Qui veut régler rapidement?

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Les syndicats devraient accepter les conditions avant que l'opinion publique ne se retourne contre eux


Les conventions collectives du secteur public sont venues à échéance à minuit la nuit passée. À la dernière minute, le gouvernement a reconduit certaines primes essentielles pour des employés clés du secteur de la santé. Tant mieux. Certains dénoncent maintenant l’intention du gouvernement de régler l’ensemble de la négociation en accéléré. 


Je comprends que certains travailleurs du secteur public se sentent bousculés par cet agenda devancé. Habituellement, nous aurions dû assister à une longue danse ou gouvernement et syndicats testent leur rapport de force. On aurait dû assister à quelques moyens de pression, peut-être des journées de grève. 


À qui l’avantage ? 


La crise de la COVID-19 ne permet pas le scénario usuel. Posons-nous donc la question : « Qui bénéficierait d’un règlement rapide ? » La tentation serait de penser que le gouvernement sortirait gagnant en obtenant un règlement qui soit proche de la proposition initiale qu’il a déposée l’automne dernier. Ce n’est pas le cas. 


Dans l’état actuel des choses, tout règlement rapide favorise grandement les employés de l’État. La réalité économique et sociale a radicalement changé avec la crise. Tellement que la proposition de hausses salariales soumise par le gouvernement qui paraissait chiche à l’automne semble maintenant assez généreuse. 


Dans les mois à venir, toutes les conditions de négociations vont se détériorer pour le secteur public. Commençons par l’opinion publique. La crise crée une sympathie sans précédent pour beaucoup d’employés du secteur public, notamment ceux de la santé. L’heure est à admirer leur dévouement, à dire merci, et non à chigner sur leurs avantages sociaux. 


Dans six mois 


Imaginons une reprise de la négociation avec les syndicats du secteur public l’automne prochain, alors que le déficit annoncé sera entre 10 et 15 milliards $ et que le chômage sera à 15 %. Même les modestes hausses salariales de 2 % apparaîtront déraisonnables. 


Elles apparaîtront encore plus déraisonnables aux yeux des gens qui ont perdu leur emploi, de ceux qui auront fait faillite ou des propriétaires de PME qui auront tout perdu. Une partie de l’opinion publique réclamera plutôt que les employés du secteur public participent à l’effort de redressement. Un gel salarial et même une réduction salariale temporaire seront à l’ordre du jour. 


Les victimes de la crise de la COVID-19 auront vécu un choc terrible d’incertitude. Ils seront davantage sensibles à la valeur de la sécurité d’emploi. Sans enlever rien au mérite des héros du secteur de la santé, il y aura une conscience que les employés de l’État jouissent d’un avantage réel en ayant leurs entrées de fonds garanties. C’est lors d’une période de grande crise que l’on mesure la pleine valeur de cet avantage. 


Des syndicalistes ont dénoncé la pression mise par le gouvernement pour un règlement rapide des conventions du secteur public. C’est peut-être l’ensemble des contribuables qui devrait demander à son gouvernement de ne rien signer maintenant, ne mesurant pas encore l’ampleur de la catastrophe économique qui nous frappe. Il serait peut-être préférable d’attendre d’avoir ce portrait avant de s’engager dans des paiements pour trois ans.




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