Nicolas Sarkozy, éclaboussé par le scandale des fausses factures de son parti, l’UMP, et dont des proches sont cernés par la justice, voit s’accumuler les obstacles sur le chemin d’une candidature à la présidentielle française de 2017.
Au coeur de la tempête, l’ex-chef d’État de droite reste silencieux. Il était il y a quelques jours en Israël pour assister à un concert de Carla Bruni. Mardi, c’était Madrid pour des rencontres politiques qu’il continue d’entretenir depuis son échec à la présidentielle de 2012 dans un emploi du temps entrecoupé aussi de conférences privées à l’étranger.
La révélation de fausses factures pour un montant total d’une dizaine de millions d’euros, faites au nom de l’UMP (Union pour un mouvement populaire) alors que les dépenses visaient à honorer des contrats liés à sa campagne présidentielle de 2012, l’a replacé au centre d’une nouvelle polémique en France. Il est toutefois encore difficile d’en percevoir les conséquences pour l’ancien président, mis hors de cause par ses proches.
Mercredi, le gouvernement socialiste a réclamé que « toute la transparence soit faite » sur les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy.
Savait-il ou ne savait-il pas ? « Il me semble impossible à croire qu’un dépassement de budget de 10 millions d’euros, soit 50 % de plus que le montant autorisé [dans une campagne présidentielle], puisse se faire sans prévenir le patron », a répondu Thomas Guénolé, auteur d’un ouvrage titré Nicolas Sarkozy, chronique d’un retour impossible ?.
«S’il savait, il a triché massivement, et s’il ne savait pas, quel chef peut laisser passer un wagon avec 10 millions d’euros dedans : il y a dans ce cas-là un problème d’incompétence. Quand vous avez le choix entre la malhonnêteté et l’incompétence, en termes d’image ce n’est pas une bonne nouvelle pour vous », ajoute Thomas Guénolé.
L’affaire a conduit mardi à l’éviction brutale du patron de l’UMP, Jean-François Copé, soupçonné d’avoir couvert les malversations comptables et qui était le plus fidèle soutien de Nicolas Sarkozy pour son retour en politique. Ce qui n’est pas le cas des ex-premiers ministres François Fillon, 60 ans, et Alain Juppé, 68 ans, qui ont pris le contrôle du parti dans le cadre d’une direction collégiale.
MM. Fillon et Juppé, qui ont pris leurs distances avec M. Sarkozy, ont tous deux des ambitions présidentielles et n’entendent pas se voir imposer l’ex-chef d’État — qui conserve une forte popularité auprès des militants — autrement que dans le cadre loyal de primaires. Se considérant au-dessus de la mêlée, l’ex-président n’entend pas s’y soumettre.
Dès mardi, alors que certains commentateurs ont évoqué l’hypothèse d’une possible reprise en mains du parti par Nicolas Sarkozy, Alain Juppé a posé des conditions à l’élection d’un nouveau patron de l’UMP attendu à l’occasion d’un congrès extraordinaire à l’automne. Excluant de prendre la direction du parti, il a souhaité que « le candidat à la présidence [de l’UMP] s’engage à ne pas être candidat aux primaires ».
« Le problème, depuis plusieurs mois, est que ce n’est plus Nicolas Sarkozy qui maîtrise l’ordre du jour de son retour, il est plus en réaction qu’en initiative », note le politologue Frédéric Dabi, de l’institut de sondages IFOP. Sa position n’est pas aisée. « Une défaite à la présidentielle vous marque au fer rouge et un retrait du champ politique vous fait prendre le risque de vous faire oublier par les Français », précise-t-il.
Depuis deux ans, les Français entendent en fait surtout parler de l’ex-président dans le cadre d’affaires judiciaires. L’aveu lundi des fausses factures à l’UMP est venue de Jérôme Lavrilleux, qui était en 2012 directeur de campagne adjoint de Nicolas Sarkozy. L’un de ses plus proches collaborateurs, Claude Guéant, ancien ministre de l’Intérieur, a en outre subi cette semaine une garde à vue de trois jours pour son rôle dans un arbitrage litigieux alors qu’il était secrétaire général de l’Élysée — auprès de l’ex-président.
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Quel avenir politique attend Sarkozy?
L’ancien président ne maîtrise plus l’ordre du jour de son retour
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