Les Québécois ne choisissent rien. Il faut d'abord choisir la
liberté. Qui ne se trouve ni dans un spa de banlieue, ni dans un téléphone
portable ou dans un écran au plasma, encore moins dans un humoriste
québécois. Les Québécois ne savent pas ce qu'est le choix. Ils «
choisissent » l'anglais. Mais ils le font non pas parce qu'ils aiment la
langue, qu'ils aiment parler ! Ils le font parce qu'ils ne sont que des
adolescents ignares, sans culture et sans identité, capables de n'émettre
que des borborygmes.
Ils veulent la liberté ? Mais quand on leur demande de la définir (avec
des mots et une forme), ils ne savent que grogner ! La liberté, ça ne se
donne pas ! Ça se prend ! Et les Québécois ne savent pas prendre, en
énonçant ! Les plus belles conquêtes ne surviennent que dans le don
qu'offre l'autre !
Comme l'évoquait Gaston Miron, quand un individu souhaite apprendre une
autre langue, on peut parler d'ouverture. Mais quand tout un peuple «
désire » apprendre la langue du conquérant, c'est qu'il est déjà mort et
que ce dernier a triomphé.
Les Québécois ne sont pas fiers de la langue française parce qu'ils la
haïssent ! Elle leur « fourche la langue » ! Ils ne savent jamais si la
structure qu'ils utilisent est la bonne. Je vous renvoie à un merveilleux
essai de Miron, dans L'homme rapaillé, intitulé « Aliénation délirante » :
« Il est ti flush… C'est un blood man… watch out a mon seat
cover… c'est un testament de bon deal… »
Aujourd'hui, constamment, j'entends des phrases comme Bon matin (Good
morning) plutôt que bonjour, bon weekend (déformation issue de France et
mimée par les Québécois refoulés et bourrés de complexes face à leurs «
cousins » français) plutôt que bonne fin de semaine. Ça fait in de parler
à la française, avec des anglicismes. Mais s'il n'y avait que cela ! À
lire l'essai de Miron, qui n'est daté que par les exemples, on constate que
la situation s'est gravement dégradée.
Ainsi, quand les Québécois en arrivent à choisir la langue de la « majorité
» (comme, lorsqu'on est adolescent, on se met à fumer pour faire comme tout
le monde, pour acquérir une identité), c'est eux qu'ils détestent en s'en
prenant à leur langue maternelle. Comme l'évoquerait Freud, dans ce cas,
ils haïssent la mère ! Les Québécois sont des adolescents qui cherchent à
s'émanciper ! Mais de quoi, ma foi !
Il y eut le récent retour du refoulé vers le catholicisme parce que les
Québécois n'ont jamais vraiment tenu un débat d'idées – « une
croyance est une idée avortée » – sur la vie et la mort, la vie après
la vie, sur l'origine et la fin. La modernité les a rapidement aveuglés en
les jetant dans l'arène de la libéralisation des mœurs, nus
intellectuellement et spirituellement qu'ils étaient. Et on ne dissimule
pas son manque d'idée à l'aide d'une feuille de choux ! L'émancipation ne
signifie nullement liberté et conscience.
Puis, maintenant, arrive l'égalitarisme tout azimut (il est aisé, quand on
a éradiqué toutes les différences, d'abattre celui-ci plutôt que celui-là.
Qui n'a jamais regardé un document d'archives sur l'Holocauste ne peut
absolument pas imaginer ce qu'est la différence. La différence se retrouve
dans le regard de celui que vous ne « regardez » pas quand vous le niez,
quand vous le mettez en joue) qui rabote toutes les différences au nom
d'une économie de marché sans nom et sans visage. Permettre à tous le
libre choix à une langue autre que la langue nationale est un génocide !
Mais qui dit que la Charte des droits et des libertés est une vérité
absolue et immuable ? Qui dit qu'elle est juste ? Le Canada, en ce sens,
n'est qu'un pays comme les autres ! Car si le Canada veut prétendre aux
Droits de l'homme et du citoyen, il ne cautionnera pas les attaques
vicieuses d'Israël envers la Palestine. Ou alors qu'il laisse tomber le
masque. Ce qu'il ne fera pas, de toute évidence.
Parlant de droit. Depuis quand donne-t-on le droit aux enfants de trois
ans de décider de leur avenir ? On donne aux enfants les responsabilités
qui conviennent à leur âge. Une femme que j'ai connue s'empressait, dès
qu'elle avait accouché, de mettre son rejeton (c'est le mot qui me vient à
l'esprit, un rejeton, quelque chose qu'on rejette hors de soi, qu'on
expulse) sur le pot, « pour qu'il soit propre » disait-elle. Propre !
Mais il faut une vie pour nettoyer sa conscience ! Pourquoi exigerait-on
d'un bébé une propreté dont est incapable un ministre ? Vol de l'enfance,
direz-vous ? De la seule liberté possible (celle de chier en paix et sans
contrainte !) ?
Aujourd'hui, une telle pratique m'horrifie. Il en va de même du
raisonnement de ce gouvernement qui aveugle ses citoyens en scandant la
liberté (à tout prix ! C'est la loi du capitalisme, vous êtes libres si, à
l'aide de ce « pouvoir d'achat », vous pouvez vous la payez, cette liberté
! Quelle répugnance et quelle bassesse intellectuelle !) pour tous. Mais
savent-ils seulement ce qu'est la liberté, dans une société de plus en plus
policée, de plus en plus orientée ? Je soupçonne le Québec d'être
anti-intellectuel. De nier (voire de haïr) l'idée même de penser, car ce
serait trop souffrant de le faire. Crainte que naisse la peur (qui
également libère) quand on dit non pour la première fois au bourreau (au
conquérant). Crainte de devoir penser par soi-même (d'exprimer quelque
chose de neuf, de différent, quelque chose qui ne se retrouve pas dans les
médias du soir ! Quelque chose de singulier ! Quelque chose de vivant),
de devoir vivre pour mourir. Crainte d'écarquiller les yeux d'horreur
devant les monstruosités de ce monde mais également, de découvrir la joie
de pouvoir combattre pour la liberté !
Monsieur Parizeau est indigné du cirque romain de l'Assemblée nationale !
Qu'il lise Nietzsche et ça le calmera sur ses idées préconçues et mortes
avec la fin de la Révolution tranquille. Ici, il ne s'agit pas pour moi de
nier les immenses avancées (je ne parle jamais de progrès, du moins, non
pas comme concept immuable, ce qui, en écrivant, m'apparaît être un
oxymore) qu'ont mises de l'avant des hommes et des femmes des années
soixante, soixante-dix et quatre-vingts. Depuis, d'autres hommes et
d'autres femmes se sont battus pour la vie, ailleurs. Des hommes et des
femmes d'Algérie, d'Afrique, d'Europe de l'Est. Et comment se fait-il que
ces gens cherchent désespérément à quitter leur pays ? N'est-ce pas à
cause de notre égoïsme qui les a asphyxiés, les a privés de dignité humaine
? Pourquoi cherche-t-on à quitter son pays ? Parce que le Canada (Le
Québec) serait une terre merveilleuse ? Demandez ça aux Libanais !
Certes, ils aiment le Québec. Mais ils rêvent du Liban, comme on rêve d'un
amour perdu, de la mère, de la jeunesse, d'une langue !
Maintenant, aux futures générations de choisir. Soit de se mouler à des
lois les privant de leur seul instrument de différenciation (la langue)
face à la bêtise, soit de donner dans le mur de la diversité. Toutes les
langues sont belles. Mais elles le sont quand elles savent maintenir un
degré de pureté, de finesse mais aussi de porosité afin de permettre à tous
les dialectes du monde d'être célébrés. Les langues ne connaissant pas de
hiérarchie. Les plus simples comme les plus complexes sont des chants du
cygne (signe), constamment en danger car constamment parlées. Constamment
neuves car constamment singulières ou plurielles (le chant choral en est un
exemple parfait).
Posons-nous donc cette question ? Après la mort du français au Québec,
assassinerons-nous l'anglais ? Puis le mandarin ? L'italien ? Le Grec ?
Quelle sera la prochaine victime de la liberté pour tous ? Le plus sûr
moyen d'asservir les masses est de les réduire au silence de la Tour de
Babel. Et quand tout ce beau monde beuglera allégrement afin de faire
valoir leurs droits, dans une cacophonie qui n'aura plus rien de commun, on
pourra tranquillement mener le troupeau à l'abattoir du totalitarisme.
Je dis, défendons la langue française au Québec contre ses dirigeants
inféodés à la bêtise. Et que l'on réfléchisse sur ceci : « Le Québécois
haït l'intellectualisme car il l'empêche d'être "réellement" lui-même,
c'est-à-dire, l'autre qu'il ne sera jamais ».
André Meloche
Quand tout un peuple adopte la langue du conquérant
Permettre à tous le libre choix à une langue autre que la langue nationale est un génocide !
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4 commentaires
Archives de Vigile Répondre
4 juin 2010[ « Le gouvernement libéral Charest doit faire la démonstration que la loi 103 permettra de fermer la porte aux stratagèmes et ramener au minimum le nombre d’élèves qui se faufilent vers l’école anglaise.
On entend un peu partout que le plus simple aurait été d’appliquer la loi 101 aux écoles privées non subventionnées.
Si c’est si simple, pourquoi le PQ ne l’a-t-il pas fait lorsqu’il était au pouvoir? C’est pourtant dans son programme depuis 2000.»]
Source ; le blogue de Vincent Marissal,La Presse,3 juin 2010
Archives de Vigile Répondre
4 juin 2010Avoir des enfants qui ne parlent pas français.
http://mediamanager.oc3.generationflash.com/client_utils/_resize_picture_portal.php?member=cp&w=581&h=392&img=051_8052_197186.jpg
[« Parmi les changements apportés par le projet de loi 103, nous applaudissons l'inclusion, dans la charte québécoise, d'un droit pour toute personne s'établissant au Québec «d'apprendre le français et de bénéficier de mesures d'accueil et d'intégration à la vie québécoise». La reconnaissance de ce droit fondamental forcera l'État québécois à enfin consacrer à la francisation des immigrants toutes les ressources requises.»]
Source ; André Pratte,La Presse,3 juin 2010
Archives de Vigile Répondre
3 juin 2010Monsieur Meloche, votre lettre mérite que vous la fassiez parvenir au journal Le DEVOIR avec comme titre: Lettre à mon peuple qui dort au gaz, le gaz de la consommation, de l'abrutissement,de l'humour pette-fesse, du pain et des jeux et du confort et de l'indifférence.
Archives de Vigile Répondre
2 juin 2010Très bonne analyse et réflexion sur la situation des Québécois, monsieur Meloche, que j'appuie totalement.
Le problème avec le choix que nous devons prendre, pour notre futur, c'est que la grande majorité ne peut prendre ce choix, parce qu'ils n'ont aucune idée des faits réels, parce que les fédéralistes, dont plusieurs médias nationales(sic, n'osent pas les appuyés, a cause de leur électoralisme crasse,
Aussi, les options qui sont offertes,ne sont pas clairs, ni débattus réellement dans la société.
Je suis malheureux de le dire, mais nous devons faire un véritable choix,pour qu'au moins, nous ne puissions pas dire que nous avons simplement laisser aller les choses.Voulons nous d'un pays, francophone, québécois, basé sur notre culture, ou bien stopper tout débat et procéder a l'anglisation. Il n'y a pas d'entre deux, parce que le Canada ne veut pas d'une province différente des autres, et on ne peut plus garder le statu-quo comme viable.
Il faut croire que nos politiciens se gardent bien tout vrai débat, parce qu'il ne sont que des politiciens, et ne veulent que leur intérêt personnel.Comment voulez-vous que l'électorat s'intéresse a pareil spectacle!