J'ai l'impression que le vote caquiste a plafonné et qu'il risque de descendre un peu d'ici la fermeture des bureaux de vote le 4 septembre prochain. De plus, la faible machine caquiste va réussir moins bien à faire sortir son votre que les machines péquiste et libérale. Cela va ajouter un léger avantage au Parti Québécois. Je crois également que le vote souverainiste attribué à Québec solidaire et à Option Nationale va se maintenir dans les comtés d'Amir Khadir, de Françoise David et de Jean-Martin Aussant mais qu'il va baisser fortement dans les autres comtés ou QS et ON n'ont aucune chance de gagner. À la dernière minute les souverainistes des 122 autres comtés vont se ranger en masse derrière Pauline Marois pour lui donner plus de force au lieu de voter inutilement. Si les étudiants sortent voter en masse, qu'ils désirent l'abolition de la Loi 78 et qu'ils désirent voir disparaître la hausse des droits de scolarité imposée par le gouvernement Charest cela devrait aussi avantager le Parti Québécois. Pour diverses raisons le Parti Québécois devrait augmenter légèrement son avance dans les dernières heures précédant le vote ce qui pourrait fort bien donner un gouvernement péquiste majoritaire par un petit nombre de sièges.
Peu importe le résultat du vote en faveur du PLQ, la déconfiture historique de ce parti auprès de l'électorat francophone va amené le départ de Jean Charest et le début d'une lente et difficile reconstruction du PLQ, ce qui ne donnera pas de sitôt l'envie à ce parti de renverser le gouvernement péquiste si celui-ci était minoritaire. L'avenir du PLQ ressemblera pour un long moment à la descente aux enfers subie par le Parti Libéral du Canada, suite au scandale des commandites. La reprise des travaux de la Commission Charbonneau va affaiblir encore davantage le PLQ. Ce n'est pas l'appui du maire de Trois-Rivières (Yves Lévesque), du maire de Saguenay (Jean Làlà Tremblay) et la prière d'une militante libérale remise à Jean Charest qui vont sauver le PLQ du purgatoire à venir.
La CAQ pourrait bien ne pas réussir à faire élire son chef François Legault, le Dr Gaétan Barrette, Maud Cohen et quelques autres candidats "vedettes". Jacques Duchesneau pourrait bien être le seul candidat vedette élu. Puisque la CAQ envisageait une vie de courte durée et visait à faire rapidement un grand ménage, il se pourrait bien qu'elle ait à se trouver une nouvelle mission avant les prochaines élections pour survivre. Ce parti pourrait bien suivre les traces de l'ADQ devenu un parti moribond après avoir frôlé le pouvoir en 2007. Je ne crois pas que la CAQ pourrait rééditer l'exploit que le NPD a réalisé sur la scène fédérale le 2 mai 2011. Je veux bien croire que les québécois sont peut-être encore dans une dynamique de changement mais François Legault n'est pas Jack Layton. Ce dernier était authentiquement sympathique tandis que François Legault est drabe comme un comptable et a autant de charisme que le gars hyper fatigué interprété par Dominique Lévesque. Prendre une bière avec François Legault doit être toute une épreuve de patience. Et puis la CAQ est à l'opposé radical du NPD. Je doute que ces deux partis aient bien des électeurs en commun. D'ici au 4 septembre les électeurs devraient réaliser que François Legault se rapproche davantage de Stephen Harper. Si François Legault devenait premier ministre le réveil serait brutal le 5 septembre au matin avec le duo Harper-Legault. Mais cela ne se produira pas. Le seul changement souhaitable et réaliste c'est un gouvernement péquiste et, de préférence, majoritaire pour nous éviter, pendant 4 ans, une autre campagne électorale dominée par les insipidités quotidiennement servies par les grands médias partisans à la recherche obsessive de la plus grande bêtise du moment, montée en épingle et en événement du jour même si la dite bêtise était corrigée en moins de deux minutes.
Quand on fera le bilan de cette campagne il ne nous restera comme souvenirs que le palmarès des stupidités, des inepties et des dérapages ahurissants de nos personnages politiques. Pas loin en tête de liste l'incapacité déconcertante de Jean Tremblay à prononcer le nom de Djemila Benhabib et le "crucifix" de débat sur le crucifix de l'Assemblée nationale. Suivent de très près l'incapacité de Pierre Bruneau à prononcer le nom de Julie Snyder sur les ondes de TVA après que celle-ci ait annoncé publiquement, avec d'autres artistes non nommés, son appui à Pauline Marois. Tous les autres médias en parlaient pourtant abondamment. Le conjoint de Julie Snyder y serait-il pour quelque chose dans cette "non annonce"? Dans la même émission TVA nous a présenté l'extrait le plus négatif du jour, extrait où Françoise David tenait des propos très négatifs à l'endroit de Pauline Marois et du PQ. Pendant ce temps Radio-Canada nous présentait, en boucle, un extrait où Françoise David parlait le plus positivement possible en faveur de Pauline Marois, le tout s'apparentant à un appui à peine voilé à l'élection de Pauline Marois. Que de cohérence! Qui dit vrai? La Françoise David de TVA ou celle de Radio-Canada? On pouvait même se demander si c'était la même Françoise David s'exprimant la même journée. Comme quoi, avec les clips et les montages, avec les choix idéologiques du diffuseur, on peut faire dire n'importe quoi à n'importe qui.
Ce sera quoi l'enjeu de la prochaine élection? Un référendum sur l'opportunité de discuter de l'opportunité de tenir un prochain référendum sur l'opportunité de discuter de l'opportunité de tenir un prochain référendum? Non! Ce n'est pas une erreur de frappe. C'est un enjeu comme un autre et au moins ce sera un enjeu clair une fois qu'il sera éclairci. Au fait, qui peut me dire c'est quoi l'enjeu réel de l'élection du 4 septembre 2012?
Paolo Mitriou