Imaginez le scandale : un festival de chanson francophone qui demande aux artistes de chanter... en français !
Ça va être quoi, la prochaine affaire : un festival de ukulele qui exige que les musiciens jouent du ukulele ? Les joueurs de banjo crient à la discrimination ?
J’ironise, bien sûr. Je trouve la controverse autour de la participation de Samian au Festival de la chanson de Granby complètement disproportionnée---.
Mais plus encore, c’est la récupération politique de cette histoire et les accusations de « colonialisme » qui sont tout à fait inappropriées.
EN FRANÇAIS SVP ?
Samian, rappeur/comédien bien connu, dont le père est québécois et la mère algon-quine, a fait une sortie offusquée parce que le Festival international de la chanson de Granby ne lui a pas permis de présenter un spectacle 100 % en langue anishinabée.
Il a mis le tout sur le dos de la « colonisation ».
On se calme. Ce n’est pas « contre » les langues autoch-tones que le Festival de Granby exige un seuil minimal de français. C’est pour respecter sa vocation première. Le Festival a été clair : « Sachant qu’il y a dans son répertoire des titres en français et des titres dans sa langue première, nous avons indiqué à son représentant notre ouverture pour qu’il puisse interpréter des chansons dans ses deux langues en tenant cependant compte de la mission première du festival qui est de promouvoir la chanson francophone ».
Ghislain Picard, de l’Assemblée des Premières Nations s’est emparé de cette histoire pour s’indigner.
« La position [du Festival] est le miroir de la position du gouvernement provincial de Québec qui impose, avec son projet de loi 96, le français au détriment des langues premières des peuples autochtones. Un autre exemple d’une idéologie coloniale bien installée au Québec ».
Est-il en train de nous dire qu’un Festival de chanson française dans une province francophone n’a pas toute la légitimité de demander à des artistes de chanter en français ? Va-t-il falloir qu’on s’excuse--- de parler et de chanter en français au Québec ?
En plus, l’Assemblée affirme que Samian s’est fait refuser de chanter dans sa « langue maternelle », ce qui est faux puisque Samian, de son vrai nom Samuel Tremblay, a pour première langue le français et que c’est auprès de sa grand-mère qu’il a appris, à l’âge adulte, la langue anishinabée.
Au lieu de dire « Un Autochtone se fait refuser de chanter dans sa propre langue par un festival colonialiste », on aurait dû dire « Un francophone au double héritage québécois-algonquin s’est fait offrir de chanter dans les deux langues par un festival de promotion du français et il a refusé de faire ce compromis--- ».
J’aimerais quand même rappeler qu’au fil des ans, Samian s’est déjà produit en spectacle au Festival Présence autochtone et au festival Innu Nikamu de Maliotenam...
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DÉCOLONISER LE DEVOIR
Le Devoir a publié hier un texte d’opinion qui compare ce que Samian s’est fait répondre par le Festival de Granby à Speak White, le poème flamboyant de Michèle Lalonde.
Ce journal n’est jamais à court d’auteurs prêts à écrire des textes délirants sur des sujets wokes. Mais cette comparaison est tout simplement indécente.