Se peut-il que si tous étaient prospères, tout le monde serait fédéraliste?

Tribune libre

À voir où se trouvent les bastions fédéralistes au Québec, il y a quelque chose qui saute aux yeux immédiatement.
Le West Island et la grande région de Québec sont reconnus comme étant les régions les plus prospères du Québec.
Et en même temps, ce sont des bastions fédéralistes.
Se peut-il que de la prospérité découle la tendance à être fédéraliste?
Car le West Island est généralement anglophone et la région de Québec généralement francophone. Ainsi ce n'est pas au niveau de la langue que ces régions sont unies dans un fervent fédéralisme canadien.
Mais étant donné que la souveraineté a d'abord à voir avec la défense de la culture française, il est plus surprenant de voir ce fédéralisme affiché à Québec.
Certains pourraient dire qu'à Québec, c’est un choix de société qu’ils ont fait. Ils préfèrent être colonisés.
Mais il y a autre chose. J'ai parlé à des fédéralistes de la ville de Québec. Évidemment, ils ne te le diront pas carrément. Mais, étant donné que leur vie ne va pas si mal merci, et qu'ils sont parmi les "satisfaits" de la société, ils craignent tout changement au statu quo qui pourrait leur faire, dans leur esprit, perdre quelque chose ou mettre en danger leur train de vie.
Ainsi, il y a bel et bien relation entre le fait d'être prospère et d'être fédéraliste.
Ça pourrait être drôle mais ça ne l’est pas pour les souverainistes car ça rend la souveraineté difficile.
Comment voulez-vous faire la souveraineté quand les gens qui habitent la capitale nationale veulent à tout prix restés attachés au Canada ?


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7 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    1 avril 2012

    Madame Grogières,
    Je vous remercie de m'accorder le crédit d'avoir vu juste.
    Cependant, j'aimerais ajouter quelque chose. Je vous demanderais de méditer cette citation de l'auteur français Yvan Blot:
    "On sait depuis Aristote que les très pauvres et les très riches sont les classes les moins attachées à leur patrie et à leurs racines, pour des raisons opposées d’ailleurs (manque de patrimoine, y compris culturel pour les premiers, liberté de voyager au loin pour les autres)."
    http://www.polemia.com/article.php?id=1793
    Ainsi, une vie décente pour tous est un "must" car le manque de patrimoine (matériel et culturel) brise les attaches qu'un citoyen peut avoir avec ses racines et sa patrie.
    Et ça a le même effet pour ceux qui ont trop de superflu et d'argent.
    Ces deux extrêmes ne se sentent plus attachés à leurs racines et leur patrie.

  • Archives de Vigile Répondre

    1 avril 2012

    Pour renchérir, Didier, je lisais ce matin la chronique de Louis Cornellier, dans Le Devoir, où il rapportait les écrits de Paul-Émile Roy. Ce dernier se plaint de ce que la Révolution dite tranquille devait améliorer le sort matériel des Québécois et déboucher par la suite sur l'indépendance, mais elle s'est arrêtée net après avoir réussi à faire progresser les conditions de vie au Québec.
    À l'instar de Cornellier, je suis en désaccord avec la nostalgie de Roy à propos de l'époque où le catholicisme régnait ici. Cependant, je lui donne raison sur la révolution inachevée.
    Et votre intuition est tout à fait la bonne, lorsque vous posez la question de départ, à savoir si ventre plein et poches remplies font adhérer au Canada. Vous connaissez d'ailleurs la réponse à votre question: le confort qui mène à l'indifférence. Le confort qui nous fait oublier notre âme, notre identité. Ce n'est pas pour rien que Trudeau, de triste mémoire, disait qu'il suffisait au Canada de dépenser beaucoup d'argent afin de garder le Québec en son sein. Le scandale des commandites est d'ailleurs une belle illustration de l'application de cette forme de pensée.
    Ainsi, force nous est donc de constater que la plate-forme idéologique qui consiste à mettre de l'avant l'amélioration du sort des moins nantis est une proposition qui, malgré ses vertus certaines au point de vue humain, contient les germes de notre propre déchéance au point de vue existentiel. Elle risque fort de nous attacher à notre esclavage actuel.
    C'est pourquoi je pense que ce combat est voué à l'échec, et doit plutôt porter, pour être victorieux, sur notre libération.
    Ensuite, nous nous occuperons de notre population, et serons davantage en mesure de le faire, selon nos propres valeurs.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 mars 2012

    Didier, vous posez là une question centrale. Elle résume à elle seule pourquoi faire de l'amélioration du sort des moins nantis, comme le propose QS, la base de l'action politique, ne peut mener à la souveraineté. Je ne dis pas qu'il ne faut pas se soucier des moins nantis, comprenez-moi bien, au contraire. Mais cela ne peut en aucun cas figurer comme un prérequis à la souveraineté du peuple québécois. Il y a plusieurs raisons de faire la souveraineté, et la principale est qu'un peuple doit se gouverner entièrement et non être subordonné à un autre, comme c'est le cas actuellement. En se gouvernant, en ayant sa propre boîte à outils, il pourra améliorer le sort de sa population. L'inverse ne peut être vrai.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 mars 2012

    Monsieur Côté,
    Je suis d'accord avec ce que vous dites.
    On peut alors conclure que les seuls perdants de la société au Québec ne sont ni les souverainistes, ni les fédéralistes, mais les miséreux à 575$ pour une personne seule à l'aide sociale, pas de quoi vivre décemment avec l'hiver que l'on a et tous les besoins de base que nécessite une vie décente.
    Encore une fois, à quand le revenu de citoyenneté universel pour lequel militait le grand Michel Chartrand afin que tous puissent vivre décemment et heureux au Québec?

  • Archives de Vigile Répondre

    29 mars 2012

    Madame Simard,
    Il est évident qu'il y a beaucoup de gens "satisfaits" et heureux de leur sort à Québec. Et c'est pourquoi ils préfèrent le statu quo socio-économique et politique.
    GV y va d'un commentaire très pertinent à propos d'un article ici sur Vigile:
    "Ce sont en bonne partie les humbles et les démunis qui ne votent pas."
    http://www.vigile.net/Benoit-XVI-au-Mexique-et-a-Cuba
    Ainsi, ceux qui vont voter sont justement les "satisfaits" de nos sociétés.
    De cette façon, ils reproduisent le statu quo socio-économique à chaque élection.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 mars 2012

    C'est évident, le PIB par habitant au Canada est de 39 000 $, avec des programmes sociaux passablement généreux. La plupart des gens au Québec ne sont jamais confrontés au Canada anglais de leur vie. Ils ne réalisent pas ce que le Canada anglais pense d'eux. Ils ne lisent pas les journeaux anglais. Ils sont indifférents au fait que les politiques économiques fédérales favorisent systématiquement le Canada anglais. Ils ont des maisons, des autos, ils vont en vacance dans le Sud, etc. L'image du fédéral, c'est Radio-Canada. Belle image, ça. Puis, là, il faudrait qu'ils mettent ça à risque? Monnaie québécoise? Elle vaudrait quoi? Partition? Le Canada anglais essaierait. Troubles sociaux? Il ne faut pas l'exclure, surtout avec une majorité courte. On lit sur Vigile que le pire ennemi de l'indépndance, c'est Paul Desmarais, André Pratte, etc. C'est, pas eux autres. C'est le PIB à 39 000 $ par habitant le pire ennemi de l'indépendance et possiblement la crainte d'un État trop dirigiste au Québec par la suite.
    L. Côté.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 mars 2012

    Et vous auriez trouvé la clé du «mystère de Québec»? Belle hypothèse, mais exemple: les deux grands pôles de la Côte-Nord, Baie-Comeau et Sept-Iles, ont des revenus d'emplois et des revenus disponibles plus élevés que ceux du «pôle» Québec et ils sont très majoritairement indépendantistes. On l'a vu à l'occasion des référendums, la Côte-Nord ayant donné au Oui la plus forte proportion de tout le Québc. Le vrai problème, et qui fausse les perceptions, c'est que Québec n'est pas une «capitale nationale», ne serait-ce que parce que les grandes décisions se prennent à Montréal, là où sont les vrais lieux décisionnels, ceux d'Hydro et de la CDP notamment. Québec est une ville comme les autres, populeuse certes, mais pas plus pas moins que Drummondville, comme aurait dit le magazine Hara Kiri. C'est sans plus une capitale régionale. Faut chercher le mystère Québec ailleurs.