par Chouinard, Marie-Andrée; Rioux Soucy, Louise-Maude
Perplexes devant ce budget en forme de bilan, les milieux de la santé et de l'éducation n'ont pas caché leur insécurité devant un exercice aussi peu détaillé que celui livré hier par le ministre des Finances Michel Audet. Bien qu'ils bénéficient de hausses respectives de 6 et 4 %, les deux secteurs priorisés par le gouvernement n'avaient en effet pas le coeur aux réjouissances.
«On va attendre les crédits avant de faire un standing ovation», a commenté hier le président de la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ), André Caron, résumant parfaitement l'esprit d'un peu tout le monde à la sortie de ce budget mi-bilan mi-budget. «On espère que les coûts de système sont au moins couverts.»
L'opération financière a été jugée décevante par la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), qui ne voit pas dans le budget le reflet des priorités libérales. «Le ministre des Finances dit vouloir poursuivre le contrôle des dépenses pour mieux investir dans les priorités du Québec que sont la santé et l'éducation, croit Alain Pélissier, secrétaire-trésorier de la CSQ. Dans les faits, quand on examine de près le budget, force est de constater que les investissements annoncés en santé et en éducation sont nettement insuffisants puisqu'ils dépassent à peine la hausse des coûts du système.»
L'ajout de 567 millions de dollars en éducation gonfle la tirelire à 13,4 milliards. Peu de mesures sont toutefois connues, sinon la confirmation de sommes destinées aux élèves en difficulté, à l'aide aux devoirs, à l'ajout d'une heure et demie à l'école en plus du versement des premiers 120 millions promis aux cégeps et universités.
En santé, le ministre Audet a réservé un montant de 1,3 milliard qui permettra notamment d'ajouter des ressources supplémentaires pour les personnes âgées, en santé mentale et en réadaptation physique et intellectuelle. Cet ajout - qui porte l'enveloppe de la santé à 23,6 milliards - n'a pas impressionné le président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ). «Une hausse de 6 %, c'est bien, mais il faut se rappeler que les coûts du système nécessitent à eux seuls une augmentation de 5,1 %. Cela laisse bien peu de place pour le développement», a commenté le Dr Renald Dutil.
Le président des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) va plus loin encore, qualifiant cet exercice de «virtuel», «voire vaporeux», un exercice qui, de surcroît, laisse le milieu dans l'expectative. «C'est un budget de continuité qui ne répond à aucun des points sur lesquels il faut agir, alors il est certain qu'on ne peut pas espérer régler les problèmes qu'on a devant nous», a regretté le Dr Gaétan Barrette.
La Coalition Solidarité santé a aussi été déçue par ce budget «aux allures de bilan». Non seulement ces nouveaux fonds suffiront à peine à couvrir les coûts du système, mais rien dans le budget Audet ne permet de croire qu'ils seront dépensés au bon endroit, a déploré sa porte-parole Gabrielle Pelletier. «On n'a rien détaillé sinon des mesures fiscales qui n'allégeront pas du tout la pression sur le système de santé.»
À l'enseignement supérieur, on a bien sûr noté qu'un effort supplémentaire est en vue à condition que la manne attendue d'Ottawa devienne réalité. «Le ministre des Finances a fait allusion à cet argent attendu du fédéral, mais nous le savions déjà, a indiqué hier le président de la Fédération des cégeps, Gaëtan Boucher. Si rien ne nous arrive de là en mars, les choses ne vont pas bien se passer, je peux vous le dire.»
Signe de la minceur des nouvelles, la Conférences des recteurs et principaux d'université du Québec (CREPUQ) a préféré réserver ses commentaires pour un jour où il y aurait du grain à moudre. «Il faut attendre d'en savoir plus, et ultimement, d'avoir le chèque!», a dit Michel Pigeon, président de la CREPUQ. Hier, plusieurs intervenants des milieux de la santé et de l'éducation ont fait de même, se contentant d'afficher une déception générale.
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