Des dirigeants juifs de Pologne et de plusieurs pays ont dénoncé les déclarations de Tadeusz Pieronek sur la Shoah.
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Les déclarations de monseigneur Tadeusz Pieronek sur le site Pontifex.roma.it, lundi 25 janvier, ont déclenché des réactions outrées, particulièrement de la part des institutions juives. L'évêque polonais à la retraite aurait déclaré au site catholique traditionaliste italien que "la Shoah en tant que telle était une invention juive".
Des propos "ignobles"
Le Conseil Représentatif des Institutions juives de France (CRIF) a notamment publié un communiqué dans lequel il dénonce les propos "ignobles" de l'évêque polonais sur la Shoah.
Le CRIF rappelle que cette déclaration scandaleuse a été prononcée quelques jours après les propos réitérés par Mgr Richard Williamson.
Il y a un an, Mgr Williamson, un évêque de la fraternité Saint-Pie X avait provoqué un tollé en déclarant : "Je crois que les chambres à gaz n'ont pas existé". Dans une vidéo postée le 14 janvier 2009, il affirmait, à propos de son procès en Allemagne pour "incitation à la haine raciale" : "[C'est de l'] excitation raciale, parce que j'ai mis en question les 6 millions de juifs gazés, et le mettre en question c'est un crime selon le droit allemand, donc ils m'attaquent". En effet, s’il a présenté publiquement ses excuses pour le scandale provoqué il y a un an, Mgr Richard Williamson n’a en effet pas voulu revenir sur le fond de ses propos.
Malgré tout, le CRIF affirme soutenir le dialogue judéo-catholique, car, explique le communiqué, les positions de Mgr Pieronek et de Mgr Williamson sont très minoritaires.
Scandaleux et "grotesques"
Leone Passerman, ex-président de la communauté juive de Rome qui figurait parmi ceux qui ont accueilli le pape Benoît XVI à la synagogue de Rome le 17 janvier, s'est dit "totalement scandalisé par ces commentaires, tout particulièrement s'ils émanent d'un membre de la hiérarchie ecclésiastique".
Aux Etats-Unis, le Rassemblement des survivants de l'Holocauste et de leurs descendants a jugé les propos de Pieronek "grotesques".
Piotr Kadlcik, président de la communauté juive de Pologne qui était la plus importante d'Europe avant la Seconde Guerre mondiale, a exprimé l'espoir que cette nouvelle controverse ne porte pas préjudice aux commémorations prochaines de la Shoah.
En effet, ces propos ont été tenus alors que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu est arrivé lundi soir 25 janvier en Pologne où il participera mercredi aux cérémonies du 65e anniversaire de la libération de l'ancien camp d'extermination nazi d'Auschwitz-Birkenau.
Une nouvelle polémique
La presse a également réagi face à cette nouvelle polémique. Le site internet de l'EJP (European Jewish Press) a ainsi commenté la position de l'évêque polonais et rappelé que ces déclarations intervenaient alors que les relations entre l'Eglise catholique et les communautés juives ont récemment connu des tensions, après la décision du pape Benoît XVI de faire avancer le processus de béatification de Pie XII, pape critiqué pour son silence face à la Shoah.
The Jerusalem Post a également critiqué les propos de Tadeusz Pieronek en expliquant qu'il "avait allégué que les Juifs aujourd'hui servent de l'Holocauste comme 'une arme de propagande, servant à obtenir des avantages qui sont souvent injustifiées'". Le journal explique que malgré tout "Pieronek nie avec véhémence que ses paroles découle de l'antisémitisme".
La presse polonaise est restée plutôt silencieuse à ce sujet. Le quotidien polonais Rzeczpospolita est un des rares à être revenus sur le sujet dans son édition du 26 janvier. Cependant, les positions tenues sont moins radicalement critiques vis à vis de Tadeusz Pieronek, soulignant notamment que le responsable catholique a nié par la suite avoir tenu certains des propos que le site internet italien lui attribue.
Des propos exagérés ?
En effet, Pieronek, ancien secrétaire de la conférence épiscopale polonaise, est intervenu, lundi 25 janvier, à la télévision polonaise pour dire qu'on avait manipulé ses propos. Il a nié en particulier avoir prononcé la phrase "l'Holocauste en tant que tel est une invention juive".
Il a également dit ne pas avoir "autorisé" la publication de l'interview, qui reste en partie consultable sur le site.
"Il est indéniable que le plus grand nombre des morts dans les camps de concentration étaient des Juifs, mais il y a aussi sur la liste des tziganes polonais, des Italiens et des catholiques", dit-il dans l'interview.
Alors, Bruno Volpe, le journaliste qui a réalisé l'interview a-t-il vraiment extrapolé ses propos ou l'évêque se sent-il contraint de faire marche arrière ?
A ce sujet, Piotr Kadlcik explique que "cela a provoqué des commentaires très durs des deux parties et cela montre à quel point le dialogue entre les deux religions est fragile, ce qui est vraiment préoccupant".
(Anne Collin - Nouvelobs.com)
CATHOLICISME
Shoah : les propos de l'évêque polonais condamnés
"Il est indéniable que le plus grand nombre des morts dans les camps de concentration étaient des Juifs, mais il y a aussi sur la liste des tziganes polonais, des Italiens et des catholiques", dit-il dans l’interview.
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