Jésus est-il ressuscité ? Et nous ?
Odette Mainville et André Myre
_ Fides
_ Anjou, 2011, 76 pages
Jésus est mort crucifié, mais Dieu l'a relevé d'entre les morts. Ses disciples, ensuite, l'ont vu, ont mangé avec lui et ont écouté ses directives. «On entendrait pareilles choses des adeptes d'une religion non chrétienne et on aurait peine à retenir un sourire», remarque la théologienne Odette Mainville dans Jésus est-il ressuscité? Et nous?, un opuscule qui contient aussi un essai du bibliste André Myre, selon lequel «la question de la matérialité de la résurrection de Jésus est loin d'être importante et ne devrait pas se poser».
Théologiens de haut vol, Mainville et Myre, on l'aura déjà constaté, ne ménagent pas les croyants qui s'en tiennent à la lettre des Évangiles. Ils proposent, chacun à sa façon, une réinterprétation du concept de résurrection qui bouscule la vision canonique d'une vie après la mort. Les chrétiens frileux trouveront, dans ces pages, de quoi s'affoler. Les autres, qui savent bien que ces choses-là sont plus complexes que ce qu'on leur en a raconté, accueilleront avec grand intérêt ces relectures dérangeantes mais bienvenues.
«La résurrection physique, matérielle, n'a aucun sens», déclare Mainville, qui ajoute qu'«il n'y a tout simplement pas eu de cadavre réanimé qui soit sorti du tombeau». Mais alors, que veut dire la théologienne quand elle affirme croire que Jésus est vivant?
Les témoins de la résurrection, explique-t-elle, sont des hommes illettrés et habités par la peur depuis la crucifixion. Quelques jours plus tard, ils sont devenus hardis et éloquents. Cette spectaculaire métamorphose, pour Mainville, serait le résultat d'une «rencontre de foi», d'une «expérience faisant appel aux sens internes». Les disciples saisissent alors que «Dieu se reconnaît en [Jésus] et qu'il marque de son sceau tout ce qu'il a enseigné». Ils comprennent que «Jésus, physiquement absent, règne par la puissance de son Souffle», qu'il est donc toujours vivant et qu'il faut vivre en conséquence. Tel est, selon Mainville, le contenu de l'enseignement initial, et les récits plus «concrets» qui s'y ajouteront ont essentiellement une visée catéchétique.
Le bibliste André Myre développe une thèse semblable. Il faut, écrit-il, «déconstruire les mots du passé, à la recherche de ce qu'ils contenaient de sens qui soit encore pertinent pour nous». Cette déconstruction doit avoir pour guide la voix «qui interpelle les humains depuis des millénaires».
La résurrection, telle qu'évoquée dans les Évangiles, repose sur une vision du monde qui n'existe plus. En ce sens, pour nous, «ce qui est révélé, ce n'est pas la vision nécessaire pour l'exprimer, ni la vision de l'être humain nécessaire pour la dire, mais la présence d'un mouvement de fond qui oriente l'être humain vers un avenir illimité».
Aussi, croire au Christ vivant, c'est reconnaître que Dieu cautionne «la lecture de la réalité qu'il avait», «l'aversion pour tous les systèmes de mort qu'il manifestait», c'est croire en «l'authenticité humaine d'une vie vécue à la suite du Nazaréen», en s'alliant aux pauvres et en s'opposant aux puissants.
Être ressuscité, nous disent ces deux brillants théologiens engagés, c'est être vivant, maintenant, contre ce qui tue de mille manières. Le message est beau, mais troublant.
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