Sans l’imposition d’objectifs précis, le réinvestissement annoncé dans les universités sera un échec!

Chronique de Louis Lapointe

Évoquant la tâche des professeurs et les nombreux congés que ces derniers réclamaient à la fin des années 80, mon défunt recteur de l’époque disait que la seule façon de provoquer un ménage dans les universités était qu’elles se voient imposer d'importantes coupes budgétaires de la part du gouvernement.

Une fois au pouvoir, Lucien Bouchard qui était apparemment sur la même longueur d'onde que mon ancien recteur coupa dans le budget des universités.

Comme il fallait s’y attendre, les recteurs préférèrent congédier les plus jeunes professeurs et embaucher des chargés de cours plutôt que de faire le ménage dans la tâche des professeurs.

Et, sans surprise, les recteurs profitèrent du réinvestissement du gouvernement du Québec et de la nouvelle formule de financement fondée sur la clientèle étudiante imaginée par François Legault pour se lancer dans une orgie immobilière, dans la construction de nouveaux pavillons, certains les yeux fermés comme ce fût le cas avec l’îlot Voyageur*.

Il n’y aurait pas de ménage dans les universités.

Les recteurs nous ont prouvé à l’occasion de chacun de ces épisodes qu’ils étaient incapables de faire le ménage de façon intelligente, qu’on ne pouvait pas leur faire confiance**.

Dans cette perspective, on se demande bien pourquoi le gouvernement de Pauline Marois adopte aujourd’hui exactement la même stratégie que Lucien Bouchard avait privilégiée pour forcer les universités à améliorer leur performance alors que manifestement cette dernière fût un échec.

Comme au début des années 2000, les recteurs ne voudront pas toucher à la tâche des professeurs. Ils ne voudront pas faire le ménage. Ils attendront patiemment le réinvestissement du gouvernement pour continuer à faire ce qu’ils font depuis des années: crier au sous-financement chronique, au manque de ressources, à l’incapacité financière des universités d’embaucher un nombre suffisant de professeurs, préférant embaucher des chargés de cours plutôt que de nouveaux professeurs.

Les recteurs sont des politiciens.

La seule façon d’obliger les recteurs à faire le ménage est de subordonner le réinvestissement du gouvernement dans les universités à l’atteinte d’objectifs précis dans leur gestion comme je le proposais dans un article publié dans la revue de l’Action nationale en octobre 2008.

«Avant de redéfinir les règles de gouvernance des universités, avant de revoir le rôle des administrateurs, il faudrait tout d’abord moderniser les rapports de l’institution universitaire avec l’État. Il faudrait adopter une loi-cadre qui définit les rapports juridiques entre les universités et l’État. Une loi où il sera question, entre autres, de la mission universitaire, de la tâche des professeurs, des subventions, des investissements, des emprunts, des fondations, de la nomination et de la responsabilité des administrateurs et des dirigeants, du rôle de la société civile dans la gestion des universités, de la tenue publique des réunions, et enfin, de l’incontournable reddition de compte des universités. Avant de réinvestir, il faudra convenir de règles de partage équitables qui prendraient en compte les revenus provenant des fondations universitaires. Avant d’augmenter inconsidérément les droits de scolarité des étudiants, il faudra mieux encadrer la tâche des professeurs.»***

*Saga de l'îlot Voyageur: La responsabilité

**Une tâche obscure

***Quelle crise des universités?

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Louis Lapointe534 articles

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    19 février 2013

    votre dernier billet est accessible via le lien permanent suivant:
    http://quebec.huffingtonpost.ca/../../michel-page/capharnaum-sommet-education_b_2712139.html
    la référence écrite il y a un an rassemble une série de paramètres essentiels

  • François Ricard Répondre

    16 février 2013

    Il faudrait aller répéter ces choses au sommet.
    Essayez de vous dégommer une invitation de quelque part.