécialistes en didactique, ni ne les aident financièrement, contrairement à de multiples compagnies privées. Il est difficile de continuer sa formation afin d’offrir davantage à son milieu quand celui-ci ne vous aide ni ne vous encourage à le faire.
Il serait primordial de hausser les fonds disponibles liés à la formation continue afin d’offrir la possibilité aux enseignants d’enrichir leurs connaissances dans diverses sphères, que ce soit les nouvelles recherches ou la manipulation des nouvelles technologies, l’accès au nouveau matériel pédagogique ou à la multitude de ressources disponibles. Le baccalauréat en enseignement ne garantit pas une formation à vie. La formation continue s’avère une piste plus qu’intéressante pour permettre aux enseignants de se former. Pourtant, la plupart du temps, ce sont les conseillers pédagogiques qui ont la chance de se former davantage, alors que les enseignants eux ne peuvent le faire.
Mais bon, accorder de l’importance à l’éducation, et aux budgets qui vont avec, il faut croire que ce n’est pas dans les plans du Québec.
Parfois, je me demande si je suis mieux de continuer de rêver en regardant ceux qui ont décidé de le faire.
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