Commentaires d’une militante

Rassemblement citoyen pour l’indépendance du Québec destiNation : nouvelles idées, nouveau départ 20 et 21 septembre 2014

Tribune libre

ORGANISATION PROCÉDURALE RÉUSSIE
L’excellente organisation, l’abondante participation, la couverture médiatique inespérée, l’effet énergisant, même le respect de l’horaire comme une horloge suisse, le Rassemblement citoyen pour l’indépendance destiNation fut un succès à tous ces égards.

CONVERGENCE SUPERFICIELLE
La convergence a adopté plus de vingt résolutions largement soutenues par le millier de militants qui prenaient part au vote. Quand même avec un certain malaise, parce qu’il fallait faire vite. Les résolutions formulées à l'avance, le fonctionnement des panels très directifs, les droits de parole aléatoires, tout était prévu pour parvenir vite fait à des résultats. Mais pourquoi faire si vite?

L’ÉTAT DES LIEUX SANS BILAN DE LA GOUVERNANCE QUÉBÉCOISE
En préliminaires, une dizaine d’experts ont dressé l’État des lieux regroupés en trois thèmes. Parmi eux, Monique Pauzé a présenté sur le grand écran les avantages d’un Québec pays et les blocages d’un Québec province. Comme si tous les blocages et l’effritement économique et social du Québec avaient pour unique source les politiques canadiennes malencontreuses. La mise en abîme du rassemblement a volontairement occulté les exactions du gouvernement du Québec commises contre le peuple du Québec.

QUELQUES EXEMPLES D’EXACTIONS CONTRE LE PEUPLE DU QUÉBEC
a) Le non-respect du français comme langue unique de travail dans l'appareil gouvernemental,
b) L’abandon de l’éducation publique ET le financement de 270 écoles privées confessionnelles qui accueillent environ 125 000 élèves,
c) La dilapidation des richesses naturelles et des terres agricoles,
d) L’abandon de la Commission Charbonneau et l’impunité des parlementaires,
e) Le laxisme dans le contrôle du transport des matières dangereuses comme dans les trains,
f) Le système de santé qui encourage la maladie plus tôt que la santé,
g) Le financement de la recherche universitaire en pure perte pour le trésor public,
h) Le financement dans l’industrie de l’extraction et des grandes entreprises
i) Le refus d’appliquer le projet Pharma-Québec,
j) Le détournement de Télé-Québec,
k) Aménagement de paradis fiscaux pour les fortunes
Et cetera, et cetera, et cetera, et cetera, et cetera.

REFUS D’EXAMINER LE DYSFONCTIONNEMENT PROVINCIAL
Le système qui permet le fonctionnement de cette gouvernance de pillage doit être soumis à l’examen populaire. Les blocages de la gouvernance au Québec méritent d’être dénoncés et condamnés. Pourquoi les avoir écartés de notre attention la mauvaise gouvernance du Québec?

CONFÉDÉRATION 1867 : L’ÉLITE TRAHIT LE PEUPLE
Si nous voulons nous construire un pays, nous devons guérir notre tissu social en crevant l’abcès de la trahison. Celle des Pères du Canada envers les Canadiens français. Une trahison que la majorité de politiciens a perpétuée depuis 1867. Il faut aller au fond des choses, les vérités cachées ou les demi-vérités minent déjà la confiance dans l’organisation destiNation et promettent des déchirements. Faisons table rase et libérons la parole.

20 ANS D’AMNÉSIE COLLECTIVE
Les 10 panels animés magistralement se sont activés sur des sujets importants et même vitaux, mais pas primordiaux. Après 20 ans d’amnésie collective, mieux vaut prendre le temps qu'il faut et ne pas se précipiter, c’est tout de même d’un pays dont on veut accoucher. Parmi nous, il n’y a aucun accoucheur de pays à ma connaissance. Et personne ne peut déterminer la durée de la gestation. Mais « il faut prendre les bouchées doubles » comme le dit si mal à propos Gérald Larose.

PROCESSUS DÉMOCRATIQUE ÉCORCHÉ AU VIF
À lui seul, le sujet du premier panel méritait qu’on lui consacre au moins toute la fin de semaine, en panels, en plénières, et plus encore. La démarche indépendantiste : vers un renouvellement, constitue le cœur du rassemblement, et seulement environ 10 % des militants y ont eu accès. Le processus démocratique et consultatif s’amorce visiblement mal.

HORLOGERIE DE L’ANIMATION ET DE L’ORGANISATION
Les moments charnières de l’organisation et de l’animation s’enchainaient comme le mouvement d’une pendule. Le déroulement rigide des panels n’a pas permis d’engager une vraie conversation. Le préformatage des résolutions gênait la crédibilité du processus. Les droits de parole à la plénière étaient aléatoires et castrés.

RÉSOLUTIONS BÂCLÉES
Plus le mouvement indépendantiste confrontera et résoudra les contradictions inhérentes au projet en devenir, plus il sera solide, défendable et sécurisant. Pourtant, une vingtaine de résolutions ont été adoptées dans la précipitation, avant même que l’assemblée ne se soit réellement penchée sur la résolution fondatrice du mouvement, c’est-à-dire la Démarche indépendantiste : vers un renouvellement (thème abordé dans le panel 1).
L’économie des débats contradictoires n’a pas sa place dans l’exercice du mouvement fondateur d’une nation. Il n’y a pas de mérite à trouver des terrains flous d’entente qui gomment les différences. Tôt ou tard, elles feront leur résurgence et mineront la convergence des militants.

UTILITÉ DU RASSEMBLEMENT
Cependant, le colloque n’a pas servi à rien, au contraire. Il a permis de tirer les grands traits de ce que pourrait être le mouvement destiNation sous plusieurs aspects. Il a permis de mesurer les compétences disponibles au sein de la convergence et de l’enthousiasme ou de la colère des militants.

URGENCE ET MAUVAISE ÉCONOMIE DES MOYENS
Il n’est pas vainc de commencer par libérer la parole des militants, à moins que notre projet de peuple souveraineté ait été usurpé par les élites syndicales et militantes indépendantistes? L’indéniable urgence de promulguer l’indépendance du Québec ne doit pas conditionner l’économie des moyens et du temps qu’il faut pour harmoniser nos visions du chemin à suivre pour y parvenir avec succès.

RÉTABLIR LA DÉMOCRATIE
Je propose que le deuxième rassemblement destiNation se poursuive uniquement sur la démarche indépendantiste et que tous les militants puissent contribuer à définir le processus qui devrait mener à la promulgation de la constituante.

Mais comment déterminer le meilleur chemin à prendre lorsque les blocages inhérents au gouvernement du Québec et à son système parlementaire sont évacués du questionnement collectif?

Toute solution ne sera que boiteuse tant que toutes les réalités politiques québécoises ne seront pas abordées de plein fouet et débattues librement.

Parvenir à des résultats probants, c’est ce que tout le monde veut. Mais se bâtir un pays n’est pas un processus aussi simple que la fabrication d’une automobile sur une chaîne d’assemblage. Le respect de l’intelligence des militants est assurément la meilleure garantie de libération de notre peuple. En plus d'une parole muselée, les militants ont été privés d’informations essentielles pouvant modifier leur vision et miner à court ou à long terme leur engagement militant vers notre destiNation.

FAIRE TABLE RASE
On ne peut se permettre de construire notre République sans assécher les sables mouvants du système représentatif et sans mettre au jour l’opacité de la gouvernance québécoise. L’urgence d’agir ne doit en aucun cas faire l’économie des débats en profondeur. Tant qu’à faire une réforme, faisons-la inclusive parce qu’une convergence qui repose sur des demi-vérités ne passera pas l’épreuve du temps.

CONCLUSION
En partant, le retrait de La souveraineté renversée signée Sébastien Ricard du Rapport final des États Généraux sur la souveraineté du Québec Phase II nuit énormément à l’impartialité du rapport général. L’évitement têtu de la gouvernance québécoise comme sujet de réflexion et la parole militante muselée démontrent que l’organisation a déjà pris des orientations en écartant du dialogue les exactions du gouvernement québécois envers le territoire et le peuple québécois.

Comment peut-on se proclamer de la démocratie quand un tri de l’information est effectué avant même l’ouverture des conversations?

Le peuple du Québec a principalement deux ennemis : le gouvernement d’Ottawa et le gouvernement du Québec. À cela, il faut ajouter les médias électroniques et les grands journaux. Faut-il maintenant ajouter les mouvements syndicaux à cette liste?
Qu’attendons-nous pour nous réapproprier Télé-Québec, pour en faire notre porte-voix à travers les régions et les Peuples du Québec? Bernard Landry nous conseillait de retrouver le goût de la victoire en commençant par de petites victoires, commençons par celle-là. Reconquérir notre télévision nationale, utilisons le pouvoir de Télé-Québec pour diffuser notre message.


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1 commentaire

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    1 octobre 2014

    Mme Gagnon,
    Extrait: "Je propose que le deuxième rassemblement destiNation se poursuive uniquement sur la démarche indépendantiste et que tous les militants puissent contribuer à définir le processus qui devrait mener à la promulgation de la constituante."
    Heureux d'apprendre que la suite est prévue. Et votre intervention rassure sur l'existence de citoyens prêts à s'occuper de ces tâches accaparantes. Mais surtout, citoyens assez éveillés pour réaliser le soin nécessaire, le temps à consacrer à ce projet emballant.
    La course à la chefferie doit attendre. Ces politiciens sont au service des citoyens. Qu'ils répondent d'abord à ce projet populaire.