Lettre à Graham Fraser, Commissaire aux langues officielles du Canada

S’assimiler tout seuls, comme des grands !

Tribune libre

M. Fraser, vous avez peut-être raison : ce ne sont pas autant les Anglo-Québécois qui menacent le français au Québec, mais plutôt les Québécois dans leur ensemble. En voici quelques preuves.
De plus en plus bilingues, les Québécois passent de façon jouissive à l’anglais dès qu’ils détectent l’ombre d’un accent étranger chez leur interlocuteur.
Ensuite, ils envoient en masse leurs enfants dans des camps de jour anglais l’été.
Par ailleurs, chanter uniquement en anglais est devenu la norme pour un francophone, et le public d’applaudir : « pourvu que ce soit bon », il n’y a rien à redire !
Enfin, atteindre un jour une maitrise acceptable de l’anglais constitue pour eux une inaccessible étoile : les petits Québécois se farcissent déjà plus de 1 000 heures de cours d’anglais de la 1e année à la fin du collégial, mais on en veut plus… Leurs parents acceptent béatement l’ajout de 400 heures en 6e année qu’imposera à tous d’ici 2015 le programme d’anglais intensif, en coupant d’autant d’heures toutes les autres matières, y compris et surtout en français. L’idée même de différer cette maitrise de l’anglais à un âge plus avancé, disons la fin du secondaire, les révulse. En fait, ils voudraient des poupons déjà bilingues.
Vraiment, M. Fraser, vous visez juste : les francophones, au Québec, n’ont nullement besoin des anglophones pour s’angliciser : à eux seuls, ils suffisent très bien à la tâche.
Je crains fort que dans un avenir proche, votre poste de commissaire « aux » langues officielles se voie amputé de la moitié de son mandat.

Featured 22fbb88912f1dbce87e719bb999b55c4

Jean-François Vallée91 articles

  • 88 874

Jean-François Vallée est professeur de littérature québécoise et française au niveau collégial depuis 1995. Son ambition de pédagogue consiste à rendre les étudiants non seulement informés mais objectivement fiers de la culture dans laquelle ils vivent. Il souhaite aussi contribuer à les libérer de la relation aliénante d'amour-haine envers leur propre culture dont ils ont hérité de leurs ancêtres Canadiens français. Il a écrit dans le journal Le Québécois, est porte-parole du Mouvement Quiébec français dans le Bas-Saint-Laurent et milite organise, avec la Société d'action nationale de Rivière-du-Loup, les activités de la Journée nationale des patriotes et du Jour du drapeau.





Laissez un commentaire



2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    20 juillet 2012

    Texte paru sur le Devoir de ce matin: Bravo, M. Vallée

  • Archives de Vigile Répondre

    19 juillet 2012

    Sincèrement, dans un Québec souverain et indépendant, je m'en fous que les citoyens soient bilingues, trilingues, quadrilingues ou multilingues sur le plan individuel du moment que la langue officielle et publique soit le français.
    C'est notre dépendance au Canada qui fait problème, car on nous force à l'assimilation et la bilinguisation substile. On appelle cela l'assimilation tranquille, un genre de révolution tranquille mais en notre défaveur.
    A Montréal, les gens s'en aperçoivent plus, mais en dehors de Montréal, ils dorment au gaz profondément.
    Pierre Cloutier