Dans une entrevue publiée par La Presse le 22 mai Roland Lescure, le numéro deux de la Caisse de dépôt, nuance les commentaires faits par Michael Sabia au moment de sa nomination qui le présentait comme un gestionnaire prudent qui saurait limiter les risques pris par les gestionnaires de la Caisse. Monsieur Lescure mentionne les attentes de rendement des déposants d’où découle la nécessité de prendre un certain risque. Cela rappelle à monsieur Sabia que ce n’est pas le stratège en chef ni le président qui décide du degré de risque pris à la Caisse mais bien les déposants puisque ce sont leurs avoirs que la Caisse a le mandat de gérer.
Monsieur Lescure parle du bon risque, le risque qu’on maîtrise. Et voilà, on se retrouve exactement au même point qu’avant la crise, avec ce même discours tenu par l’ancienne Direction. Et le même risque de dérapage. En raison des déséquilibres extrêmes présents dans l’économie mondiale, les marchés financiers opèrent dans un environnement de surplus de liquidité qui amène la création de bulles spéculatives. Dans un tel contexte, on peut laisser les gestionnaires de portefeuilles travailler, comme le souhaite monsieur Lescure, mais il faut des contrôles serrés. Le président Sabia a beaucoup parlé de nouvelles ressources pour développer de nouvelles mesures de risque, c’est de la poudre aux yeux. La Caisse avait déjà en 2007 toutes les ressources et tous les outils pour évaluer ses risques correctement. On a triché, on n’a pas respecté ses propres règles.
Les différents groupes de déposants ont les moyens d’exprimer leurs attentes sur tous les aspects de la gestion de la Caisse et d’influencer sa gestion. C’est en partie pour cette raison qu’il n’y a pas eu beaucoup de pression pour une véritable enquête malgré les pertes énormes. Beaucoup de personnes impliquées préféraient ne pas faire la lumière sur ce qui s’était passé. Les représentants des fonds de pension se sont expliqués auprès de leurs instances, ce qui est normal, les représentants des sociétés d’État ont dit que les pertes n’auraient aucun impact, ce qui est ridicule et le gouvernement a discrètement glissé sa part des pertes dans la dette, ce qui l’a bien servi dans la présentation du budget. Jusqu’en 2008, la pression était forte de la part des déposants pour profiter de la conjoncture et obtenir année après année des rendements exceptionnels. Le groupe de gestion des risques de même que la Vérification interne, comme je l’ai expérimenté moi-même, n’avaient pas l’autorité nécessaire pour faire respecter les normes en vigueur et les principes les plus élémentaires de prudence. Qu’importe dans ces circonstances que la VaR soit calculée à 95% ou 99%?
Seul un Conseil d’administration plus actif et plus ferme aurait pu empêcher la débâcle de 2008 et 2009. Qu’est-ce qui a vraiment changé depuis 2008? Le président du nouveau Conseil semble avoir une confiance aveugle dans le nouveau Président et chef de la Direction de la Caisse. C’est assez inquiétant. Il y a de grandes compétences au Conseil de la Caisse mais le gouvernement du Québec doit s’assurer que le Conseil a les moyens et la volonté de jouer son rôle adéquatement. Un apport important au Conseil d’administration serait la présence d’un représentant des retraités du secteur public. Leur intérêt direct dans la croissance régulière des actifs de la Caisse pourrait contrebalancer les motivations diverses d’autres membres du Conseil qui se préoccupent de leur carrière, de leur relations avec le monde des affaires ou de leurs relations politiques.
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1 commentaire
Jean-Claude Pomerleau Répondre
16 novembre 2010En complément d'information sur la gestion de risque à la Caisse:
http://www.vigile.net/La-Caisse-Alerte-rouge
À quoi attribué la sous performance de la Caisse comparée au autre fonds de la même catégorie:(10 G en 2008; 5 G en 2009):
http://www.vigile.net/La-Caisse-Tripotage-politique-et
http://www.vigile.net/Le-demembrement-en-trois-temps
Par qui le malheur des PCAA arrive: Coventree
http://www.vigile.net/Quebec-sink
Le rôle des agences de notations de Toronto:
http://www.vigile.net/Le-Quebec-floue-de-plus-10
JCPomerleau