Des intervenants du milieu de la prostitution voient d’un bon œil la proposition du gouvernement de créer une commission parlementaire spéciale qui se penchera sur la prostitution juvénile.
« Ça fait longtemps que ça aurait dû être fait », mentionne Tanya Brunelle, de la Maison Kekpart, à Longueuil.
Pour celle qui fait de la prévention auprès des jeunes du secondaire, il s’agit d’une bonne nouvelle afin de tenter de régler ce fléau.
Mercredi, le député caquiste et ex-policier Ian Lafrenière a annoncé que son gouvernement demandait la création d’une commission parlementaire à cet effet. Il a promis de se « mettre dans le chemin » des proxénètes.
« C’est très caché, très tabou, continue Mme Brunelle. On parle de plus d’une centaine de filles, seulement dans l’agglomération de Longueuil, qui sont identifiées “à risque” ou qui baignent carrément là-dedans. »
La directrice générale de Projet intervention prostitution de Québec, Geneviève Quinty, salue l’initiative. Selon elle, la demande n’a pas diminué chez les mineures dans les dernières années. Près de 20 % des cas que son organisme accompagne sont âgés de moins de 18 ans.
Points de vue divergents
Les intervenantes souhaitent que des gens de terrain soient invités à émettre leurs opinions aux tables de discussions.
Le père d’une ancienne fugueuse appuie aussi la démarche des caquistes qui, selon lui, ont tenu leur promesse. Éric Hauptman espère désormais que le gouvernement Trudeau s’active au chapitre du projet de loi C-452, qui permettrait de porter des accusations sans le témoignage des victimes.
De leur côté, les organismes qui accompagnent les travailleuses du sexe de tout âge considèrent comme réductrice cette annonce.
C’est le cas de Sandra Wesley, directrice générale de Chez Stella, qui s’interroge sur les motivations des élus. Elle soutient que les efforts ne sont pas mis au bon endroit.
« Ce n’est pas un problème majeur dans la prostitution comme on veut le faire croire », dit celle qui bûche pour faire reconnaître les droits des travailleuses du sexe.
Diane Matte, de la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle, pense pour sa part qu’on reporte l’action.
« On a suffisamment d’informations pour agir. Il faut aider les victimes à s’en sortir, maintenant. »
Québec solidaire a appuyé le projet. Quant aux deux autres partis, ils attendent d’en savoir davantage avant de se prononcer.
– Avec l’Agence QMI