En 1981, M. Mitterrand abolissait la peine de mort alors même que, garde des sceaux, il avait laissé partir à l’échafaud nombre de terroristes FLN lors de la guerre d’Algérie. M. Macron vient de célébrer cet anniversaire et nous donne la mission exaltante de convaincre le monde entier d’abolir la peine capitale. La tâche va être rude ; je doute que ce projet soit favorablement accueilli partout, en particulier en terre d’islam, et dans les dictatures asiatiques et africaines. Il nous lance dans une croisade angélique. Évidemment, il ne se passera rien. Il aura le même succès que M. Briand qui, en 1929, voulait mettre la guerre hors la loi.
L’humour grinçant d’Alfred Capus (1858-1922) interrogeait jadis : « Supprimer la peine de mort ? D’accord ! Que messieurs les assassins commencent ! » La majorité des Français reste favorable à l’application de la peine capitale aux auteurs de crimes particulièrement odieux et pour lesquels aucune circonstance atténuante ne peut raisonnablement être invoquée. Il y a toujours eu une majorité pour estimer qu’elle demeurait un mal nécessaire pour punir et aussi – ce qu’on occulte trop souvent – pour mettre hors d’état de nuire définitivement les monstres que sont devenus certains hommes. Remarquons que, sur ce sujet de société majeur, on s’est bien gardé de demander par référendum leur avis aux Français, sans doute parce que la réponse n’aurait pas été celle que nos dirigeants souhaitaient.
Que des criminels en série, des assassins d’enfants ou de vieillards, des monstres joignant la barbarie au meurtre, des terroristes ayant perpétré leurs forfaits aveugles dans des lieux où, nécessairement, ils allaient tuer et blesser n’importe qui n’encourent pas la peine qu’ils n’hésitent pas à infliger à des innocents est une injustice. Et un encouragement. Un meurtrier a intérêt à tuer les témoins possibles de son acte. Dans le meilleur des cas, il augmente ses chances d’échapper à la police et à la justice. Dans le cas contraire, plusieurs victimes ne changeront guère son sort.
En outre, si on veut que, demain, notre société trouve encore des défenseurs en la personne des juges et des policiers, il faut aussi penser à les protéger. Et la meilleure protection, c’est la possibilité que leur assassinat puisse mener tout droit au gibet. Car peu d’humains, en Occident, ont de l’attirance pour le martyre.
Un argument fort contre la peine capitale est le risque de l’erreur judiciaire, hélas sans recours. Mais on pourrait modifier nos textes pour que la sentence ne puisse pas être prononcée sur la seule « intime conviction des jurés », notion qui, dans un pays démocratique, est en elle-même et dans tous les cas une étrangeté, convenons-en. Il faut des preuves indiscutables de la culpabilité ; ce qui devient possible grâce aux progrès considérables de la police scientifique.
Les « humanistes » de ce pays ont deux arguments principaux : retirer la vie à un homme, fût-il un assassin, est contraire à nos valeurs et le risque du châtiment suprême n’est pas dissuasif. Déjà discutable en période de paix où les crimes sont rares, ce point de vue est hors du temps quand des groupes ou des individus s’attaquent à n’importe qui dans le but ultime de détruire une société qu’ils haïssent. On ne peut pas se battre contre ces ennemis-là avec une main liée dans le dos.
Infliger la mort est inséparable de l’acte de guerre. On ne s’en prive pas, d’ailleurs, à l’occasion, dans les opérations extérieures. Pourquoi serait-ce indigne chez nous contre des ennemis déclarés de notre patrie, des Français de surcroît bien souvent, donc traitres à la France ? Ça n’a pas de sens.
Quand la peine de mort est hors la loi, seuls les hors-la-loi infligent la peine de mort.
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