Depuis le temps que les observateurs de la scène politique l’annoncent, voilà maintenant que les dernières actions du Parti québécois le confirment. Le projet de créer une citoyenneté ainsi qu’une Constitution québécoise atteste que le PQ compte s’installer dans le même pâturage que l’Action démocratique.
L’idée n’est évidemment pas mauvaise. Le Parti québécois a toujours porté le projet souverainiste en son sein. Il lui est arrivé certes de le mettre plus ou moins sous le boisseau momentanément. Reste que fondamentalement, cette formation politique peut en toute quiétude proposer des politiques qui le rapprochent de son objectif. Néanmoins, certaines d’entre elles sont parfois le fruit d’une démarche aussi précipitée que boiteuse. Et c’est malheureusement le cas de la dernière en lice.
Le projet de loi sur l’identité québécoise déposé par les élus péquistes comporte des mécanismes beaucoup trop arbitraires pour être perçu comme équitables. Mais surtout, il heurte de plein fouet des dispositions de la Charte canadienne des droits et libertés. L’épreuve de force avec Ottawa qui se dessine à l’horizon court-circuite ainsi l’effet de mobilisation citoyenne recherché par le PQ. On accusera en effet la formation souverainiste de vouloir instaurer un climat de confrontation afin de stimuler la ferveur souverainiste. Il n’y a rien de mal à désirer que cette réalité advienne! Sauf que le moyen préconisé pour y arriver est si peu subtil que les adversaire fédéralistes auront tôt fait de le ridiculiser, démotivant ainsi beaucoup de Québécois qui ne veulent pas retomber dans les mêmes ornières.
Offrir plutôt un projet de citoyenneté et de Constitution québécoise plus modéré, de manière à forcer l’ADQ à s’y intéresser, eût été plus astucieux. Les troupes de Mario Dumont ont en effet dans leur carton des desseins semblables. Il faut amener les adéquistes à les rendre publics. Il est vrai que ces gens semblent absolument incapables d’exprimer une idée clairement. On l’a encore vu dernièrement dans l’épisode du rôle à attribuer à la Caisse de dépôt et de placement, épisode où le chef Mario Dumont est soudainement devenu un apôtre de l’interventionnisme d’État… Reste qu’un projet de loi plus rassembleur de la part du deuxième parti d’opposition aurait pu placer les adéquistes dans une situation précaire.
Avec la Commission sur les accommodements raisonnables qui sillonne le Québec, la population québécoise paraît animée d’un désir de s’affirmer comme nation. Elle endosse l’idée de créer une citoyenneté qui leur est propre, ainsi que de rédiger une Constitution puisque l’ADQ, qui en a fait la promotion durant la dernière campagne électorale, a presque formé le gouvernement. Ce consensus social doit être exploité par les souverainistes, mais pas en étiquetant négativement les immigrants, en les menaçant d’être privés de certains droits démocratiques. Surtout que cette mesure douteuse sera rapidement jugée illégale. Les péquistes doivent au contraire amener leurs rivaux adéquistes à expliquer en quoi leur position autonomiste peut protéger l’identité québécoise adéquatement… tout en dépendant du cadre constitutionnel canadien.
Présentement, le projet de loi soumis par le Parti québécois rate sa cible. Les mécanismes visant à évaluer les connaissances de la langue française par les nouveaux arrivants sont si flous, que la chef du PQ elle-même a semblé incapable de bien les expliquer aux médias dimanche dernier. Le Parti québécois va en avoir pour des semaines à se dépêtrer de ce boulet. Seule une nouvelle gaffe de Jean Charest pourra les en libérer plus rapidement! Mieux : sa démission! Le grand gagnant de cette maladresse s’avère l’Action démocratique. Elle s’en sort encore sans égratignure, tout en faisant l’économie de devoir exposer les détails de sa stratégie identitaire. Les nationalistes qui ont quitté le navire péquiste au dernier scrutin général n’y reviendront pas, de peur de faire ringard à vouloir redémarrer les chicanes avec Ottawa.
Il est probablement mieux, comme le souligne le chroniqueur Michel David dans l’édition du Devoir d’hier, que Pauline Marois fasse marche arrière. La leader péquiste s’évitera ainsi à s’épuiser à expliciter et à défendre un projet de loi déjà condamné à croupir sur les tablettes du Parlement.
Vaut mieux investir dans un projet nationaliste mobilisateur, qui entraîne l’adhésion d’autres partis au Salon bleu. Surtout que la société civile y souscrit présentement, faut-il le répéter. Un projet donc qui ne donnera pas au contraire l’image que le PQ est bassement en mode de rattrapage nationaliste.
Patrice Boileau
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3 commentaires
Archives de Vigile Répondre
24 octobre 2007Pauline Marois demande à l'assemblée nationale de débattre des 2 projets de loi, pourquoi pas. Le PQ étant souverainiste se doit de présenter des projets qui vont dans le sens de l'indépendance du Québec.
Ces 2 projets de loi font un pas vers notre indépendance, toutefois, abondent aussi dans le sens supposément autonomiste de l'adq donc, ou est le problème?
Un parti n'a-t-il pas le droit de présenter un projet selon les aspirations de leurs idéologies?
Rien n'empêche aux 2 autres partis de débattre du projet, aux dernières nouvelles, nous sommes encore dans un gouv. minoritaire!!!!!
Parce que cela vient du PQ, c'est la panique.......c'est toujours la même histoire.
Pour une fois que le PQ se retrousse les manches, appuyons-les!
Lucille Labrie Répondre
24 octobre 2007Le Parti Québécois n'a t'il pas été fondé il y a plus de 35 ans sur la base de l'identité québécoise et de la survivance du français!
Comment peut-on prétendre que ce parti copie les idées de l'ADQ, comme si avant la venue de ce tout puissant Mario , il n'y avait pas eu de combat et de révolutions culturelles et que le Québec français vivait dans les limbes avant.
Peut-on une fois pour toute reconnaitre les acquis que le Québec s'est obtenus de peine et de misère, surtout grâce au P.Q. et à ses militants, plutôt que de s'auto-mutiler sans cesse!
Archives de Vigile Répondre
24 octobre 2007Bonne chronique M. Boileau.
Faut dire que M. Jacques-Yvan Morin, un constitutionnaliste aguerri, fiable, expérimenté et pas du tout extrémiste, a donné son approbation à ce projet de loi de Mme Marois et que Bernard Landry, qui n'aime pas que le PQ fasse trop lever la poussière, suggère d'y enlever les parties les plus irritantes. Qui a raison ? En attendant, le PQ est dans l'actualité et ça va obliger l'ADQ à sortir le sien, vu qu'il a promis une citoyenneté et une constitution québécoise dans son programme de la dernière élection. Si l'ADQ ne le fait pas, on va tous savoir qu'il n'était pas sérieux avec ses promesses automistes qui incluait aussi de changer la nom de la Province de Québec en : État autonome du Québec pour en finir avec le mot PROVINCE qui fait pas mal "provincial".
Vous concluez avec : «Vaut mieux investir dans un projet nationaliste mobilisateur, qui entraîne l’adhésion d’autres partis au Salon bleu.» Comme quoi ?