La semaine dernière, la Banque du Canada a abaissé son taux directeur d’un quart de point. Mais ce qui a retenu l’attention, ce sont les statistiques de croissance économique qui accompagnaient cette annonce. Selon les chiffres de notre banque centrale, le Canada a connu de la décroissance économique lors des deux premiers trimestres de l’année. Selon la définition populaire, le Canada serait donc en récession.
Plusieurs se sont donc demandé pourquoi le gouverneur de la Banque du Canada a soigneusement évité d’utiliser le mot «récession» en conférence de presse. Stephen Poloz a préféré dire avec nuance que le PIB s’était modestement contracté. Il n’en fallait pas plus pour que certaines personnes remettent en doute son indépendance. Entre autres, on a sous-entendu qu’il avait répondu à une commande du gouvernement Harper, en veille d’élections.
Sommes-nous en récession?
Pour annoncer une récession, on doit assister à un déclin significatif de la croissance économique. Ce déclin doit être généralisé dans l’économie, et durer plusieurs mois. On doit l’observer dans le produit intérieur brut, mais aussi sur le revenu des ménages, l’emploi, la production industrielle et les ventes au détail. Bref, il ne doit pas s’agir d’un phénomène isolé.
Au premier trimestre de l’année, l’économie canadienne s’est contractée de 6 millièmes. C’est un recul économique minuscule. Au second trimestre, elle s’est contractée de 5 millièmes. Un chiffre tout petit, et qui sera révisé dans les mois qui viennent. Ajoutons que toutes les provinces ne sont pas touchées également. Les chiffres sont tirés vers le bas par l’Alberta et Terre-Neuve. La plupart des autres provinces ne sont pas en situation catastrophique.
Par-dessus le marché, la Banque du Canada s’attend à ce que la croissance reprenne pour les six derniers mois de l’année. En rythme annualisé, on attend une croissance économique de 1,5% et de 2,3% pour les prochains trimestres.
Il fallait donc être prudent avant de sortir les trompettes et d’annoncer une récession. Et si ça se trouve, on confirmera le retour à la croissance juste avant l’élection du 19 octobre... Stephen Harper n’avait donc aucune raison d’interférer avec le travail de la Banque du Canada.
Déficit fédéral
Récession ou pas, la mauvaise performance économique laisse déjà des traces. Mercredi, le directeur parlementaire du budget a prévu un déficit fédéral d’un milliard pour l’année en cours. C’est toute une débarque, étant donné que le gouvernement Harper avait prévu un surplus de 1,4 milliard.
Malgré cela, Ottawa joue encore de chance. La dernière baisse des taux d’intérêt lui rapportera 100 millions supplémentaires, puisque sa dette lui coûtera moins cher. Et une remontée légère de l’inflation viendra ajouter 400 millions à ses coffres. Autrement, le déficit aurait été de 1,5 milliard.
Cette fois-ci, le gouvernement Harper aura de la difficulté à s’en sauver. Il avait déjà épuisé sa marge de manœuvre en grattant les fonds de tiroirs, au dernier budget. Heureusement pour lui, le déficit ne sera annoncé qu’après l’élection du mois d’octobre.
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