En quoi les députés seraient-ils moins représentatifs que des personnes désignées

La constitution du Québec

Tribune libre

Réponse à l’article de Gilles Duceppe [[«L’avenir n’est ni radieux, ni un champ de ruines :]]
En quoi les députés seraient-ils moins représentatifs que des personnes désignées» publié le dimanche 28 septembre 2014 dans le Journal de Québec.

L'article de Gilles Duceppe en dit long sur sa méconnaissance de la démocratie. À moins qu'il préfère feindre l'ignorance de la dictature canadienne? L'article en dit long aussi sur l'hypocrisie des politiciens québécois élus au provincial et au fédéral qui n'ont fait que contribuer au lent ethnocide du Peuple du Québec de manière presque continue depuis la confédération de 1867.

Exemple d'hypocrisie partisane dans le transport des matières dangereuses

Le gouvernement du Québec est responsable du transport des matières dangereuses sur le territoire québécois et cela n'a pas empêché la catastrophe du Lac Mégantic.

En infraction avec les lois du Québec, MMA a pu conservé sa licence. Ce qui rend le gouvernement du Québec conjointement responsable avec le gouvernement fédéral, les agences canadiennes de contrôle ferroviaire et la pétrolière qui a choisi de lésiner sur les coûts de transport, plutôt que pour la sécurité humaine et environnementale.

Exemples d'hypocrisie canadiennisante dans le système {d'éducation

L'éducation publique est une des importantes juridictions provinciales. Pourtant depuis l'implantation précipitée de la Réforme Marois vers 1990, l'école publique a formé 49% d'illettrés incluant les analphabètes. L'illettrisme est le fait d'avoir appris, mais d'avoir mal appris à lire.

L'absence continue de cours d'histoire du Québec dans le parcours pré-collégial est une autre preuve de la déloyauté des élus provinciaux. Si les Québécois apprenaient l'histoire de leur Nation, ils s'en souviendraient! Ils seraient en mesure de comprendre les enjeux abstraits de la fausse démocratie à la canadienne. Ils sauraient qu'ils vivent sous dictature dans le Canada.

La prolifération d'écoles confessionnelles subventionnées (plus de 190) et des 279 universités satellites qui s'ajoutent aux 18 universités prouvent à quel point le peuple du Québec est constamment humilié par ses élus depuis le référendum de 1995. La proportion de Québécois inscrits au premier cycle universitaire diminue d'année en année depuis l'arrivée de la première cohorte de la réforme Marois, alors que les inscriptions des néo-Québécois ou d'étudiants étrangers augmentent rapidement.

En plus d'accorder des permis pour l'ouverture d'établissements privés, l'État les subventionne à hauteur de 60 %, pour finalement miner les processus d'intégration culturelle des néo-québécois au peuple d'accueil, les Québécois.

Traîtrise presque continue des élus québécois provinciaux et fédéraux

Les politiques délétères des gouvernements successifs au Québec et au Canada ne cessent de s'accumuler. Et les politiciens qui ont voté ces politiques et ces lois malencontreuses n'ont aucun droit de revendiquer le privilège d'écrire la constitution du Peuple souverain en se prétendant légitimes. C'est comme si le temps leur avaient manqué de l'écrire depuis 1867.

Qui doit écrire la constitution du peuple souverain?

Il ne faut pas non plus s'attendre à ce que les Québécois fassent l'indépendance de l'État en ne gardant pas main mise sur la rédaction de la constitution. Le premier critère de sélection des membres constituants l'Assemblée constituante serait pour moi : Ne jamais avoir siégé à l'Assemblée nationale, ni à la Chambre des communes et ne pas être identifié aux élites syndicales.

Portrait du Québec dessiné par les politiques

Si l'avenir n'est ni radiaux, ni un champ de mines pour Gilles Duceppe qu'il passe à Shawinigan rencontrer la population entière qui manifeste dans la rue, qu'il voyage le long des rives du St-Laurent pour constater l'abandon des quais, qu'il y compte les maisons abandonnées et les villages fermés, qu'il survole le territoire pour compter les trous de mines et les zones de coupes à blanc, les rivières contaminées, qu'il aille à la soupe populaire mesurer le désarroi des travailleurs pauvres, qu' il passe une journée dans une école primaire à moitié salubre où les enseignants s'épuisent à éduquer les enfants pauvres du Québec, soit 21 %, dans l'adversité de leur environnement, qu'il recense le nombre de fonctionnaires dopés aux antidépresseurs pour échapper à la moralité du bien commun.

Pour se reposer de son voyage pan-territorial, qu'il fasse le décompte des grèves de travailleurs depuis 5 ans, des manifestations d'étudiants et d'autres groupes sociaux, des mobilisations citoyennes pour la préservation de la nature, des fermetures d'entreprises...

L'AVENIR EST LOIN D'ÊTRE RADIEUX ET IL EST PAVÉ DE MINES

Avant longtemps, les groupes sociaux comprendront la nécessiter de faire front commun pour mettre de l'ordre dans notre État. La proposition de Luc Archambault est la seule qui prévoit un mécanisme permettant d'espérer que tout ne se fasse pas dans le désordre. Bien que difficile à lire, elle vaut la peine de se tordre un peu les méninges pour ajouter une couche d'épaisseur à la réalité d'inféodé que nous sommes.

L’AVENIR N’EST NI RADIEUX, NI UN CHAMP DE MINES
{par Gilles Duceppe, pubié dans le Journal de Québec, zone VIP, le 28 septembre 2014
http://www.journaldemontreal.com/2014/09/28/lavenir-nest-ni-radieux-ni-un-champ-de-ruines

Le débat s’est engagé dans le mouvement souverainiste et c’est une excellente chose. Il reste cependant que tout en respectant les différentes opinions, il importe de ne pas tomber dans l’angélisme ou le pessimisme revigorant !

Il faut éviter à tout prix le déni, ainsi que les affirmations creuses, si bien intentionnées soient-elles.

Les idées fausses réconfortent, mais ne mènent nulle part.

La constituante

Plusieurs mettent de l’avant la création d’une constituante pour rédiger une constitution d'un Québec souverain. La constituante exprimerait la souveraineté du peuple, alors que l’Assemblée nationale ne serait que l’expression de la souveraineté de l’État. L’exemple qui inspire les promoteurs de cette idée: les États-Unis.

Faut-il rappeler que ceux qui ont rédigé la Déclaration d’indépendance en 1776 n’avaient d’autre choix que d’agir ainsi, car il n’existait alors aucune institution démocratique. Les États-Unis étaient une colonie britannique. Leur objectif premier était que le peuple choisisse lui-même ses représentants.

Faut-il rappeler qu’au Québec nous vivons en régime démocratique et que nous avons la possibilité de décider si nous voulons nous donner un pays?

Mettre sur pied une constituante avant même un référendum, ça signifie que seuls les souverainistes seraient invités à l’élaborer. Comment dès lors parler d’une plus grande démocratie et de la souveraineté du peuple si on exclut d’emblée tous les autres?

Si les souverainistes, dont je suis, remportent un jour un référendum, pourquoi mettre sur pied une constituante, plutôt que de faire comme les Américains après la fin de la guerre en 1783 en réunissant les élus du Congrès de 1787 pour rédiger une constitution?

En quoi les députés seraient-ils moins représentatifs que des personnes désignées pour faire partie d’une constituante, sachant de plus que certains proposent de procéder par tirage au sort!
Se pourrait-il que la tâche première des députés après un référendum victorieux consiste justement à écrire une constitution qui devrait par la suite être approuvée par les citoyens.

Une erreur ?
Proposer un bon gouvernement: une erreur? J’entends souvent dire par des militants de bonne foi que les souverainistes font une grave erreur en proposant de former un bon gouvernement. Voilà un argument irrationnel qui démontre une profonde méconnaissance des attentes du peuple, dont se réclament sans cesse les partisans de cette stratégie suicidaire. Drapée d’audace, cette idée est en fait suicidaire.

Comment en effet penser sérieusement gagner un référendum sans prendre le pouvoir? Comment penser prendre le pouvoir sans démontrer que la souveraineté est de loin la meilleure solution pour répondre aux besoins des citoyens? C’est une chose que de clamer sans arrêt que le peuple doit décider. C’en est une autre, bien plus exigeante, de mériter son respect.
Le combat pour le pays ne saurait être victorieux sans lier les intérêts supérieurs du Québec, les besoins fondamentaux des citoyens et la nécessité de la souveraineté.

Il est facile de convaincre des convaincus, mais se contenter de triompher dans la marginalité n’est ni plus ni moins qu’un acte de lâcheté.


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    2 novembre 2014

    Quels devraient être les critères de sélection des personnes qui siègeront à l'Assemblée constituante du Québec?
    Pistes de réflexion
    1. LA MÉTHODE DE SÉLECTION :
    a) Par tirage au sort,
    b) Par désignation par les citoyens constituants,
    c) Par élection,
    d) Une combinaison de ces trois méthodes.
    2. LES CRITÈRES DE SÉLECTION DES PERSONNES :
    a) La personne doit-elle parler français?
    b) La personne doit elle avoir complété au moins un secondaire 5?
    c) La personne peut-elle avoir un casier judicaire?
    d) La personne doit-elle être née au Québec?
    e) La personne doit-elle être en règle avec la fiscalité provinciale et fédérale?
    f) La personne peut-elle avoir siégé à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des communes?
    g) La personne peut-elle appartenir à l'élite financière, syndicale ou politique?
    h) La personne peut-elle être journaliste?
    i) La personne doit-elle s'être illustrée dans une ou des luttes de justice sociale?
    k) La personne doit-elle avoir contribué à l'éveil collectif par des publications ou des conférences?
    Il s'agit de la plus importante question que l'Assemblée constituante provisoire du Québec (https://www.facebook.com/ConstituanteQuebec?fref=ts) peut traiter. La question de critères de sélection est déterminante pour l'aboutissement de l'Assemblée constituante. La constitution va refléter les valeurs des personnes qui l'ont écrite. Pour que cette constitution ressemble au peuple et favorise les intérêts du peuple, elle doit être écrite par des gens qui ont montré leur engagement par rapport aux valeurs de notre nation.

  • Danièle Fortin Répondre

    2 octobre 2014

    Bonjour Madame Gagnon,
    D'abord merci pour votre texte. Sans votre précieuse intervention sur « Vigile », le billet de Gilles Duceppe m'aurait échappé.
    À la question de M. Duceppe :
    En quoi les députés seraient-ils moins représentatifs que des personnes désignées.
    Vous répondez avec justesse :
    « Le premier critère de sélection des membres constituants l’Assemblée constituante serait pour moi : Ne jamais avoir siégé à l’Assemblée nationale, ni à la Chambre des communes et ne pas être identifié aux élites syndicales. »
    Et j'ajouterais les juges et autres membres du Barreau.
    Ce n'est pas la première fois que je prends connaissance des intentions de nos politiciens souverainistes de prendre une part active à l'élaboration de notre future Constitution, ils sont même, je le crains, majoritaires à se soucier de leur présence à cet exercice qui se doit d'être en tout point indiscutablement démocratique. Enfin, pour une fois dans toute l'histoire politique du peuple québécois, ces derniers seront appelés à fixer les règles et les termes de SA Constitution.
    Par quel prodige reste-t-il encore des gens comme M. Duceppe qui ne saisissent pas qu'un politicien, près des groupes d'intérêt, des lobbies, de groupes d'influence, peut à la fois rédiger les règles du pouvoir et en même temps les appliquer ?
    Nous savons tous qu'ils forment une caste de privilégiés ayant accès à des personnes d'influence ; qu'ils se partagent leur carnet d'adresse, fréquentent sensiblement les mêmes personnes détenant elles-mêmes des postes de pouvoir. Comme l'écrivait, en d'autres termes, Howard Zinn :
    « Aucun représentant ne peut exactement représenter les besoins d'autrui ; un représentant tend à devenir membre d'une certaine élite et jouit souvent de privilèges qui érodent l'intérêt qu'il doit porter aux revendications de ses mandants. Relayée par les élus du système représentatif, la colère des protestataires perd de sa force ; [...]. Les élus développent une certaine expertise qui tend à sa propre perpétuation. Les représentants passent plus de temps ensemble qu'avec les électeurs qu'ils représentent et forment vite un club fermé respectant ce que Robert Michels appelait "un pacte d'assistance mutuelle" contre le reste de la société.
    Laisser la moindre marge de manœuvre, quant à l'élaboration de la Loi des lois, notre Constitution, aux représentants des différents paliers de pouvoir, passés, présents et à venir, va même à l'encontre de toute logique démocratique.
    Comme ne cesse de le répéter Étienne Chouard :
    [L]a vraie clef du contrôle des pouvoirs : ce n’est pas aux hommes au pouvoir d’écrire les règles du pouvoir ; ce n’est pas aux parlementaires, ni aux ministres, ni aux juges, ni aux présidents, d’écrire les institutions, d’écrire eux-mêmes les limites de leur propre pouvoir.
    Pourtant les Gilles Duceppe de ce monde argueront qu'ils sont des experts ! Des experts ? Ah oui ?!
    Je ne prendrai qu'un exemple pour démontrer qu'il n'en est rien; que même au contraire nos « péquisto-bloquistes» se complaisent soit dans l'ignorance soit par une vicieuse rétention d'informations auprès de leurs électeurs : jamais, en près de cinquante ans pour les péquistes et en près de vingt-cinq ans pour les bloquistes, ses dirigeants n'ont informé la population sur une question aussi fondamentale que les régimes politiques. Je parle ici surtout du concept de république. Alors que chez nos amis irlandais, français, étasuniens et même écossais, le terme « république » fait partie de leur vocabulaire usuel depuis le XVIIIè s ! Il y a quelques années j'avais relevé cette faille à un cadre du Pq et pour justifier ce silence autour de la république, le pauvre erre m'avait répondu qu'il valait mieux ne pas engager ce débat car « trop divisif ( sic ) » ! Alors que, sensiblement à la même époque, un sondage indiquait que plus de 85% des Québécois étaient favorables à l'abolition de la monarchie ! Il ne suffisait que de rendre plus transparent l'idée de république pour convaincre les Québécois de la nécessité de l'indépendance.
    Au fond, lorsque l'on s'y attarde, cette clique de satisfaits qui fait office de représentants politiques, actuelle, passée ou future, ne craint pas tant l'indépendance nationale mais bien que le peuple, par sa nouvelle prise de conscience démocratique et de SA souveraineté, se saisisse de son propre pouvoir légitime.
    Les politiques ayant fait le choix de la représentation et de l'exercice du pouvoir devront faire de leur participation aux règles du pouvoir, leur deuil. Ce que les experts nomment : la séparation des pouvoirs.
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