Où diantre s’en va donc François Legault? Plus difficile à suivre qu’un bulletin de circulation à Montréal, le chef caquiste change de direction au moindre coup de vent dans les sondages.

En 2004, du temps où il était au Parti québécois et rêvait d’en être un jour le chef, il signait son propre manifeste dont le titre — ça ne s’invente pas — était Le courage de changer. Ce qu’il a d’ailleurs beaucoup fait depuis...

Il n’y a que les fous qui ne changent pas d’idée, mais quand on en change trop souvent, ça finit par user la patience des électeurs.

Fier Canadien

Souverainiste pressé au PQ, il part fonder la CAQ en 2011 et se dit dorénavant «ni souverainiste, ni fédéraliste». L’an dernier, il opère un «virage nationaliste». Cette année, il se déclare maintenant «fier d’être Canadien». Comme grand écart, Rudolf Noureev en aurait lui-même rougi d’envie.

La seule constance de François Legault était de loger au centre droit sur les questions dites économiques. Baisses d’impôts, coupes à l’aide sociale, etc. Cette semaine, surprise, il change de refrain.

En entrevue avec La Presse, disant tirer les «leçons» de la victoire de Trump, il s’inquiète tout à coup de l’«écart grandissant entre les pauvres et les riches» et propose même de faire payer les plus riches.

Épiphanie

Devant une épiphanie sociale-démocrate aussi grandiose, on en perd son latin. Du moins, jusqu’à ce que M. Legault change d’idée à nouveau.

Bref, le chef caquiste donne l’impression de se magasiner de nouvelles orientations, même contradictoires, au gré des effets de mode politiques. Hier, l’indépendance. Aujourd’hui, fier d’être Canadien. Demain, lutter contre la pauvreté.

Brandissant aussi l’étendard «identitaire», comme chef, M. Legault semble être lui-même en crise perpétuelle d’identité. Or, pour s’imposer face au PQ comme solution crédible de rechange aux libéraux, changer aussi souvent de recette risque au contraire de faire fuir sa clientèle.