J’admire sincèrement Lucien Bouchard. L’antibouchardisme m’a toujours exaspéré.
Jeudi, toutefois, je lui ai découvert une passion surprenante: manifestement, il joue au Ouija, ce jeu qui permet apparemment de parler aux morts.
Comment expliquer autrement qu’il ait pu nous dire que René Lévesque dénoncerait le discours identitaire du PQ?
Identité
Avouons qu’ils sont nombreux à faire parler Lévesque depuis la tombe.
Mais il suffit de se tourner vers les écrits de Lévesque pour le découvrir autrement.
Quelques exemples.
En 1970, Lévesque disait: «On s’est donné un ministère de l’immigration. L’autre, à Ottawa, pour lequel on paye, y a le droit de continuer à nous noyer, c’est lui qui a le pouvoir. Mais on en a un à Québec pour enregistrer la noyade.»
Reformulons: Lévesque craignait qu’une immigration massive submerge le peuple québécois et ne le transforme en minorité chez lui. Qui oserait dire cela aujourd’hui?
D’ailleurs, quand il était au pouvoir, le Québec recevait seulement 20 000 immigrants par année. Était-il fermé aux immigrants?
En 1977, Lévesque a approuvé la version originale de la loi 101 interdisant l’affichage commercial dans une autre langue que le français.
Il a enlevé aux immigrants et aux francophones le droit d’envoyer leurs enfants à l’école anglaise.
Aujourd’hui, on l’accuserait d’extrémisme.
En 1978, à la veille du référendum, il craignait que la majorité francophone ne voie son désir de souveraineté entravé par les non-francophones. Ce serait «difficile à avaler».
Canada
Parizeau n’a pas dit autre chose en octobre 1995. On l’a diabolisé pour cela.
Quand il parlait de Pierre Trudeau, Lévesque le traitait de «déraciné». Que dirait-il de son fils Justin?
Lévesque n’aimait pas la Charte des droits canadienne et redoutait le gouvernement des juges. Il n’avait pas peur de la clause nonobstant.
Tant qu’à sortir Lévesque de son cercueil, citons-le plutôt que de lui inventer des idées. On serait surpris.
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