Ira-t-elle ou n’ira-t-elle pas? Ex-ministre des Ressources naturelles, députée de Vachon et ex-candidate défaite par deux fois à la chefferie du Parti québécois, Martine Ouellet réfléchit sérieusement à la possibilité de prendre la direction du Bloc québécois.
En entrevue chez Dutrizac, Mme Ouellet rappelait les caricatures peu flatteuses du Bloc qui sont apparues dans les médias depuis le lancement de cette forte rumeur.
Puis, faisant référence à une caricature où on la voyait conduire un squelette de dinosaure, elle répondait du tac au tac que le «Bloc n’est pas un dinosaure, c’est un phénix!».
Bref, sous sa direction, si on la comprend bien, il renaîtrait de ses cendres... Et la députée d'ajouter que selon elle, le Bloc est le seul parti à Ottawa à «défendre les intérêts du Québec».
Le Journal rapporte aussi que des «membres notoires» du Bloc lui déroulent déjà le tapis rouge.
Pendant la dernière course à la chefferie du PQ, rappelons également que Mario Beaulieu, militant indépendantiste de longue date et organisateur aguerri, député bloquiste, ex-chef du Bloc et son président actuel, l’appuyait ouvertement.
Connue pour ses convictions souverainistes solides et sa connaissance des dossiers environnementaux, Martine Ouellet ferait en effet une chef redoutable pour un parti qui en a grand besoin. Et c’est un euphémisme...
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Au-delà des formules de politesse...
Au-delà des formules de politesse de circonstances, qu’en penserait toutefois le nouveau chef du PQ, Jean-François Lisée?
Apprécierait-il ou non d’avoir comme «collègue» chef souverainiste au fédéral une ex-candidate à la chefferie dont la plateforme, contrairement à la sienne, comprenait la promesse d’un référendum au premier mandat?
À première vue, peut-être pas. Mais à bien y réfléchir, un Bloc ragaillardi par une nouvelle chef aussi déterminée permettrait tout au moins à M. Lisée, pour reprendre son propre mot, d’«additionner» des forces plus enjouées à un mouvement souverainiste fragile.
Bref, sous toutes réserves et à moins d’un tremblement de terre politique d’ici janvier, la décision de Mme Ouellet semble être à peu près prise. Sûrement qu’elle ne qualifie pas le Bloc de «phénix» tout à fait pour rien...
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Choisir
Pour Mme Ouellet, le problème réel risque toutefois d’être de nature plus logistique.
En entrevue, elle semble laisser entendre que ces deux rôles – députée à l’Assemblée nationale et chef du Bloc, si elle le devient -, ne seraient pas nécessairement incompatibles.
Or, dans la realpolitik canadienne et québécoise, ce sont là non seulement deux parlements distincts, mais deux paliers de gouvernement complètement différents.
Bref, assumer les deux rôles en même temps constituerait un grand écart politique certes spectaculaire, mais fort complexe à naviguer. Non seulement pour la principale intéressée, mais aussi pour les électeurs de Vachon et le caucus bloquiste lui-même.
Depuis le règne de Lucien Bouchard, premier chef et fondateur du Bloc, les deux formations politiques ont également différé de position sur quelques dossiers importants – dont les fameuses questions «identitaires».
La nécessité de conserver leur relative «indépendance» politique mutuelle est donc une donne à prendre en considération. Ce qui serait toutefois très difficile du moment où Mme Ouellet siégerait à Québec comme députée péquiste tout en dirigeant le Bloc à Ottawa sans être élue...
Une solution possible, si elle devenait chef du Bloc, serait de convaincre un des dix députés bloquistes actuels de lui céder son comté.
Cela nécessiterait évidemment deux élections partielles - une au provincial et une autre, au fédéral.
Une chose, par contre, est sûre : diriger un parti de loin n’est jamais une bonne idée lorsque ce «loin» se traduit par un siège occupé dans une autre province et à un autre palier de gouvernement.
Pour avoir son plein effet politique potentiel, la présence visible et audible de Martine Ouellet à Ottawa serait aussi une nécessité évidente.
Comme quoi, l’arrivée possible de Mme Ouellet à Ottawa dès 2017, soit en plein 150e anniversaire du Canada, donnerait aussi potentiellement du tonus au discours souverainiste.
Si elle siégeait dans le même parlement que le premier ministre Justin Trudeau, une autre chose est sûre : les députés du Bloc ne s’ennuieraient plus très longtemps...
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