Mario Girard - Roméo Dallaire réagit à son tour aux affirmations controversées du candidat péquiste Robin Philpot. Selon lui, le candidat de Saint-Henri-Sainte-Anne «manque de discernement» quand il nie l'existence du génocide des Tutsis du Rwanda.
Dans une lettre envoyée à La Presse, Roméo Dallaire, érigé en héros pour son rôle dans la dénonciation du massacre rwandais, dit ne pas apprécier que Robin Philpot ait «faussement utilisé» son livre J'ai serré la main du diable pour remettre en question l'existence de ce génocide.
«Je réaffirme avec la plus grande fermeté, que la catastrophe humaine qui s'est abattue sur le Rwanda doit être qualifiée de génocide, comme l'a fait le Conseil de sécurité de l'ONU en 1994 lorsqu'il a mis sur pieds le Tribunal pénal international pour le Rwanda», écrit-il dans une courte missive.
Roméo Dallaire, qui s'est retrouvé malgré lui à diriger une mission de l'ONU incapable de contrer ce génocide, affirme : «Il faut savoir regarder la vérité en face, aussi terrible soit-elle, pour que l'humanité ne répète plus ses pires erreurs.»
C'est la première fois que M. Dallaire répond publiquement aux affirmations de Robin Philpot. Ce dernier est sous les projecteurs depuis que La Presse a ramené à la mémoire les opinions qu'il exprime dans son livre Ça ne s'est pas passé comme ça à Kigali, publié en 2003.
Selon M. Philpot, le drame qui s'est joué au Rwanda au milieu des années 90 a été causé en grande partie par le Front patriotique rwandais (FPR), dirigé par Paul Kagamé, composé surtout de Tutsis et soutenu par les Américains.
Robin Philpot ne croit pas que 800 000 Tutsis aient été tués en 1994 par les milices hutues. En entrevue, il a déclaré que le massacre des Tutsis par les Hutus n'était pas comparable au génocide des juifs par les nazis.
Robin Philpot, qui a l'appui de son chef, André Boisclair, fait l'objet de critiques virulentes de la part des autres partis, qui réclament sa démission.
François Bugingo, journaliste et président de Reporters sans frontières Canada a aussi fait parvenir à La Presse une lettre dans laquelle il dénonce l'attitude d'André Boisclair.
«Mario Dumont, qui n'est pas quelqu'un que j'apprécie outre mesure, a eu des couilles pour régler les problèmes de son parti. André Boisclair a d'abord eu une réaction de surprise avant de se porter à la défense de son candidat. Je ne l'ai pas entendu dire qu'il avait parlé à des Rwandais, au général Dallaire ou à des gens des Nations unies. Il s'est contenté des explications de Philpot. Et puis voilà, l'affaire est réglée.»
Il dénonce le négationnisme à l'égard du génocide des Tutsis. «Un génocide s'articule d'abord autour de la logique de négation, écrit-il. Négation du droit de l'autre de vivre, négation de son humanité et, après les faits, négations de ce qui a eu lieu.»
De son côté, le Congrès rwandais du Canada s'est indigné de «l'exploitation partisane» du génocide rwandais par le premier ministre Jean Charest.
«Peut-il nous dire pourquoi il n'a rien dit l'année dernière pour dénoncer la visite scandaleuse du président Kagamé. Plusieurs voix se sont élevées pour demander l'annulation de cette visite «privée», mais aucune voix de politicien ne s'est fait entendre», écrit-on dans un communiqué.
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