Mardi dernier, le député libéral de Pontiac André Fortin a officiellement abandonné l'idée de succéder à Philippe Couillard à la tête du Parti libéral du Québec, lui qui était pressenti comme favori dans une éventuelle course au leadership. Peu après, l'ex-ministre Sam Hamad, une figure très aimée dans la région de la Capitale-Nationale, s'est lui aussi exclu de la course après avoir laissé planer le mystère autour d'une possible candidature.
Ces deux désistements font suite à ceux d'Alexandre Taillefer, de Sébastien Proulx et de Pierre Moreau, des personnalités issues du Québec francophone qui souhaitaient rapprocher le PLQ de la majorité québécoise.
Tous à divers degrés en faveur du principe du projet de loi sur la laïcité du gouvernement Legault, ils se sont fait clouer le bec par Pierre Arcand lorsqu'il a statué que les libéraux ne feraient pas de compromis dans leur opposition systématique à la laïcité tel que souhaité par 70% des Québécois.
Une course à la chefferie sur l'île de Montréal
Il ne reste plus que deux cheffes potentielles pour les libéraux, toutes deux issues de circonscriptions libérales sûres de la métropole. D'une part, la tapageuse Marwah Rizqy ne cesse de faire parler d'elle, avouant même aux médias qu'elle préparait elle-même une plateforme électorale pour 2022.
Instigatrice de la fameuse «lettre d'excuses» pour l'austérité ayant circulé dans les rangs libéraux, il y a fort à parier que l'establishment libéral (surtout Carlos Leitao) ne la porte pas dans son cœur. Cependant, son programme de virage à gauche pour le PLQ, dont la gratuité scolaire ferait très probablement partie, pourrait peut-être donner une seconde vie aux libéraux chez les progressistes mous qui appuient actuellement Québec solidaire.
Un problème de taille se pose présentement aux libéraux, peu importe laquelle des deux prétendantes accédera au trône l'an prochain: il doit absolument redevenir compétitif chez les francophones hors Montréal s'il souhaite gagner la prochaine élection.
D'autre part, la discrète Dominique Anglade place ses pions depuis le mois de mai, alors que diverses sources rapportaient qu'elle s'activait en coulisses pour éventuellement prendre la place de Philippe Couillard avant même l'élection du 1er octobre 2018. Contrairement à ses adversaires potentiels, l'ex-vice-première ministre du Québec n'a presque rien dévoilé de ses plans pour conquérir la chefferie libérale, mais la force des choses fait maintenant d'elle la favorite, faute d'adversaires de calibre.
Dans cette optique, avoir pour cheffe une députée issue de la métropole et très collée sur sa réalité serait sans doute la pire erreur à faire, sous peine de se replier continuellement vers la plus grande ville du Québec en oubliant peu à peu le reste.
Un volontaire pour perdre 2022
Dans sa déclaration aux médias concernant son retrait de la course à la succession de Philippe Couillard, André Fortin a avoué qu'il avait eu «plus peur de gagner la chefferie qu'autre chose», notamment en raison de ses deux fillettes, dont il souhaite s'occuper davantage qu'il ne le pourrait s'il était chef de l'opposition officielle.
Ceci dit, une autre variable très importante, mais complètement inavouable, a assurément dû peser dans la balance: personne n'imagine sérieusement que le Parti libéral du Québec peut gagner le prochain scrutin dans son état actuel, surtout pas ses quelques députés hors Montréal comme André Fortin.
Il est clair que, pour certains prétendants ayant finalement jeté l'éponge, la course à la chefferie libérale de 2020 aura pour seule utilité de trouver un volontaire pour être davantage humilié que Philippe Couillard ne l'a lui-même été le 1er octobre dernier.
Alors que le PLQ végète à 10% chez les francophones et que Québec solidaire tente activement de saper ses bases en séduisant les adeptes du multiculturalisme canadien, la tâche pour un éventuel chef libéral serait double: protéger ses acquis urbains de Québec solidaire et regagner des appuis en banlieue chez les électeurs caquistes. Aussi bien lui demander de résoudre la quadrature du cercle.
Devenir plus que le parti des minorités
Le problème auquel le PLQ est présentement confronté, il en est lui-même la cause: à force de s'être positionné durant des années comme le parti des minorités et en faisant de la politique sur le dos de la majorité québécoise, les francophones se sont entièrement retournés contre lui.
Si les libéraux pouvaient tirer profit de la division du vote, la fulgurante montée de la CAQ, appuyée par plus d'un francophone sur deux, a mis en échec le vote homogène des anglophones et des allophones.
En se retirant, les personnalités les plus susceptibles de redonner un certain rayonnement en région au PLQ laissent le parti entre les mains de leurs collègues montréalais, qui foncent à toute allure vers un mur.
Devant ce constat d'échec, Pierre Arcand et les élus libéraux montréalais continuent de parler à leur base de 20% d'électeurs, tandis que les André Fortin, Alexandre Taillefer, Sébastien Proulx et Pierre Moreau prennent du recul les uns après les autres, de plus en plus conscients que le PLQ de 2019 est électoralement condamné hors de la métropole et des circonscriptions à forte composante non francophone.
En se retirant, les personnalités les plus susceptibles de redonner un certain rayonnement en région au PLQ laissent le parti entre les mains de leurs collègues montréalais, qui foncent à toute allure vers un mur. À les voir aller, les chances que le Parti libéral forme le gouvernement en 2022 sont excessivement minces, au point où même les aspirants-chefs le voient venir.
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Direction du PLQ: Fortin ne sera pas candidat: