Dans la vie, présenter ses excuses sincères pour une bévue est un geste honorable. Ça permet souvent de guérir une blessure laissée par un geste ou une parole qui n’aurait pas dû être posé ou prononcée. Dépendant bien sûr de la gravité des conséquences de l’événement en question. Car il arrive aussi que même des excuses n’effacent en rien les effets toxiques d’une trahison de la confiance, par exemple.
En politique, les excuses sont un modus operandi d’un tout autre ordre. Lorsqu’elles sont rapides et spontanées, elles sont souvent sincères. Là où le doute subsiste, c’est lorsque les excuses viennent après qu’une grave erreur ait été révélée par les médias. Dans ces cas, les excuses tiennent souvent du marketing politique.
Prenons le cas de Benoit Dorais, président du Comité exécutif de l’administration de la mairesse de Montréal, Valérie Plante.
Ce mardi, j’expliquais ici pourquoi les multiples récidives d’excès de vitesse de volant de M. Dorais – dont celle à 171 km/h (!) aussi récemment qu’en avril dernier -, ne tenaient certes pas d’une simple «erreur de jugement», mais d’un comportement dangereux récidiviste.
Eh bien, voyez-vous, M. Dorais vient tout juste de s’en excuser jeudi sur sa page Facebook. Alors, vous me direz, il est où le problème?
Justement, il est dans le fait que ses excuses arrivent tard. Soit trois mois après le dernier excès dangereux en question à, redisons-le, 171 km/h.
Surtout, elles arrivent une semaine après que le Journal de Montréal ait rapporté les dits excès qui, dans les faits, mettent en doute sa crédibilité comme président du comité exécutif parce qu’il s’est comporté de manière à mettre des vies, dont la sienne, en danger.
Bref, c’est ce qui s’appelle prendre son temps.
En plus, sur sa page Facebook, son message débute sur les festivals à Montréal, etc. Non seulement tardif, son message réduit aussi ses gestes à une «erreur de jugement» et ce n’est qu’à la fin qu’il écrit ceci :
«Je voulais prendre le temps aussi ce soir de m’adresser à vous pour revenir sur ma contravention due à un excès de vitesse. Ceux qui me connaissent savent que j’ai pris mes responsabilités face à cette situation : j’ai admis mes torts et j’assume les conséquences, comme tout autre citoyen.
Je reconnais que j’ai commis une erreur de jugement et je vous assure que ce n’est pas le type de comportement que je souhaite promouvoir auprès de mes concitoyens et concitoyennes. Ainsi, je tiens d’abord et avant tout à m’excuser auprès de vous.
J’ai également pris le temps de m’excuser auprès de la mairesse de Montréal et des membres du comité exécutif. Elle m’a réitéré sa confiance en ma capacité d’exécuter les tâches de gestion qu’elle m’a confiée. Et je la remercie. Bien entendu, j’entends continuer d’assurer mes fonctions avec sérieux et avec les meilleures intentions pour notre Ville. Vous savez que vous pouvez compter sur moi et mon indéfectible ardeur au boulot. J’ai l’intention de poursuivre le travail des dernières années pour faire de notre arrondissement et de notre ville une place encore meilleure pour y habiter, y travailler, s’y instruire et s’y divertir.
Encore une fois, je m’excuse pour ce geste répréhensible et soyez assurés que je comprends sa gravité.»
Et voilà. En politique, la crédibilité, ce n’est pas seulement de s’excuser lorsqu’on a posé un geste grave, c’est le faire à temps, avant qu’on y soit poussé par les médias. Et là encore, malheureusement, M. Dorais a échoué au test.
Qui plus est, comme président du Comité exécutif de la métropole du Québec, sa responsabilité ne s’arrêtait pas à en parler, comme il le dit, à «ceux qui le connaissent», mais aux citoyens de la ville.
S’il comprenait vraiment la «gravité» de son geste, pourquoi avoir attendu trois mois après le dernier excès grave en date et une semaine après le reportage qui en faisait état?
À ces questions, les électeurs devront donner leurs propres réponses.