Rouges d'arrogance

Québec 2007 - Parti libéral du Québec



M. Charest et son ministre Philippe Couillard se sont par exemple aussitôt indignés, jeudi, du «manque de jugement» d'André Boisclair, qui venait de dénoncer la lenteur du gouvernement dans le dossier du C. difficile, qui a fait des milliers de morts. Cette ligne de presse sur le «manque de jugement» du chef du Parti québécois sera martelée inlassablement pendant toute la campagne. Elle fait référence subtilement aux erreurs commises par M. Boisclair: consommation de cocaïne lorsqu'il était ministre et tournage, en décembre dernier, d'un sketch d'un goût douteux sur l'homosexualité supposée de Stephen Harper et de George W. Bush en pleins ébats.
M. Charest s'est aussi moqué allègrement, jeudi, à Québec, du manque de candidats ou de l'absence de programme de ses adversaires. Les candidats libéraux attribuent par ailleurs de façon indécente, dans leur publicité, toutes les dépenses de programmes du gouvernement faites dans leurs circonscriptions au Parti libéral. Cette technique grossière laisse la désagréable impression que les libéraux confondent déjà l'État et le PLQ, après seulement quatre années au pouvoir. Ce qui est toujours très dangereux.
Deux, ce gouvernement a été si erratique que M. Charest ne devrait pas se moquer des équipes des autres partis ni de leurs programmes. Sa propre équipe du tonnerre de 2003 s'est désagrégée et il n'a pas respecté son programme. Tous les Québécois le savent trop bien.
Les ministres Marc Bellemarre et Yves Séguin ont démissionné, totalement désillusionnés à la suite de la trahison d'engagements centraux de 2003. Sam Hamad a été recalé après la ridicule valse-hésitation sur l'usine thermique du Suroît; son collègue Jacques Chagnon a payé pour la crise autochtone de Kanesatake; le ministre-vedette de l'Éducation de 2003, l'ex-recteur Pierre Reid, a été démis pour avoir provoqué inutilement la plus grosse mobilisation antigouvernementale de ce milieu depuis un quart de siècle; le populaire ministre de l'Environnement, Thomas Mulcair, a été châtié pour insoumission dans la privatisation partielle du parc du Mont-Orford...
Pour ce qui est du programme de 2003, les réductions d'impôt promises n'ont pas été respectées et la réingénierie de l'État a été enterrée sous les pressions du lobby syndical. Les libéraux ont globalement respecté 60 % seulement de leurs engagements, selon une étude rigoureuse menée par des universitaires de Laval.
Un peu de modestie serait donc de mise.
Le slogan libéral de 2003 était Nous sommes prêts. Le Québec a plutôt été livré, pendant les trois premières années du mandat libéral, à des apprentis-sorciers qui apprenaient à gouverner par essais et erreurs. Les adversaires d'aujourd'hui ne feraient probablement pas pire que ce que M. Charest et son équipe nous ont infligé.
Même le système de santé, que Jean Charest s'était engagé à remettre sur pied, est plutôt en simple rémission. Les libéraux y ont certes dirigé l'essentiel de la marge de manoeuvre financière dont ils disposaient. Les temps d'attente pour des interventions ont été abrégés et le renouvellement du parc des équipements a été accéléré. Le nombre de groupes de médecine familiale, stratégie amorcée sous le Parti québécois, a été décuplé. Mais les problèmes structuraux du système demeurent et ce gouvernement a refusé de faire une plus large place au secteur privé, même si la Cour suprême lui avait ouvert la porte. Il craignait une mobilisation de la gauche contre un supposé «système à deux vitesses».
Les urgences sont encore engorgées régulièrement; le gouvernement s'est offert une guerre ouverte avec les médecins spécialistes et les résidents; nos hôpitaux sont insalubres, on y meurt du C. difficile ou on doit y décréter des quarantaines en raison d'épidémies de gastro. Le ministre Couillard confond problèmes scientifiques et hygiène de base lorsque six patients se partagent une seule chambre de bain et que l'entretien ménager est au minimum. Le gouvernement a mis trois années à se brancher sur les projets de mégahôpitaux universitaires à Montréal et le coût a déjà doublé avant la levée de la première pelletée de terre.
En résumé, plutôt que d'afficher du mépris pour ses adversaires, Jean Charest devrait sillonner le Québec pour s'excuser auprès des Québécois pour tous ses ratés.


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