Dans le dossier de Bombardier et de la charité aux multinationales, les gouvernements continuent de nous prendre pour des imbéciles.
Rappelons qu’Ottawa a annoncé qu’il accorde un prêt remboursable de 372,5 millions $ à Bombardier.
Faut-il vraiment préciser que le prêt est «remboursable»? Est-ce qu’on peut ne pas rembourser un prêt et toujours appeler ça un prêt? Il semble que oui. Dans le jargon des gouvernements, il existe même des «prêts non remboursables». N’importe quoi pour éviter d’appeler ça un «don»!
Je suis allé à ma banque hier et je leur ai demandé un «prêt non remboursable» pour ma maison. Vous auriez dû voir la face du banquier. Ça n’a pas été long avant qu’il m’escorte hors de l’immeuble!
Verra-t-on la couleur de notre argent ?
Dans le cas de Bombardier, les quelque 372 millions $ – sans intérêt – prêtés par vous seront (peut-être) remboursés d’ici 15 ans, disait le chef de la direction financière jeudi dernier. Mais ça, c’est seulement si Bombardier vend des avions. Sinon, les contribuables attendront.
On apprenait également que l’avionneur commencerait cette année à rembourser un prêt de 350 millions $ consenti... en 2005. Il faut les croire sur parole, j’imagine.
Bonne chance pour savoir si Bombardier remboursera effectivement ce dernier «prêt remboursable». Les conditions de ces prêts sont rarement transparentes et les demandes d’accès à l’information demeurent souvent lettre morte, notamment parce qu’il s’agit de données commerciales «sensibles».
Parmi les meilleurs
Depuis 1966, Bombardier a remboursé 543 millions $ sur un total de 1,3 milliard $ reçu d’Industrie Canada, révélait le porte-parole d’Industrie Canada dans un article du Globe and Mail d’octobre 2015.
Soulignons-le: parmi les grandes entreprises d’aéronautique (grands bénéficiaires de subventions), Bombardier est une de celles qui affichent l’un des meilleurs taux de remboursement. Imaginez le reste!
Une étude du Frontier Centre, en 2010, révélait que depuis 1982 Industrie Canada a prêté plus de 18 milliards de vos impôts à des centaines d’entreprises (toutes industries confondues). En 2010, celles-ci n’avaient remboursé que 1,9 milliard des 18 milliards prêtés – à peine 10 % du total.
Aider des multinationales avec l’argent des autres, c’est une chose. Mais de grâce, que les politiciens cessent de prendre les contribuables pour des nouilles. Les fameux «prêts» qu’ils font s’apparentent beaucoup plus souvent à des «dons», et ils le savent très bien.
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