François Legault vient de le redire : il s’est réconcilié avec le Canada. À la veille de la prochaine élection, c’est sa manière de dire aux électeurs fédéralistes : ne vous inquiétez pas, je ne rêve plus, même secrètement, à la souveraineté. Il ne se résigne pas seulement à l’échec de l’indépendance : il consent de bonne foi au cadre canadien et il n’essaiera pas en cachette de relancer le mouvement vers la souveraineté.

Fédéralisme

Cela n’a pas empêché Philippe Couillard de remettre en question la sincérité de sa conversion canadienne. Ce n’est pas surprenant : c’est un ultrafédéraliste, tendance Pierre Elliot Trudeau. Pour Philippe Couillard, le nationalisme québécois est fondamentalement condamnable.

Il faut dire qu’invité à expliquer sa fierté canadienne, François Legault n’a pas trouvé grand-chose à dire. Il a parlé de notre filet social. Qui est une construction québécoise plutôt que canadienne. Oups ! Mal joué ! Encore un effort, François Legault, pour être Canadien !

Il n’en demeure pas moins qu’une question s’impose : avec quoi François Legault s’est-il réconcilié ? Avec le simple fait de demeurer dans le Canada ? Avec la constitution canadienne qui nie l’existence de la nation québécoise ? Avec le multiculturalisme d’État, au cœur de cette même constitution qui fait du peuple québécois un groupe ethnique parmi d’autres dans la diversité canadienne ? Avec le bilinguisme fédéral qui conteste pratiquement le statut du français au Québec ? Si tel n’est pas le cas, est-ce qu’il s’engage à lutter pour réformer le fédéralisme ? Ou accepte-t-il le Canada tel qu’il est ?

Nébuleux

Ajoutons une autre question. Normalement, quand on se réconcilie avec quelqu’un avec qui on était en froid, les deux côtés sont censés faire un bout de chemin. Quel bout de chemin vers le Québec le Canada a-t-il fait ces dernières années ? Aucun ! Alors, posons la question à François Legault : que veut-il dire lorsqu’il prétend s’être réconcilié avec le Canada ? Pour l’instant, c’est nébuleux.