Le chef du Parti québécois, André Boisclair, en a fait sursauter plus d'un en déclarant en fin de semaine, au sujet du refus d'Ottawa de contribuer au plan québécois de lutte contre les changements climatiques: "On a un plan au Québec, qui a des vertus. On réclame 300 millions et on n'a pas une cenne. L'Ontario, qui n'a pas de plan, obtient 500 millions. Il y a toujours bien une limite à se faire entuber par le gouvernement fédéral!" Entuber? Certains ont trouvé le terme cru, voire vulgaire. C'était avant de consulter le dictionnaire, où la seule définition du mot est: "Mystifier, duper, escroquer."
M. Boisclair a ainsi fait la preuve de sa connaissance du vocabulaire. Sur le fond, toutefois, il s'est mis le doigt dans l'oeil. Toronto ne recevra pas plus d'argent pour son plan vert que Québec. Autant à Ottawa qu'à Queen's Park, on le confirme: le gouvernement Harper n'a pas changé d'idée, pas question de verser aux provinces les sommes que leur avait promises à ce chapitre le gouvernement précédent.
Comme les députés bloquistes et libéraux aux Communes, le chef du PQ s'est fondé sur des informations qui ont circulé la semaine dernière dans les médias, informations selon lesquelles le fédéral avait décidé de verser à l'Ontario les 500 millions prévus. Sauf qu'il y avait confusion: les 500 millions en question viennent d'une fiducie pour les infrastructures du transport en commun, fiducie à laquelle ont accès toutes les provinces à la mesure de leur population. Pour sa part, le Québec pourra y piger quelque 300 millions.
L'Ontario n'est donc pas priviligié du tout.
Le gouvernement fédéral devrait-il financer les programmes de réduction des gaz à effet de serre mis en place par les provinces? Pas nécessairement. Ce qui compte, c'est que les programmes financés, qu'ils soient fédéraux ou provinciaux, permettent de réduire efficacement les émissions. Le plan présenté par le fédéral est inadéquat et devrait être amélioré. Mais cela ne passe pas nécessairement par de nouveaux transferts aux provinces.
Quoi qu'il en soit, aucune formation politique n'est plus mal placée que le Bloc québécois pour dénoncer la décision du gouvernement conservateur à cet égard. S'il tenait tant au plan de lutte aux changements climatiques du gouvernement Martin et aux sommes promises au Québec, il n'avait qu'à ne pas faire tomber les libéraux au profit d'un parti qu'il savait hostile au Protocole de Kyoto.
Dans cette affaire, il est fascinant de découvrir comment les partis d'opposition à Ottawa et le Parti québécois sont partis d'une bribe d'information, qu'ils n'ont pas pris la peine de vérifier, pour monter un psychodrame où le Québec se verrait encore une fois imposer le rôle de victime. On l'a vu, la réalité est tout autre: le Québec ne se fait ni entuber, ni mystifier, ni duper, ni escroquer.
Il est encore plus fascinant, et à vrai dire déconcertant, de constater l'incapacité du gouvernement de Stephen Harper à répliquer rapidement et efficacement à des attaques aussi peu fondées. Depuis vendredi dernier, les porte-parole conservateurs donnent aux questions de leurs adversaires et des médias à ce sujet des réponses tellement confuses qu'ils ne doivent pas les comprendre eux-mêmes. C'est un des domaines où l'équipe de M. Harper semble tout simplement dépassée par les événements.
apratte@lapresse.ca
Qui entube qui?
Kyoto
André Pratte878 articles
[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8a...
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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]
[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.
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