Les députés de l’Assemblée nationale ont mis fin à leurs travaux hier. Il était temps, car ce fut une session marquée par une tension qui a culminé à certains moments à des niveaux rarement vus. Une tension que seules des élections réussiront à apaiser.
Élu le 8 décembre 2008 avec une faible majorité, le gouvernement Charest aura vécu de nombreux moments difficiles ces quatre dernières années. Dès le début de 2010, sa popularité chutait sans qu’il réussisse par la suite à se démarquer de son adversaire péquiste. Encore aujourd’hui, tous deux sont au coude à coude, mais il demeure handicapé pour sa part par des appuis insuffisants chez les francophones.
Ce gouvernement n’a pas eu tout faux durant ce mandat. Il faut lui reconnaître certains succès. L’économie se porte relativement bien, ce qui lui a permis de s’attaquer au redressement des finances de l’État. Le déficit zéro est en vue.
Par contre, le gouvernement dans son ensemble, et le premier ministre Charest en particulier, a trouvé le moyen à de nombreuses reprises de se rendre vulnérable, cela moins par ses politiques que par ses attitudes et ses façons de faire. Le traitement qu’il a accordé aux questions éthiques l’aura caractérisé plus que tout autre.
La liste des dossiers controversés est longue. Cela va de l’intervention du premier ministre dans la nomination de juges à celles de ministres pour l’attribution de places en garderie et de subventions en passant par les irrégularités dans le financement de la caisse électorale. Certes, le code d’éthique des élus et la Loi sur le financement des partis furent resserrés, mais chaque fois cela fut fait à leur corps défendant.
L’exemple le plus manifeste de cette attitude est la résistance du premier ministre à créer la commission d’enquête sur la corruption dans l’industrie de la construction. Son incapacité à poser le bon geste, celui que le Québec tout entier réclamait, aura créé une impression négative indélébile dans l’esprit des électeurs, qui voient dans cette question un des deux principaux enjeux de la prochaine élection.
L’autre grand enjeu de cette élection, qui ressort du sondage Léger Marketing dont nous publions les résultats aujourd’hui, est le conflit étudiant. Le gouvernement en fait sa bouée de sauvetage. Il espère que l’appui des Québécois, toutes couleurs politiques confondues (sauf les électeurs de Québec solidaire), à la hausse des droits de scolarité lui permettra de se sortir la tête de l’eau. Mais là encore, il y a la manière. Les électeurs nous disent ne pas avoir aimé les interventions du gouvernement dans ce conflit, comme celles de l’opposition d’ailleurs.
Blâmer ainsi tous les partis est révélateur du malaise que ressentent les électeurs à l’égard d’une polarisation excessive des débats. Ce n’est donc pas sans raison qu’ils souhaitent la tenue d’une élection pour y mettre fin. Toutefois, on ne peut être assuré qu’un véritable gagnant en ressortira. Les intentions de vote, comme nous le montre ce sondage Léger Marketing, laissent ouverts tous les scénarios. Le prochain gouvernement sera certainement libéral ou péquiste. Sera-t-il minoritaire ou majoritaire ? Tout est possible.
Dans le climat actuel, un gouvernement minoritaire pourrait être le mieux qui puisse nous arriver. Rappelons-nous le climat qui régnait à l’Assemblée nationale en 2007 et en 2008 alors que le premier ministre Charest dirigeait un gouvernement minoritaire. Il avait dû composer avec l’opposition et rechercher des consensus. Il y avait davantage de sérénité qu’aujourd’hui dans cette enceinte. Après la crise de ce printemps, cela permettrait à tous de retrouver leurs esprits.
Assemblée nationale
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