Scheer veut nous passer un... pipeline

0caa619a83a5cc12f8c6662345b3e631

Le PCC, visage politique du lobby pétrolier



S’il est élu premier ministre, le chef conservateur Andrew Scheer veut créer un corridor énergétique pancanadien. Une zone qui traverserait le pays d’un océan à l’autre et qui serait réservée au passage de pipelines et de lignes électriques à haute tension.




On présente ce projet comme si le Québec y trouvera son compte. On laisse sous-entendre que ce sera un deal « pétrole contre électricité » avec l’Alberta.




Dans les faits, ce sera tout le contraire. Les conservateurs demandent un chèque en blanc au Québec. Un droit de piétiner notre territoire en étouffant notre voix. En plus d’une perte de pouvoirs quant aux évaluations environnementales.




Autoroute pétrolière




Les raffineries du Québec n’ont pas besoin de plus de pétrole de l’ouest. La moitié de tout ce qu’on raffine provient de l’Ouest canadien. Un autre 40 % vient des États-Unis.




Nos besoins sont à ce point comblés que nous exportons des produits déjà raffinés. Nous n’utilisons presque plus de pétrole provenant de pays qui violent les droits de la personne.




Le corridor de M. Scheer ne servira donc pas à nous approvisionner, mais bien à exporter le pétrole sale de l’ouest vers l’étranger. En devenant une autoroute à pipelines, le Québec subira des risques environnementaux sans promesse de réelles retombées.




Et notre électricité là-dedans ?




Le Québec tente bel et bien de trouver de nouveaux débouchés pour ses surplus d’électricité. Mais on ne s’est jamais rué aux portes de l’Alberta pour cela. Notre marché se trouve au sud.




La semaine dernière, c’est dans le nord-est des États-Unis que François Legault vendait notre électricité. Le Québec est en passe d’éclairer la ville de New York. M. Legault tente même de convaincre l’État du Texas d’acheter notre énergie propre.




Alors, si nous ne sommes pas intéressés à faire passer nos lignes électriques par le corridor fédéral, à quoi servira-t-il ?




À ouvrir tout grand notre territoire à un concurrent : Terre-Neuve.




Depuis une décennie, cette province a traîné Hydro-Québec devant tous les tribunaux possibles pour ne pas respecter ses contrats. Elle a tout tenté pour nous contourner et pour nous faire concurrence dans l’est des États-Unis.




En 2011, le gouvernement Harper avait même garanti un prêt de 4,2 milliards pour que Terre-Neuve puisse financer une ligne sous-marine pour exporter son électricité chez nos clients potentiels. Pas de quoi inspirer confiance.




Pas besoin du fédéral




Le gouvernement du Québec a toujours été un bon partenaire d’affaires. Incluant lorsqu’il a été question du transport de pétrole.




En 2015, on a inversé le flux de l’oléoduc 9B pour alimenter nos raffineries en pétrole de l’Ouest. Malgré quelques manifestations, Québec s’était prononcé en faveur.




Nous l’avions fait parce que c’est aussi dans notre intérêt. Parce que la transaction était avantageuse pour toutes les parties. Pas pour rendre service à l’Alberta.




C’est comme ça qu’on fait des affaires. Quand tout le monde y gagne. Alors pourquoi vouloir maintenant nous passer sur le dos ?






♦ Jean-Denis Garon est professeur à l’ESG-UQAM